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19e siècle

Les vieilles de la place Navonne, à Santa Maria della Pace (1867)

ROBERT-FLEURY Tony

Paris, 1837 - Viroflay, 1911

Les vieilles de la place Navonne, à Santa Maria della Pace (1867)

Huile sur toile

H. 72 cm. ; L. 102 cm.

Dépôt de l'Etat, 1913

Inv. D1913-1-1

Notice complète

Robert-Fleury est issu du sérail artistique, son père Joseph Nicolas Robert-Fleury (1797-1890), dont la peinture est très appréciée sous la monarchie de Juillet, est membre de l’Institut en 1850 et directeur de la villa Médicis à rome à partir de 1865. Tony suit un brillant parcours après avoir été l’élève de Paul Delaroche (1797 – 1856) et de Léon Coignet (1794 – 1880) à l’École des Beaux-Arts où il est inscrit en 1857. Malgré ses échecs successifs au grand prix de Rome de 1858 à 1862, il voyage en Italie et débute au Salon de 1864. L’achat de l’État dont il bénéficie dès cette première exposition (Une jeune fille romaine, pour le musée de Bayonne) et le franc succès au Salon de 1866 avec Varsovie, scène de l’insurrection polonaise, grande composition historique, ouvre la voie à une carrière soutenue par les pouvoirs publics. Il remporte. Ceux-ci encouragent son activité par de nombreuses acquisitions et des commandes de décorations pour l’hôtel de ville de Paris (L’Architecture, 1889, pour le salon des Arts), pour les hôpitaux de l’Hôtel-Dieu et de la Salpêtrière, pour le Palais du Luxembourg. Il obtient également plusieurs médailles (1866, 1867, 1870) et parvient en 1907 au grade de commandeur de la Légion d’Honneur (il est fait Chevalier en 1884).

Membre du jury de l’Exposition universelle de 1900, il est professeur aux Beaux-Arts de Paris à partir de 1905. Il a eu un très grand nombre d’élèves, au nombre desquels figurent Roger de La Fresnaye, Paul-Élie Ranson, Ker-Xavier Roussel, Édouard Vuillard. Il est aussi professeur à l’académie Julian, institution privée accueillant parmi ses élèves des femmes artistes, que l’École des Beaux-Arts refuse jusqu’en 1897.

Les vieilles de la place Navone, à Santa Maria della Pace, 1867

De Rome où il se trouve en 1866, séjournant à la villa Médicis que dirige son père, Robert-Fleury sollicite du ministère de la Maison de l’Empereur la commande d’un ouvrage. Celle-ci ne lui étant pas accordée, c’est son tableau Les vieilles de la place Navonne présenté au Salon de l’année suivante qui est acquis par l’administration des Beaux-Arts en compensation.

Cette œuvre appartient au genre fort développé des scènes de piété populaire se déroulant à l’intérieur d’églises, mis à la mode par la génération des peintres qui voyagent en Italie autour de 1830 et dans la droite ligne de la tradition des « Intérieur d’église » de la peinture hollandaise du 17e siècle. Les peintres du Second Empire, en particulier, vont s’attacher à une évocation plus naturaliste encouragée par le régime impérial soucieux de contrer la radicalité des thèmes paysans de Gustave Courbet (1819 – 1877) et de Jean-François Millet (1814 – 1875). Certains artistes adaptent le thème, sur le mode misérabiliste, à la sensibilité locale.

L'église est construite sur les fondations de Saint-André-des-Porteurs-d'Eau. Elle est dédiée à la Vierge Marie à la suite du miraculeux saignement d'une icône de la Vierge en 1480. C'est le pape Sixte IV qui en commande la construction en 1482. Au 16e siècle Raphaël y exécutera la fresque de Sybilles et des Prophètes. En 1656, Alexandre VII fait restaurer l'église par Pierre de Cortonne (1596 – 1669) : celui-ci ajoute la célèbre façade, convexe – concave, œuvre majeure du baroque à Rome.

Ici, la description des types sociaux renforce le pouvoir d’évocation du cadre architectural, identifiable aux statues saints Pierre et Paul de Vincenzo de Rossi (1525 – 1587) qui marquent le soubassement de la chapelle Cesi. Le tableau de la sainte en prière, frappée d’une divine lumière, qui émerge de la pénombre du fond de la chapelle répond à la figure centrale du groupe des vieilles femmes. Le goût de l’artiste ^pour le pittoresque populaire atteste le succès d’un répertoire qu’Edgar Degas (1834 – 1917), dix ans auparavant, avait abordé avec sa Mendiante romaine (Birmingham Museum and Art Gallery), traitée dans une gamme identique de tons alliant les bruns et les bleu-gris. Ici, à la différence de Degas qui isole son personnage, Robert-Fleury ne cherche pas la force dramatique de la Mendiante romaine, et donne à voir une scène de religiosité populaire quotidienne.