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17e s. Ecole du Nord

Le reniement de saint Pierre

COSTERT adam de

Malines, vers 1586 - Anvers, 1643

Le reniement de saint Pierre

Huile sur toile

119 x 161,5 cm.

Saisie révolutionnaire au château de Richelieu, 1793

Inv. 1825-1-38

Notice complète

Bien que né à Malines, de Coster est mentionné en 1607-1608 comme maître de la Guilde de Saint-Luc d’Anvers. Son usage du clair-obscu dans ses premières œuvres et ses personnages éclairés à la chandelle laissent supposer qu’il a été au contact du caravagisme. De Coster découvrit sans doute l’œuvre du peintre italien lors d’un voyage à Rome. Son style possède une certaine affinité avec celui de Georges de La Tour et d’autres caravagesques français. Il est désigné sur un portrait gravé de lui comme pictor noctium, ‘peintre de la nuit’.

Le reniement de saint Pierre

La provenance de Richelieu de ce tableau est affirmée dès l’inventaire du château de 1801. Les visiteurs l’admiraient, en particulier Elie Brackenhoffer (Voyage en France. 1643-1644), l’évoquant avec une autre nocturne au clair de lune.

Le thème appartient à l’héritage caravagesque, Gerrit von Honthorst (1590-1656) et Georges de La Tour (1593-1652) en ont donné des versions célèbres, et Seghers semble s’en être fait une spécialité dans lequel le jeu consiste à inventer un moyen de masquer la source lumineuse. Plusieurs versions, plus ou moins complexes sont conservées. Le style très fleuri se retrouve dans la copie du musée de Bordeaux ou celle de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, variation à quatre personnages comme pour la version de Tours.

L’artiste s’y montre très sobre, disposant en frise, aux trois quarts, les protagonistes. La variante principale est constituée par les relations entretenues par Pierre et ses interlocuteurs. A l’Ermitage comme ailleurs, l’apôtre réagit à l’accusation de la jeune femme, vers qui il est encore tourné. A Richelieu, c’est le soldat qui, en s’avançant pour interpeller saint Pierre, le poussant alors à confirmer son reniement, vient masquer la lumière.

Ce détail rend la composition beaucoup moins conventionnelle. Ce qui ailleurs est un motif familier, devient geste signifiant évoquant peut-être la lumière de la vérité offusquée. Quoi qu’il en soit, l’artifice insiste sur l’instant, le caractère spontané de la scène, donc de la réaction de saint Pierre. C’est le tressaillement di doute qui est ici mis en valeur, la faiblesse humaine.

Certaines parties semblent manquer de vigueur mais pourrait désigner un travail économe, direct, sinon cru, au diapason du sens recherché. Comme le tableau de l’Ermitage, il est tentant d’en faire une production précoce, en Italie, avant 1620. Il se pourrait alors que le cardinal en ait fait l’acquisition dans la péninsule. Il s’inscrit en tout cas dans le goût de cette religion exigeante, directe, émouvante que semble avoir apprécié Richelieu.