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19e siècle

Cavaliers arabes devant la boutique d'un maréchal-ferrant

CHASSERIAU Théodore

Sainte-Barbe-de-Samana, 1819 - Paris, 1856

Cavaliers arabes devant la boutique d'un maréchal-ferrant

Huile sur toile

H. 89,5 cm ; l. 74,5 cm

Dépôt du musée du Louvre, 1937

Inv. D 1937-1-1

Notice complète

Né en République Dominicaine, Chassériau arrive en France avec sa famille en 1822. Montrant des dons extrêmement précoces, il entre, à la fin de 1830 ou au début de 1831, dans l’atelier d’Ingres, dont l’influence transparaît dans les premiers portraits qu’il envoie au Salon de 1836. Un voyage en Belgique effectué en 1837 lui révèle la peinture flamande, qui laisse cependant peu de traces dans son œuvre, contrairement à l’art italien, découvert lors du séjour de sept mois qu’il fait auprès d’Ingres à Rome à partir de juillet 1840. Il puise dans le maniérisme italien un vocabulaire formel qui le rapproche du modèle ingresque... Dès son retour, il expose au Salon de 1841 des œuvres remarquées par la critique comme le R. P. Dominique Lacordaire et Andromède attachée au rocher par les Néréides, toutes deux conservées au musée du Louvre, et reçoit par la suite d’importantes commandes de décorations officielles (1842, Paris, église Saint-Merri, chapelle de Sainte Marie l’Égyptienne ; 1844, escalier d’honneur de la Cour des comptes)

C’est vraisemblablement à la demande du Khalife de Constantine, en voyage à Paris, que Chassériau exécute son portrait (Château de Versailles) en 1845, œuvre déterminante pour la carrière de l’artiste en raison de l’orientation qu’elle ouvre à son auteur. L’année suivante en effet, répondant à une invitation de son modèle, Chassériau se rend en Algérie où il demeure de mai à juillet, accumulant une très grande quantité de dessins qui constituent une inépuisable source d’inspiration. L’orientalisme cependant n’est pas son unique voie. Outre les sujets littéraires, tirés de Schiller ou de Shakespeare, et les thèmes religieux qu’il réalise dans un style frémissant pour diverses églises parisiennes (Saint-Roch, Saint-Philippe-du-Roule…) il laisse quelques-uns des plus beaux portraits de son époque, comme celui de Marie-Thérèse de Cabarrus (1848) conservé au musée des Beaux-Arts de Quimper.

Cavaliers arabes devant la boutique d'un maréchal-ferrant

Découvrant l’Algérie en mai 1846, à l’instar de ceux qui l’ont précédé en Afrique du Nord ou le suivrons sur les sentiers de l’Orient, Chassériau ressent le mystère et l’inconnu d’un monde nouveau. De 1846 à sa mort, l’artiste produit de nombreuses œuvres inspirées par son séjour. La pratique du dessin, dont Ingres avait fait la base de son enseignement et de son art, s’accompagne d’une expression plus libre. Le nombre et la qualité des esquisses peintes augmentent sensiblement, ouvrant souvent des voies à des tableaux qui ne seront pas exécutés. C’est à cette période qu’appartient l’esquisse du musée de Tours.

Le peintre y révèle une fois encore sa prédilection pour le thème équestre, formulée dans des textes et dans de nombreuses œuvres. Les chasses ou razzia dont il est le témoin, le spectacle des cavaliers arabes majestueusement drapés lui inspirent des séries d’œuvres comme Deux cavaliers arabes arrêtés à une fontaine de Constantine romaine (1851, Lyon, musée des Beaux-Arts), d’une conception proche du tableau de Tours, bien qu’inversé par rapport à ce dernier.

Seul le personnage au centre de la composition est traité de manière plus achevée, les taches bleue, jaune, rouge de son costume et de sa selle répondant comme en écho aux larges empâtements blancs, souples et nerveux qui ponctuent la sobre harmonie des tons gris, bleus et beiges. Il se dégage de la scène, composée avec simplicité, une impression de grandeur mélancolique, accentuée par le point de vue de bas en haut. Le personnage du second plan, présenté de face, compense par son caractère statique le mouvement de torsion esquissé par son compagnon, équilibrant ainsi l'ensemble.

© MBA Tours, cliché Gérard Dufresne