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18e siècle

Le Berger indiscret, ou La Bergère endormie

LANCRET Nicolas

Paris, 1690 - Paris, 1743

Le Berger indiscret, ou La Bergère endormie

Huile sur toile

84 x 95 cm.

Dépôt de la Direction des musées de France, par arrêté en date du 12 octobre 1955 (inv. RF 5604) ; entré dans les collections du musée de Tours en juillet 1957

Notice complète

Ce tableau et le précédent, La Bergère couronnée, font partie d’un ensemble réalisé par Nicolas Lancret en 1743 pour servir de dessus-de-porte dans l’appartement de la duchesse de Châteauroux au château de Versailles. En février 1743, Nicolas Lancret reçoit une commande des bâtiments du roi de trois pastorales : « pour la chambre et le cabinet de Made de La Tournelle [future duchesse de Châteauroux] au château de Versailles ». Cependant le mémoire arrêté le 16 août 1743 mentionne précisément que l’artiste a peint pour cette commande cinq tableaux: « … pendant l’année 1743 fait cinq tableaux contournés, tous de 3 pieds sur 2 pieds 8 pouces [ 97, 2 x 86,4 cm] représentant différents sujets galants et champêtres ; chacun des dits 5 tableaux composés de quatre figures, architectures, animaux et paysages, à raison de 600 livres chacun…Arresté à 350 livres chacun, soit 1.750 livres pour le tout , 16 août 1743 » (2). Deux dessus-de-porte ornaient le grand cabinet, deux autres la chambre à coucher et le cinquième le cabinet intérieur. Cette commande importante sera la dernière que l’artiste pourra honorer puisqu’il décède un mois plus tard.

En août 1744, la duchesse de Châteauroux disgraciée quitte Versailles, un an plus tard une nouvelle favorite, la future marquise de Pompadour, arrive à la Cour, elle occupe jusqu’en mai 1751 les anciens appartements de la duchesse. Le duc de Luynes écrit le 19 juin 1745 : "On travaille toujours ici à l’appartement de Mme de Châteauroux pour Mme d’Etioles [future marquise de Pompadour] l’on change presque entièrement cet appartement", en septembre de la même année il évoque encore cet appartement "où l’on a fait quelque changement , mais on a laissé le meuble". Neuf ans plus tard, cette série de dessus-de-porte est inventoriée dans les magasins de la Surintendance des bâtiments du roi : 4 tableaux de même forme, représentant différents sujets galands…peints par Lancret. Un cinquième tableau du même auteur représentant un berger qui enseigne à jouer de la flûte à une bergère. Outre les deux œuvres conservées au musée de Tours, un troisième tableau de cette série est conservé à Rome, à l’Ambassade de France près le Saint-Siège, Le maître galant ou La leçon de flûte et l’on associe traditionnellement à cet ensemble deux tableaux conservés au musée du Louvre La leçon de musique et L’Innocence, mais en soulignantque la forme chantournée est différente des trois premiers, et que la composition ne correspond pas tout à fait à la description notée dans les mémoires concernant cette commande.

Ces peintures ont ensuite été envoyés au château de Vincennes, où elles se trouvaient sous Louis-Philippe encastrées dans un haut plafond des appartements du duc de Montpensier. C’est sur les instances de Villot …qui se plaignaient à Nieuwerkerke de cet état de choses que les peintures ont été transférées à Compiègne.

Contrairement à ce que suggérait Boris Lossky en 1962 le sujet de ce tableau et celui de l’œuvre suivante n’est pas emprunté aux Contes de La Fontaine.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008