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19e siècle

Vue d'un ermitage dans une ancienne excavation étrusque près de Viterbe

BERTIN François-Edouard

Paris, 1797 - Paris, 1871

Vue d'un ermitage dans une ancienne excavation étrusque près de Viterbe

Huile sur toile

H. 125 cm. L. 172 cm.

Dépôt de l'Etat, 1898, transfert de propriété de l'Etat à la Ville de Tours, 2010

Inv. 1947-43-10

Notice complète

Fils de Bertin l’aîné, fondateur du Journal des débats, dont Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) a laissé en 1832 un portrait célèbre (Paris, musée du Louvre), Edouard Bertin appartient à une famille très versée dans la littérature et les arts. Chateaubriand, Hugo, Delacroix fréquente le salon de son père. Il entre à l’Ecole des Beaux-Arts où il est l’élève d’Anne-Louis Girodet (1767-1824) puis de Jean-Joseph-Xavier Bidault (1758-1846), suit également l’enseignement de Louis-Etienne Watelet (1780-1866) et se présente au premier essai de paysage historique pour le prix de Rome en 1821. Bien que non lauréat, il part la même année pour l’Italie où il reste deux ans, y séjournant par la suite très fréquemment. Rentré en France, il se lie avec Camille Corot (1796-1875) et s’inscrit dans l’atelier d’Ingres pour y perfectionner sa technique. Il débute au Salon de 1827 où il obtient une médaille de troisième classe avec Paysage historique ; le Cimbué [sic] trouve dans les montagnes des environs de Florence le jeune Giotto qui, à peine âge de douze ans, s’amusait à dessiner sur des pierres les chèvres confiées à sa garde, œuvre annonciatrice de sa production, tournée désormais vers le paysage composé. Grand voyageur, il se rend en Europe du Nord, en suisse, en Espagne, en Orient, et retourne à Florence e, 1830, après avoir été nommé inspecteur des Beaux-Arts.

Son intérêt n’est cependant pas exclusivement sollicité par l’Italie et, après avoir découvert la forêt de Fontainebleau, il en fait le sujet de son envoi au Salon de 1831. Ses participations à cette manifestation sont toutefois irrégulières en raison de ses nombreux séjours en Grèce, en Asie Mineure, en Turquie (Vues du Bosphore, 1845), au Liban et en Egypte, d’où il rapporte des vues du Caire et son sujet du Salon de 1855, vues d’anciens tombeaux creusés dans le roc sur les bords du Nil, Haute-Egypte. Il se rend également dans le désert du Sinaï et à Jérusalem. Il revient de ses périples avec des milliers de dessins, conservés au musée du Louvre, de Chartres, d’Orléans et de Beauvais ; les plus aboutis sont lithographiés pour l’album Souvenirs de voyages qu’il publie en 1852-1853.

Ala mort de son frère aîné Antoine, il reprend la direction du Journal des débats, événement qui met un terme à sa carrière officielle. S’il ne participe plus au Salon après 1853, il conserve cependant son activité de peintre et reste en contact étroit avec les milieux artistiques et littéraires.

Vue d’un ermitage dans une ancienne excavation étrusque près de Viterbe.

C’est l’historienne de l’art Geneviève Lacambre qui, à l’occasion de l’exposition consacrée à l’histoire du musée du Luxembourg en 1974, a reconstitué les tribulations rocambolesques de cette peinture. Elles illustrent avec éloquence le sort réservé aux œuvres achetées par l’Etat aux artistes vivants, constamment menacées par la poussée de la production contemporaine. Acheté par l’Etat au Salon de 1837, l’œuvre est signalée au musée du Luxembourg en 1839. En 1845, elle est envoyée aux Tuileries puis transférée au Louvre en janvier 1852. Dès mars de la même année la toile est transportée au Conseil d’État rue de Varenne. Elle s’y repose jusqu’en 1865, date a laquelle elle réintègre le musée du Luxembourg, d’où elle ressort en 1872, puis en 1877 à l’occasion d’expositions, pour y revenir en 1879 et repartir aussitôt au Louvre. Deux ans plus tard elle prend la direction de l’Élysée, pour finir au dépôt de l’État en 1897. Enfin, en 1898, l’œuvre part couler de douces heures au musée des Beaux-Arts de Tours.

L’examen des dessins et carnets laissés par Bertin révèle une méthode de travail reposant sur la pratique continuel du dessin, destinée à constituer une importante réserve de motifs, bas de l’élaboration de paysages composés dans la tradition classique à partir d’éléments réels, sélectionnés en fonction de leur intérêt pictural.

Malgré la présence de trois vues prises aux environs de Viterbe dans l’abondant fonds Bertin du musée de Chartres, aucune étude n’a pu être rapprochée du tableau du musée de Tours. Celui-ci cependant présente une composition caractéristique de l’art de Bertin, dont la production manifeste avec une belle constance sa prédilection pour les éléments rocheux, propres à faire naître un sentiment de noble grandeur par l’austérité qui s’en dégage. Leur forme géométrique structure une mise en page rigoureuse, servie par une exécution un peu sèche. A l’aide d’une palette sourde, l’artiste exprime la solennité du site, renforcée par la présence des pèlerins.