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18e siècle

Paysage, pêcheurs au bord d’une rivière

CREPIN Louis-Philippe

Paris, 1772 - Paris, 1851

Paysage, pêcheurs au bord d’une rivière

Huile sur toile

65 x 92 cm

Acquis par rente viagère à Charles Schmidt, avril 1874

Inv. :1874-5-14

Notice complète

Formé à Paris dans l’atelier de Joseph Vernet puis d’Hubert Robert et enfin dans celui de Jean-Baptiste Regnault, ce paysagiste est considéré au XIXe siècle comme le plus fidèle continuateur de l’œuvre de Vernet. Il poursuit en quelque sorte la production de son premier professeur en réalisant de nombreuses vues des ports de France mais est également le peintre des grandes batailles navales de la Révolution, de l’Empire et de la Restauration, comme en témoigne une large part de sa production : Le combat de la Bayonnaise contre la frégate anglaise l’Embuscade, 1799 (Paris, musée national de la Marine), Combat naval devant Boulogne dans la nuit du 15 au 16 août 1801 (Versailles, musée national du château et de Trianon)... Louis-Philippe Crépin mettra à profit ses quatre années passées dans la Marine entre 1794 et 1798 comme gabier et timonier pour rendre avec précision les détails caractéristiques des navires. Nommé peintre officiel de la Marine il obtient un atelier au Ministère de la Marine. Dans une lettre datée du 14 janvier 1832 et dans laquelle il sollicite la Légion d’honneur il rappelle en quelques lignes sa carrière : « Peintre artiste de la marine par décision ministérielle. Depuis 1793, j’ai constamment servi ou travaillé pour la marine : à bord de vaisseaux de guerre comme marin à la manœuvre et la timonerie alternant le service à la mer … ». L’artiste participe de façon régulière au Salon de 1796 à 1835, il y présente presque exclusivement des vues de ports et des scènes de batailles navales.

Ses nombreuses marines risquent d’occulter un autre pan de sa production. En effet, sensible aux effets des variations atmosphériques sur la nature. Crépin est aussi un paysagiste délicat particulièrement romanesque dans ses études nocturnes.

Paysage, pêcheurs au bord d’une rivière

L’attribution de ce paysage à Louis-Philippe Crépin qui remonte à l’acte d’acquisition de l’œuvre en 1874, a toutes les raisons d’être confirmée. En effet, au début de sa carrière, Crépin a réalisé de nombreux paysages proches de celui-ci dans lesquels il évoque l’aspect pittoresque de la nature. La présence de l’eau est prédominante dans ses paysages, de manière tellement systématique que l’on a le sentiment que l’artiste construit sa composition autour de cet élément essentiel. L’eau apparaît dans ses tableaux sous ses formes les plus diverses, rivières, torrents, cascades… Le titre de la majorité de ses œuvres renvoie presque systématiquement à cette présence: La cascade (Paris, musée du Louvre), Paysage près d’un torrent (vente Monaco, Sotheby’s, 1993), Paysage à la rivière (vente Paris, Drouot, 1994), Les cascatelles de Tivoli (Bagnères de Bigorre, musée)… Le tableau de Tours appartient à cette production réalisée par l’artiste essentiellement dans les dernières années du XVIIIe siècle. Plusieurs œuvres de cette période peuvent être rapprochés de cette composition : Paysage de rivière à la lavandière et au pêcheur (collection particulière) ; Les baigneuses (Fontainebleau, musée national du château)… Les rochers moussus, les arbres au tronc noueux, la petite ruine au sommet de la colline, les effets de reflets dans l’eau, les modulations de la lumière sur le paysage et enfin les personnages qui animent discrètement cette scène, en particulier le pêcheur à l’arrière plan tirant son filet de l’eau, appartiennent à cette veine naturaliste des dernières années du siècle. Crépin, dans ces tableaux, s’inscrit dans la tradition des paysagistes flamands et hollandais du Siècle d’or et montre une certaine affinité d’appréhension de la nature et une sensibilité proche de celle de Lantara ou encore de Lazare Bruandet.

Dans ce paysage les leçons retenues d’Hubert Robert sont perceptibles dans la manière de travailler la touche par de délicats empâtements notamment sur les costumes des personnages. L’attitude légèrement dansante de l’homme vu de dos est en particulier très proche de certains petits personnages du maître incontesté des paysages composés.

Un second tableau de Louis-Philippe Crépin est conservé dans les collections du musée de Tours, Un port italien peint au XIXe siècle.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008