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Sculpt 8e - 16e s.

Vierge de pitié, dite de Villeloin

Anonyme, Touraine

15e siècle

Vierge de pitié, dite de Villeloin

Tuffeau, traces de polychromie

H. 78 cm. ; L. 103 cm. ; P. 44 cm.

Achat, Paris, 2006

Inv. 2006-1-1

Notice complète

Acquis avec l'aide du FRAM-Centre, 2006

Cette Vierge de pitié se trouvait encore au XIXe siècle, dans l'ancien chœur de l'église paroissiale Saint-Michel de Villeloin (Indre-et-Loire), devenue chapelle du cimetière. En 1907, la chapelle fut vendue par la municipalité et transformée en habitation privée. Elle abritait alors un ensemble de sculptures dont un Saint Michel, qui était depuis peu, classé monument historique (12 mars 1907) et la Vierge de pitié, qui bénéficia de la même mesure en octobre 1913. La propriété des sculptures, débattue jusqu'en 1914, cessa ensuite d'être une préoccupation de l'administration. Certainement resté sur place jusqu'à la Seconde Guerre Mondial, le groupe de la vierge fut démonté, perdu et apparut sur le marché de l'art en 1980. Après avoir changé plusieurs fois de propriétaires cette sculpture finit par être acquise en 2006 par le musée des Beaux-Arts de Tours, redevenant ainsi accessible au public.

Constitué à l'origine d'un seul bloc de tuffeau, la sculpture a été cassé sous la taille de la Vierge ; l’inclinaison actuelle du buste de la vierge est sans doute le résultat d’une perte de matière, sur le côté droit des cassures, avant le recollage, signalé en 1910 par l’abbé Bosseboeuf. Lors de la réapparition de l’œuvre sur le marché de l’art, les côtés du manteau de Marie avaient été retaillés, certaines parties de l'épiderme avaient été lissées et des compléments apportés dans un enduit de bouchage : doigts de la main droite du Christ, nez et certains éléments de drapé du manteau de la Vierge, en particulier sur la tête. Le visage de la Vierge, lui-même a été poncé (rapport d’étude par Agnès Cascio et Marie-Emmanuelle Meyohas, 2007).

L'œuvre s'inscrit toutefois avec pertinence dans un panorama de la sculpture tourangelle. La silhouette générale du groupe et l’agencement du manteau-voile de Marie la rapprochent, en sculpture de la Vierge de pitié de la Chapelle-Blanche-Saint-Martin (Indre-et-Loire), et en enluminure à celle des Heures de Pierre de Pontbriant réalisée à Tours vers 1485-1500(Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève). La comparaison s’étend aussi au corps du Christ (tissu drapé autour des hanches du Christ). Surtout, les bras de la Vierge, croisés sur la poitrine, en signe d’acceptation de la mort de son Fils, semblent être une variante principalement tourangelle, pour le type iconographique de la Vierge en prière. Ce détail est attesté en effet aussi bien dans l’enluminure (Heures de Commynes ; Heure de Pierre de Pontbriant ; Livre de prières d’Anne de Bretagne) qu’en vitrail (Verrière de Villandry). En sculpture, deux autres Vierge de pitié tourangelles, à Sainte-Catherine-de-Fierbois et à Saint-Avertin, adoptent cette attitude, également reprise dans le Maine, l’Orléanais, et jusqu’en Périgord, avec la célèbre Mise au tombeau de Biron, aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art de New York.

D’après la notice de Béatrice de Chancel-Bardelot, in cat. Tours 1500. Capitale des arts, Somogy, 2012.