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18e siècle

Paysage pastoral

HOUEL Jean-Pierre-Louis-Laurent

Rouen, 1735 - Paris, 1813

Paysage pastoral

Huile sur toile

77 x 60,5 cm.

Saisie révolutionnaire, château de Chanteloup, 1794

Inv. : 1794-1-16

Notice complète

Dans l’inventaire effectué au château de Chanteloup le 27 ventôse de l’an II ce tableau est mentionné ainsi avec les deux suivants :« trois dessus de portes ovales représentant des pastorales dans une chambre à coucher à la suite de la Gallerie ». Cette courte description permet de penser que ces trois tableaux étaient au moment de la saisie accrochés dans la chambre dite « à colonnes », ancienne chambre du duc de Choiseul au rez-de-chaussée. Les différents inventaires révolutionnaires qui succèdent à celui-ci ne dissocient pas ces trois tableaux qui arrivent au musée de Tours en 1794, où ils sont localisés dans le cabinet de physique, deux ans plus tard sur le procès-verbal du 3 floréal de l’an IV.

Dès leur arrivée définitive dans les collections du musée en 1797 les documents d’archives indiquent que ces trois paysages sont de Houël, attribution maintenue en 1801 (Inventaire de l’an X). Cependant parmi ces trois tableaux de format, de sujet et de composition identiques seule cette première œuvre est signée et datée. Cela explique sans doute la raison pour laquelle quelques années plus tard, ces trois pastorales vont être séparées et l’attribution à Houël ne sera plus conservée pour les deux tableaux suivants. La confrontation de ces trois tableaux permet pourtant de confirmer l’attribution à Houël. Les trois œuvres sont strictement de même format, il faut souligner qu’elles ont été réduites au cours d’une restauration. Toutes trois ont subi exactement, et à la même date, inconnue mais probablement au milieu du XIXe siècle, le même type de restauration, elles ont été rentoilées, montées sur un nouveau châssis et donc réduites à cette occasion. On peut très vraisemblablement identifier ces trois œuvres avec l’ensemble passé en vente après le décès de Choiseul en 1786, sous le nom de Houël : n°24, « Trois tableaux de forme ovale sur la hauteur représentans des paysages ornés de figures champêtres et de divers animaux. Hauteur 30 pouces largeur 24 » [81 x 64,8 cm]. Si l’une des pastorales (Paysage avec une bergère près d'une ruine) présente manifestement un état d’usure de la couche picturale plus important que les deux autres œuvres, il faut néanmoins s’attacher à regarder de près ces tableaux qui sont vraisemblablement de la même main. La palette est en effet identique, modulant de la même manière les bleus grisés du ciel, les couleurs mordorés et verts émeraudes des frondaisons. La touche est maîtrisée de façon identique ronde et douce lorsqu’elle esquisse les lointains, plus affirmée et même vigoureuse parfois pour certains détails au premier plan. On retrouve encore une façon identique de manier les empâtements délicatement, comme des petites griffures qui vont accrocher la lumière, en particulier sur les rochers ou encore sur les herbes. Certains éléments de la composition se retrouvent sur des dessins de Houel, réalisés bien des années plus tard en Italie, notamment les arbres solides au tronc noueux d’où s’échappent de frêles branches à peine feuillues, mais aussi les ruines rondes et massives qui occupent l’arrière-plan. Soulignons enfin que ces trois pastorales sont dans la veine des petits paysages réalisés par Houël avant son premier voyage en Italie, l’artiste s’inspire encore de façon très étroite des paysagistes hollandais du XVIIe siècle, tel Philips Wouwermans (1619-1668) qui met en scène des personnages rustiques dans un paysage sauvage fait de rocailles et de broussailles.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008