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18e siècle

Persée tranchant la tête de Méduse, 1702

CHRISTOPHE Joseph

Verdun, 1662 - Paris, 1748

Persée tranchant la tête de Méduse, 1702

Huile sur toile

177 x 162 cm

Dépôt du musée national du château de Versailles et de Trianon, 1951

Inv. : D 1951-3-1

Notice complète

Actuellement en réserves.

Après une probable première formation dans l’atelier de son père, Claude Christophe, modeste peintre lorrain dont les œuvres ne sont plus localisées aujourd’hui, Joseph Christophe suit les cours de l’Académie royale, en particulier auprès de Bon Boullogne. Il obtient en 1687 le Grand Prix avec un tableau représentant le Déluge universel. L’artiste débute parallèlement une carrière parisienne en répondant notamment à des commandes pour l’Eglise. Il peint en 1694 Saints Paul et Barnabé pour Saint-Germain-des-Prés (non localisé) puis deux ans plus tard la corporation des orfèvres lui commande pour le May de Notre-Dame une Multiplication des pains, disparue mais connue par la gravure de Nicolas Tardieu. Agréé en 1701, Joseph Christophe est reçu un an plus tard à l’Académie comme peintre d’histoire sur présentation de Persée tranchant la tête de Méduse. L’artiste suivra alors une carrière d’académicien assez traditionnelle, nommé adjoint à professeur en 1708, puis professeur en 1717, adjoint à recteur en 1736, il succèdera enfin à Hyacinthe Rigaud comme recteur en 1744. Après sa réception à l’Académie, il sera sollicité à plusieurs reprises par les bâtiments du roi. La première commande importante est celle destinée à compléter la célèbre série de tableaux réalisés par Le Brun pour les Gobelins sur l’Histoire de Louis XIV. Cette série, restée inachevée à la mort du premier peintre du roi, on décida en 1710 de solliciter plusieurs artistes pour la terminer. Joseph Christophe réalise en 1715 pour cet ensemble Le baptême de Louis de France, Dauphin, fils de Louis XIV (Versailles, musée national du château). Les comptes des bâtiments du roi nous rappellent également que Christophe peint en 1720 La Comédie (disparu), pour le plafond de la Salle des machines aux Tuileries, puis il réalise en 1724 Diane et Callisto pour l’Hôtel du Grand-Maître à Versailles actuel Hôtel de Ville où le tableau se trouve encore aujourd’hui.

Dès 1704 Joseph Christophe expose très régulièrement au Salon, cependant la plupart des œuvres mentionnées dans les livrets ne sont pas localisées aujourd’hui. Les quelques tableaux conservés dans les collections publiques ne permettent pas d’avoir un avis précis sur cet artiste.

Agréé le 28 mai 1701, Joseph Christophe, reçoit, ce même jour, de Charles de La Fosse, son sujet de réception dont il doit présenter une esquisse un mois plus tard et l’exécuter en grand en six mois. Après avoir obtenu un délai supplémentaire, Joseph Christophe est reçu le 24 mars 1702, sur présentation de ce tableau. Le tableau est décrit par Nicolas Guérin, secrétaire de l'Académie, en 1715 : « Tableau de 5 pieds sur 4 et demi. Persée coupant la tête de Méduse. C’est Minerve qui l’avait chargé de la vengeance qu’elle voulait tirer de la profanation de son Temple ; aussi ne manqua t’elle pas d’assister ce Héros dans une occasion aussi périlleuse. Le Peintre a choisi de montrer que le fils de Jupiter est prêt de couper la tête de ce monstre, dont la terre même demandait depuis longtemps d’être délivrée. Il surprend cette aînée des Gorgones endormie , aussi bien que les serpents qui la rendaient horrible ; et afin de ne point éprouver la déplorable métamorphose de tous ceux qui la voyaient, pour conduire sa main, il se sert adroitement comme d’un miroir, du bouclier que la Déesse offensée lui présente ».

Exposé dès le début du XIXe siècle au Grand Trianon en pendant du morceau de réception de Sébastien Le Clerc, La déification d’Enée, les deux tableau entrent dans les collections du musée de Tours en 1951, dans le cadre d’un échange de dépôt avec le musée de Versailles.

Joseph Christophe affirme dans ce tableau les leçons apprises auprès de Bon Boullogne. Il est en particulier proche de son maître dans la manière de moduler sa palette, laissant l’arrière plan dans l’ombre de manière énigmatique afin de valoriser la scène principale aux couleurs chatoyantes. La lisibilité du sujet est ainsi immédiate, toute la lumière étant focalisée sur la diagonale de la composition. Cette œuvre est un des nombreux témoignages de l’influence encore vivace de Le Brun. Les drapés sont traités avec brio, les lignes souples des figures nous rappellent que Christophe fut un bon dessinateur comme en témoigne une sanguine, La tasse de thé, conservée au musée du Louvre.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008