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18e siècle

Hercule et Omphale

DUMONT Jacques, dit le Romain

Paris, 1701 - Paris, 1781

Hercule et Omphale

Huile sur toile

133,5 x 167 cm.

Dépôt de l'Etat, 1806, transfert de propriété à la Ville de Tours, 2010

Inv. : 1803-1-9

Notice complète

Fils du sculpteur Pierre Dumont, et appartenant à une importante lignée d’artistes, Jacques Dumont est l’élève d’Antoine Lebel. Il doit son prestigieux surnom à la légende qui veut que, tout jeune il se soit rendu dans des conditions romanesques à Rome, pour y étudier les maîtres italiens. De retour en France en 1725, il est agréé à l’Académie royale un an plus tard, puis est reçu comme peintre d’histoire, en 1728 sur présentation d’Hercule et Omphale.

Jacques Dumont dit le Romain occupe successivement à l’Académie les postes de professeur (1736), de recteur (1752), de directeur (1763) puis enfin de chancelier (1768). Il sera également choisi par Louis XV pour être le premier gouverneur de l’Ecole Royale des Elèves protégés dès sa création en 1748, avant que Carle van Loo ne lui succède. Sa carrière académique sera donc particulièrement brillante et son talent apprécié de ses contemporains. Les critiques reconnaissent « qu’il compose bien, il dessine correctement, il a de la hardiesse et de la force ». Paradoxalement son œuvre est assez mal connue aujourd’hui en raison du nombre peu important de tableaux répertoriés ou localisés. Il est probable que l’artiste ait peu produit car en 1783, deux ans après sa mort le critique du Salon de la Correspondance écrit déjà : « Dumont est mort à l’âge de quatre-vingt-un ans vers l’année 1781, ayant peu travaillé »

Hercule et Omphale

Le 28 juin 1726 « M. Jacques Dumont le jeune, aspirant pour la Peinture en Histoire » est agréé à l’Académie royale sur « présentation de plusieurs de ses ouvrages ». Louis de Boullogne directeur de l’Académie lui donne comme sujet de réception le mythe d’Hercule et Omphale. Dumont le Romain apporte, le 31 janvier 1728, « l’esquisse du tableau qui lui a été ordonné pour sa réception, représentant Hercule et Omphale et Elle lui a donné six mois pour l’exécuter dans l’Académie ». L’artiste est reçu peintre d’histoire le 25 septembre de la même année sur présentation du « tableau qui lui a été ordonné pour sa réception représentant Hercule et Omphale ».

Popularisé dès 1701 par l’opéra Omphale d’André-Cardinal Destouches, ce thème va connaître alors un vif succès. En 1725, François Lemoyne présente au Salon un tableau représentant Hercule et Omphale (musée du Louvre), qui fera l’objet d’un éloge en vers dans le Mercure de France. La renommée de cette œuvre de Lemoyne sera immense et contribuera également à la fortune du thème. Présenté au Salon l’année même du retour en France de Dumont le Romain, il est fort probable que le jeune artiste a pu admirer ce tableau de Lemoyne. Le morceau de réception qu’il présente trois ans plus tard à l’Académie semble en effet le confirmer. Si le tableau de Dumont le Romain offre une composition claire, lumineuse qui témoigne de l’influence d’œuvres vues en Italie, celles de Pierre de Cortone notamment, les échos du tableau phare de Lemoyne y sont également très présents. Assise sur la peau du lion de Némée, Omphale échange un regard infiniment amoureux avec Hercule. La touche épaisse, onctueuse et savoureuse s’accorde à merveille au charme sensuel du sujet. Il existe également dans ce tableau une liberté d’exécution, une rapidité dans le geste, une fougue presque que l’on ne retrouvera plus sur les autres tableaux de l’artiste. En 1791, Watelet et Levesque seront pourtant particulièrement sévères avec ce tableau : « Son morceau de réception … ; n’est pas une belle chose ; c’est seulement ce qu’on appelle un ouvrage bien peint. L’Hercule est bas, l’Omphale est loin d’être belle ».

Ce tableau fut accroché dans les salles de l’Académie, Dezallier d’Argenville le signale en 1781 dans la « Grand’Salle », à côté de deux tableaux conservés également aujourd’hui au musée de Tours : le Sacrifice de Jephté de Pierre de Saint-Yves et Alphée et Aréthuse de Jean Restout. Au moment de la suppression de l’Académie en l’an II, le tableau reste en place. Deux ans plus tard il est signalé au dépôt de Nesle en « très mauvais état, un tableau, Hercule et une femme ». L’an V il rentre au Louvre et sera inscrit l’an XI sur la liste des peintures attribuées au musée de Tours.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008