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18e siècle

Apollon couronnant les arts

BOUCHER François

Paris, 1703 - Paris, 1770

Apollon couronnant les arts

Huile sur toile

64, 5 x 82 cm.

Legs Anatole de Montaiglon (avant 1890) entré au musée en 1895

Inv. : 1895-1-1

Notice complète

Cette esquisse a été léguée au musée de Tours par Anatole de Montaiglon (1825-1895), éminent historien de l’art, professeur à l’Ecole des Chartes et ami de Félix Laurent, conservateur du musée, avec qui il rédige deux des catalogues sommaires de ce musée publiés en 1881 et 1891.

Paul Vitry (conservateur au musée du Louvre) indique en 1911 que cette œuvre de François Boucher est une esquisse pour l’un des plafonds du château de Bellevue. Cependant comme le souligne Boris Lossky, conservateur au musée de Tours, en 1962, les anciennes descriptions de cette demeure, offerte en 1749 par Louis XV à Madame de Pompadour, ne le confirment pas. Boucher a participé au décor de Bellevue, mais il n’est a priori pas intervenu sur les plafonds. L’organisation spatiale de cette esquisse, largement éclairée au centre par une ouverture sur le ciel formant une sorte de puits de lumière, s’apparente il est vrai à ce type de composition, mais la position des figures ne peut appartenir à ce genre de décor. Paul Mantz, critique d'art, a suggéré dès le XIXe s. que cette œuvre était un « projet de rideau pour un théâtre consacré à la musique et à la danse ». Manifestement séduit par cette esquisse, Mantz en fait une longue description : « C’est une peinture légère, une sorte de rêve, où dominent des tons clairs, des tons d’argent. Le pinceau a couru sur la toile comme un souffle ou comme une caresse […..] Apollon, assis dans les nuages, tient d’une main la lyre et de l’autre des couronnes. Une Muse est auprès de lui : de petits Amours d’un rose pâle voltigent dans un ciel gris bleu et au fond Pégase ouvre ses grandes ailes. A droite et à gauche, d’autres Amours battent le fer sur l’enclume de Vulcain et des Rivières nues s’accoudent sur leurs urnes comme dans les Diverses fontaines. […] les Grâces joignent leurs mains et exécutent un pas réglé par Noverre […]. ».

Boucher travailla à de nombreuses reprises pour le théâtre, et notamment très régulièrement et officiellement pour l’Opéra, en particulier de 1737 à 1739 puis de 1744 à 1748 réalisant en particulier les décors pour le Persée puis pour l’Atys de Quinault et Lully. Boucher fut directeur artistique de l’Opéra entre 1761 et 1766,il dirigeait alors le « service des costumes et des décors ». Actif à l’opéra du Palais-Royal au moment de l’incendie du 6 avril 1763 qui détruisit la salle ainsi qu’une grande partie des bâtiments, on peut penser que Boucher a réalisé cette esquisse en projetant de refaire le rideau de scène, reprenant l’iconographie de celui qui était en place avant le sinistre.

Avant la réouverture de la salle du Palais-Royal en 1770, l’Opéra s’installa dans la salle des Tuileries, François Boucher fut nommé décorateur de ce lieu provisoire, cette esquisse peut donc également avoir été réalisée pour cette salle. La touche légère et vibrante, rythmée par un pinceau très fin, offre à l’œuvre un gracieux mouvement tout à fait en accord avec la destination finale de cette esquisse. Cette technique agile est proche de nombreuse œuvres réalisées par Boucher dans les années 1760.

Un examen de l’œuvre, effectué au Laboratoire de la direction des musées de France en juillet 1969, a permis de révéler sous la couche picturale dans la partie supérieure droite du tableau, l’esquisse d’une composition présentant des éléments d’architecture.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008