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18e siècle

Apollon caressant Leucothoé

BOIZOT Antoine

Paris, vers 1702-1782

Apollon caressant Leucothoé

Huile sur toile

167 x 200 cm.

Dépôt de l'Etat, 1803, transfert de propriété à la Ville de Tours, 2010

1803-1-3

Notice complète

Elève de François Lemoyne, Antoine Boizot obtient le premier Grand Prix en 1730 avec Giezi serviteur d’Elisée, qui lui permet d’être pensionnaire de l’Académie de France à Rome de 1731 à 1735. Reçu deux ans plus tard, comme peintre d’histoire à l’Académie royale de peinture et de sculpture sur présentation d’Apollon et Leucothoé, Boizot expose après sa réception très régulièrement aux Salons jusqu’en 1771, mais le nombre d’œuvres qui lui est attribué aujourd’hui est infime. Une partie de la carrière de l’artiste se déroulera aux Gobelins, où il occupera les fonctions de peintre et dessinateur en titre, il sera notamment le premier titulaire du poste de « dessinateur aux traits ». On peut imaginer qu’il fut aidé pour obtenir cette place, par son beau-père Jean-Baptiste Oudry, directeur de la manufacture de Beauvais et inspecteur des Gobelins.

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Le 28 avril 1736, Antoine Boizot est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture, les Procès-Verbaux indiquent « la Compagnie ayant vu les ouvrages qu’il a fait apporter…il a été agréé, et il ira chez Monsieur Coustou, Directeur, qui lui donnera le sujet de son tableau de réception ». Emprunté aux Métamorphoses d’Ovide (Livre IV, 165-280), le sujet illustre les amours de Leucothoé, fille d’Orchame, roi de Babylone, qui se laissa séduire par Apollon. Clytie sœur de Leucothoé, la dénonça par jalousie à leur père, qui pour la punir la fit enterrer vivante, mais Apollon, par fidélité à leur amour la changea en arbre porteur d’encens. Le vingt-cinq mai 1737, Boizot est reçu peintre d’histoire à l’Académie sur présentation de ce tableau.

C’est la période heureuse des amours que Boizot nous dépeint sur cette oeuvre. Le couple tendrement enlacé ignore encore tout du drame qui va se dérouler prochainement. Les origines royales de Leucothoé sont rappelées par la couronne et le sceptre posés à terre, dans l’angle opposé à l’Amour témoin des sentiments qui unissent le jeune dieu et la princesse. L’artiste fidèle aux leçons reçues au sein de l’Académie prouve dans cette œuvre sa parfaite connaissance des textes classiques et de l’anatomie. L’œuvre révèle des qualités de coloriste indéniable et un certain talent à représenter la superposition des tissus vaporeux dans une pâte généreuse et souple. L’artiste montre dans ce tableau l’influence d’artistes comme Carle van Loo, Boucher mais en premier lieu celle de Natoire dont certaines œuvres, en particulier le Vénus et Adonis présentent des analogies étroites avec le morceau de réception de Boizot. Ce tableau est aussi un écho manifeste des leçons de Lemoyne, un petit commentaire publié un an après la mort de Boizot, confirme que durant toute sa carrière l’artiste restera proche de l’art de son maître « Cet artiste né et mort à Paris était élève de Lemoyne.. il avait pris la manière de son maître au point que plusieurs tableaux de chevalet pourront être attribués à ce dernier. Sa composition, sa couleur et sa touche en sont une parfaite imitation ». Enfin, bien que son séjour à Venise ne soit pas documenté il est probable que Boizot soit passé dans cette ville à son retour en France. La palette aux couleurs tendres de bleus et de roses semble le confirmer.

Des analogies intéressantes sont à souligner entre la figure d’Apollon et celle de Titon représenté sur un dessin d’Antoine Boizot conservé au musée des Beaux-Arts de Poitiers, L’Aurore invoquant l’Amour pour obtenir le rajeunissement de Titon.

Ce tableau sera inscrit, l’an XI sur la liste des peintures attribuées au musée de Tours. Huit morceaux de réception feront partie de cet envoi de 1803, en particulier celui de Jacques Dumont le Romain, de Hyacinthe Collin de Vermont, de Jean-Marc Nattier. Ce premier envoi sera enrichi quelques années plus tard, puis ensuite vers 1950 par une politique d’échange de dépôts particulièrement cohérente engagée par Boris Lossky. Cet ensemble de tableaux, conservé aujourd’hui au musée de Tours, permet d’avoir une vision claire de la production artistique officielle au XVIIIe siècle.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008