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18e siècle

Portrait de Jean-Louis Chalmel, 1796 (Tours, 1756 - Tours, 1829)

DURRANS Louis-Jacques

Tours, 1754 - Tours, 1847

Portrait de Jean-Louis Chalmel, 1796 (Tours, 1756 - Tours, 1829)

Huile sur toile

72 x 59 cm

Don de Me Fontaine, 1881

Inv.: 1881-2-1

Notice complète

Fils de Louis Durrans, dessinateur, Louis-François après une première formation à Tours étudie la peinture à Paris, la tradition voulant qu’il ait fréquenté l’atelier de Vien. Il entreprend ensuite un voyage en Italie, l’insuffisance de ses ressources l’oblige cependant à s’arrêter à Marseille où il séjourne quelques temps. De retour dans sa ville natale, il se consacre alors au portrait, représentant les personnalités tourangelles contemporaines, Portrait d’Antoine Rougeot, premier conservateur du musée, et fondateur de l’école académique de dessin (Tours, collection particulière) ; Portrait de René-Joachim Dutrochet, membre de l’académie des Sciences (Tours, collection particulière) ; Portrait d’Athanase Veau-Delaunay, député de la Convention (Tours, collection particulière)…. Le musée de Tours conserve deux portraits de cet artiste, Le Portrait de Jean-Louis Chalmel et celui de Pierre Bertin, maître de chapelle à la psalette de Tours, peint à l’époque du Concordat. Louis-François Durrans fait preuve dans son œuvre d’un esprit réaliste dénué d’effets, l’artiste semblant s’effacer devant le modèle. Professeur de dessin et de peinture à Tours, il obtiendra une chaire à l’école centrale nouvellement créée. Personnalité artistique reconnue, proche notamment d’Antoine Rougeot, il sera, pendant la période révolutionnaire, l’un des commissaires nommés pour la sélection des saisies. A partir de 1821, il appartient à la Société d’Agriculture, sciences arts et belles lettres d’Indre-et-Loire pour laquelle il exécute une série de portraits de personnalités historiques de Touraine, Descartes, Rabelais, Racan… (Société archéologique de Touraine), neuf portraits figuraient dans la salle des séances de cette société en 1837. Le 25 juin 1833 la ville de Tours a acquis un ensemble de douze tableaux provenant de la collection de Louis-François Durrans contre une rente viagère. Parmi ces œuvres, qui sont entrées dans les collections du musée après le décès de l’artiste, se trouvent plusieurs tableaux italiens et flamands du XVIIe siècle, en particulier une Marine de van Goyen mais également l’esquisse de Bachelier, Ours attaqué par des chiens. Dans les dernières années de sa vie Durrans sera nommé bibliothécaire adjoint puis conservateur adjoint honoraire de la bibliothèque municipale de Tours

Portrait de Jean-Louis Chalmel, 1796

Après des études au collège royal de Chinon, Jean-Louis Chalmel suit un cursus de droit à Paris. Avocat du roi, il quitte rapidement la magistrature, pour se consacrer à d’autres fonctions. Nommé en 1789 secrétaire de l’Intendance aux Antilles, il revient à Tours en raison des troubles, il y est élu secrétaire du Conseil général d’Indre-et-Loire. Il joue un rôle important pendant la période révolutionnaire à Tours comme à Paris, nommé commissaire du directoire exécutif auprès de la municipalité de Tours, puis administrateur du département. En 1798 Chalmel est élu membre du Conseil des Cinq-Cents. Sous-préfet de Loches puis député d’Indre-et-Loire, sa carrière politique s’achève lors de la seconde Restauration.

Cet homme érudit occupera les fonctions de conservateur de la bibliothèque de Tours dans les premières années du dix-neuvième siècle. Chalmel laissera une œuvre littéraire et historique abondante. On lui doit quelques essais littéraires, le livret d’un opéra comique, Le Rosier (1776), une pièce, Les jeux de l’amour (1777), ainsi que plus d’une centaine de fables. Traducteur d’auteurs anciens, il traduit en vers français des poésies et fragments de Sapho (1800) et transcrit en français des fragments des satires de Juvénal, un fragment de Claudien, des odes d’Horace, des fragments de Métastase et de Pétrarque. La Touraine retiendra de lui en priorité ses études historiques d’un premier intérêt pour la connaissance de la région : Histoire et antiquités de l’église de Saint-Martin de Tours depuis sa fondation au commencement du Ve siècle jusqu’à sa destruction en 1797 (1807) ; Tablettes chronologiques de l’histoire civile et ecclésiastique de Touraine… (1818) ; son œuvre la plus magistrale étant l’Histoire de Touraine depuis la conquête des Gaules par les Romains jusqu’à l’année 1790, suivie du Dictionnaire biographique de tous les hommes célèbres nés dans cette province, publiée en quatre volumes en 1828.

Jean-Louis Chalmel fait partie, avec notamment le père de Balzac, des fondateurs de la loge maçonnique de Tours, à ce titre il sera victime de nombreux détracteurs qui l’obligent à quitter ses fonctions de conservateur de la bibliothèque municipale et limitent vraisemblablement ses ambitions politiques. Ses options idéologiques expliquent sans doute qu’il y eut autour de ses écrits une sévère polémique. On lui reprocha en effet de s’être servi, pour rédiger ses ouvrages, de manuscrits inédits conservés à la bibliothèque de Tours, en particulier ceux écrits par un certain Pierre Carreau, historien tourangeau au début du XVIIIe siècle.

La provenance de ce portrait dans les collections du musée pose encore plusieurs questions non élucidées. Le guide du musée publié en 1881 donne pourtant des indications précises sur l’entrée de ce tableau. L’œuvre aurait été vendue par la fille de Jean-Louis Chalmel, puis en avril 1881, maître Fontaine, commissaire-priseur à Tours, en fait don au musée. Mais la même année un portrait de Chalmel par Louis-François Durrans figure à L’Exposition Rétrospective des Beaux-Arts de Tours, le catalogue indiquant que cette œuvre appartient à Madame Verdelet de Tours, s’agit-il du même portrait ? Enfin, Giraudet signale dans un article qu’il consacre aux artistes tourangeaux en 1885 un portrait de Chalmel peint par Durrans en 1797, dans les collections de la société archéologique, (non localisé actuellement ).

Le portrait de Jean-Louis Chalmel conservé au musée de Tours est considéré comme l’une des plus belles réussites de Louis-François Durrans. L’artiste y fait preuve d’un naturalisme sans froideur et d’une belle sobriété. Malgré quelques maladresses, notamment dans la représentation des mains, rendues lourdes et disgracieuses, l’œuvre est séduisante. Durrans révèle dans ce portrait une belle maîtrise de la couleur dominée par des gris argentés. Le visage est représenté d’un modelé doux mais bien assuré, et offre ainsi un témoignage vivace de cet homme qui a joué un rôle de premier ordre à Tours sur la scène publique et intellectuelle.

Ce portrait a été gravé par A. Bourgerie pour illustrer les Tableaux Chronologiques de l’Histoire de Touraine, publié en 1841.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008