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Dessins 14e -17e s

Saint François-de-Paule aux pieds de Sixte IV (vers 1629)

MELLIN Charles

Nancy, vers 1602 - Rome, 1649

Saint François-de-Paule aux pieds de Sixte IV (vers 1629)

Plume et encre brune, lavis d'encre de Chine sur papier vergé blanc

H. 17,2 cm L. 26,4 cm

Acquis en 1968

Inv. 1969-1-1

Notice complète

Formé en Lorraine, Charles Mellin, dès son arrivée en Italie vers 1622, où il demeure toute sa vie, compte parmi les artistes français les plus appréciés de Rome. Peintre de retables et de grands décors religieux ou profanes, il est également l'auteur de nombreux dessins qui constituent souvent les seuls témoignages d'oeuvres disparues.

Le dessin provient de collections prestigieuses, celle de Richardson Junier (1697-1771) puis celle de John Spike (1742-1812) et de ses descendants jusqu'en 1958.

Acheté en 1968 grâce à la générosité de l'Association des amis de la Bibliothèque et du Musée des Beaux-Arts de Tours, ce dessin est venu fort justement compléter le fonds iconographique consacré à saint François de Paule. Depuis son acquisition, l'attribution de ce dessin à Charles Mellin n'a jamais été remise en cause. Publié en 1968 et 1969 par Pierre Rosenberg, l'auteur insiste tout particulièrement sur sa provenance "illustre" et sur l'importance de "ce dessin original [...] qui fournit une base certaine pour reconstituer le style de l'artiste [...] peu avant 1630." En 1982, le dessin est présenté pour la première fois à Rome à l'occasion de l'exposition consacrée aux peintres lorrains. Jacques Thuillier confirme alors la qualité de la feuille, "première pensée pour la lunette de la Trinité-des-Monts" (Rome). C'est en effet aux œuvres de la première décade romaine (1622-1631) qu'appartient ce dessin.

En 1627, le départ de Simon Vouet de Rome va placer Charles Mellin parmi les peintres français les plus recherchés. Désormais, sa réputation s'affirme et l'artiste reçoit ses premières commandes prestigieuses. Parmi elles, il convient de noter celles pour le couvent des Minimes de la Trinité-des-Monts à Rome, auquel l'artiste restera très attaché jusqu'à sa mort.

Pour le cloître, Mellin exécute deux fresques, dont la lunette représentant Saint François de Paule aux pieds de Sixte IV, toujours en place aujourd'hui. Si le sujet de la composition s'inscrit parfaitement dans cet établissement français à Rome, il se rattache également à un événement important de l'histoire de Tours et explique la présence de cette feuille dans les collections du musée.

En février 1482, l'ermite de Calabre, François de Paule, célèbre pour ses miracles, cède aux prières de Louis XI, malade dans son château de Plessis-lès-Tours et entreprend le voyage qui le conduira à Tours un an avant la mort du roi. Accompagné de quelques disciples, de l'escorte d'honneur du roi de Naples et des ambassadeurs du roi de France, il fait étape à Rome et demande au pape Sixte IV trois audiences, au cours desquelles il reçoit d'une part sa mission, d'autre part la confirmation de la règle des minimes qui lui permettra de fonder, sur la terre du Plessis, la première abbaye française des Minimes en 1490.

Si on ne connaît à ce jour qu'un dessin préparatoire pour cette lunette, il ne fait aucun doute que Mellin, suivant son habitude, a exécuté plusieurs études avant l'esquisse et la fresque. Le dessin de Tours, avec au verso une étude à la pierre noire pour la figure du pape, n'est qu'une première étape, révélant à cette date un artiste sensible au modèle vénitien qui impose une diagonale ample et un décor en perspective vers l'extérieur. Des détails que Mellin va ensuite modifier. Ainsi, pour renouer avec une composition plus équilibrée et structurée, les figures élégantes des gentilhommes qui entourent l'ermite seront relevées et soigneusement réparties dans l'espace, et l'arrière-plan sera abandonné au profit d'une architecture intérieure.

L'écriture du dessin réunit toutes les singularités du style et de la technique de Mellin. Le trait de plume souple et rapide, parfois discontinu, cerne irrégulièrement les figures, négligeant ou omettant parfois mains, pieds et visages ; quant au lavis, toujours très fluide, il souligne librement les zones d'ombres.