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18e siècle

Portrait présumé du duc de Richelieu

TOCQUE Louis

Paris, 1696 - Paris, 1772

Portrait présumé du duc de Richelieu

Huile sur toile

81,7 x 65,5 cm.

Legs André Foulon de Vaulx, 1952

Inv. : 1952-1-2

Notice complète

C’est auprès de son père, Luc Tocqué, peintre d’architecture, que Louis Tocqué effectue un premier apprentissage, il entre ensuite dans l’atelier de Nicolas Bertin puis dans celui de Jean-Marc Nattier. C’est véritablement auprès de ce dernier que sa sensibilité va s’épanouir, il trouve auprès du portraitiste de la cour de Louis XV les éléments propres à développer son talent. Tocqué voue une grande admiration à Nattier dont il épouse la fille aînée en 1747.

Louis Tocqué sera reçu comme portraitiste à l’Académie royale en 1734 sur présentation des portraits du Peintre Louis Galloche et du Sculpteur Jean-Louis Lemoyne (Paris, musée du Louvre). Il obtient alors des commandes importantes de la famille royale et de la haute société parisienne, Portrait du Dauphin, 1739 ((Paris, musée du Louvre), Portrait du marquis de Marigny, vers 1756 (Versailles, musée national du château et de Trianon). Dès la réouverture du Salon en 1737 il y expose très régulièrement. En 1756, grâce à la recommandation du marquis de Marigny, Louis Tocqué est appelé par Elizabeth de Russie et sera nommé portraitiste de la cour de Saint Pétersbourg, deux ans plus tard il gagne Copenhague pour travailler auprès de Frédéric V, puis séjourne dans les différentes cours du Nord s’employant à réaliser les portraits de leurs princes. Sa présence influencera durablement les artistes de ces pays.

La production abondante de Tocqué révèle une franchise rarement égalée. Le portraitiste privilégie les attitudes sobres, sans afféterie, valorisant l’expression spontanée et individuelle. Son œuvre, marquée par cette vérité qui nous séduit tant aujourd’hui, est servie par un dessin précis, net, qui souligne chaque détail, qui note chaque trait relevé par cet observateur méticuleux.

Portrait présumé du duc de Richelieu

Louis-François Armand de Vignerod du Plessis (1696-1788) troisième duc de Richelieu, est le fils de Jean de Vignerot du Plessis (1639-1715) et l’arrière petit-neveu du cardinal. Son libertinage dans l'esprit du temps, ses multiples aventures et ses duels le mèneront à la Bastille à plusieurs reprises dans sa jeunesse. Mais le duc de Richelieu sera également un valeureux homme de guerre qui mena une brillante carrière militaire en se distinguant notamment à Fontenoy (1745) puis à Port-Mahon (1756). Il sera nommé maréchal de France en 1748 et gouverneur des provinces de Guyenne et Gascogne en 1755.

Membre de l’Académie Française en 1720, le duc sera un ami fidèle de Voltaire, et aura une influence non négligeable au sein de l’Académie, dont il sera le doyen lorsqu’il décède en 1788.

Louis Tocqué offre avec ce portrait une image vivace du duc de Richelieu. Portant une attention particulière au visage en suivant ce qu’il énonce dans son Discours sur le genre du portrait qu’il lut à l’Académie le 7 mars 1750 : « Pour ne point vous éloigner du caractère de la personne que vous peignez, attachez vous d’abord a bien rendre la charpente du visage ; c’est ce qui assure l’ensemble et établit la ressemblance ». L’artiste souligne par quelques coups de pinceaux les tempes, le front et le nez busqué, si caractéristique et que l’on note sur d’autres portraits du duc. Mais il décrit aussi à merveille l’intensité du regard, le sourire légèrement narquois, et la belle assurance de cet homme. Une belle lumière blonde, légèrement dorée éclaire le visage rayonnant de finesse d’esprit. L’artiste qui souhaitait que devant ses portraits l’on voit « la toile qui semble respirer » a réussi ce défi avec cette œuvre sobre.

L’artiste a réalisé, à une date probablement très proche un second portrait du duc de Richelieu dans une version qui offre bien des ressemblances avec celui de Tours, mais le visage tourné vers le côté opposé (collection particulière). Sur ces deux oeuvres le duc adopte une attitude similaire, le tricorne sous le bras et une main glissée sous le gilet. L’arrière plan est cependant différent, des éléments d’architecture représentés sur le tableau de Tours, ont remplacé le paysage chiffonné de l’œuvre précédente. Le portrait appartenant à une collection particulière est signé et daté en 1753, ce qui nous permet de proposer une date identique ou proche pour le nôtre dont la date a malheureusement partiellement disparu.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008