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18e siècle

Chien

OUDRY Jean-Baptiste, attibué à

Paris, 1686 - Paris, 1755

Chien

Huile sur toile

81 x 65

Legs Madame Georges Hersent, née Marthe Luzarche d’Azay, à la Ville de Tours, 1951

Inv. : AF 58

Notice complète

Fils de Jacques Oudry, peintre et directeur de l’Académie de Saint-Luc, Jean-Baptiste Oudry suit une première formation dans l’atelier de Michel Serre, puis dans celui de Largillierre. Admis à l’Académie de Saint-Luc en 1708, il réalise alors des tableaux religieux et des portraits, le Comte et la Comtesse de Castelblanco, 1716, (Madrid, musée du Prado). Mais dès le début de sa carrière l’artiste montre un intérêt particulier pour la nature morte. Il est reçu à l’Académie royale comme peintre d’histoire en 1719 sur présentation de L’Abondance avec ses attributs (Versailles, musée national du château et de Trianon). Cette œuvre marque un tournant dans la production de l’artiste, qui se dirige alors de manière plus précise vers la nature morte, genre dans lequel il va exceller et être considéré rapidement comme l’émule de Desportes. Il suit les modèles de son brillant prédécesseur puis en 1721 réalise ses premières œuvres sur le thème de la chasse, Retours de chasse (Londres, Wallace collection). Il reçoit trois ans plus tard sa première commande royale pour des tableaux de chasse (Chantilly, musée Condé ; Rouen, musée des beaux-arts). Présenté au jeune Louis XV par Beringhen, premier écuyer du roi, Oudry est nommé peintre ordinaire de la vénerie royale. Le réalisme de ses scènes de chasse lui valent de recevoir de très nombreuses commandes de la noblesse comme de la bourgeoisie, en France et en Europe. A partir de 1734 il est nommé peintre officiel de la manufacture de Beauvais à laquelle il donnera un nouveau souffle. Deux ans plus tard, il devient inspecteur des Gobelins, et fournit des cartons pour ces deux manufactures. Oudry laisse également une œuvre graphique très importante, ses dessins préparatoires pour les Chasses royales (musée du Louvre, musée de l’Ermitage) en sont un bel exemple mais ce sont les 276 dessins qu’il réalise pour l’illustration des Fables de La Fontaine entre 1729 et 1734 (collections particulières) qui feront sa réputation dans ce genre.

Chien

La belle qualité de ce tableau permet de proposer une attribution à Jean-Baptiste Oudry. L’œuvre est à rapprocher des très nombreuses études de chiens de chasse réalisées par l’artiste à partir de 1720. Ces tableaux représentent principalement des braques pointant du gibier ailé : faisans, perdrix…. Oudry expose régulièrement ces œuvres à l’Exposition de la Jeunesse dès 1723, puis au Salon. C’est vraisemblablement la qualité de ces tableaux qui vaudra à Oudry, deux ans plus tard, la commande des portraits des deux lévriers du roi, Misse et Turlu, (Fontainebleau, musée national du château), commande qui sera suivie de toute une série de portraits de chiens appartenant au roi. Sur ce tableau conservé au château d’Azay-le-Ferron l’artiste a su rendre la nervosité propre à cette race de chien de chasse, l’animal est saisi dans un bref moment d’arrêt, muscles tendus, prêt à bondir. Le pelage à poil ras blanc et feu du chien permet de souligner la musculature puissante de l’animal. La lumière éclaire et valorise ce pelage tout en laissant dans l’ombre l’environnement végétal. Contrairement aux célèbres « portraits » qu’il fit des chiens de Louis XV (Fontainebleau, musée national du château), Oudry ne s’intéresse pas dans ce tableau à la tête de l’animal mais uniquement à décrire sa morphologie qui mêle à la fois élégance et force.

La position du chien, prenant appui sur ses pattes arrières, permet de rapprocher cette œuvre du grand tableau peint par Oudry en 1746, Le Forhu à la fin de la curée (Fontainebleau, musée national du château), dernier carton de la série des Chasses royales de Louis XV. Plusieurs chiens de cette meute bondissant vers la curée sont représentés dans des attitudes assez proches de celui-ci.

Les deux bandes de couture verticales très visibles sur la toile, peuvent laisser imaginer que l’œuvre a été agrandie pour pouvoir être adaptée à un cadre ou à une boiserie. Ce tableau a particulièrement sa place au château d’Azay-le-Ferron qui fut un haut lieu de la chasse à courre.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008