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19e siècle

Etang du Viveray, Oise. 1880

BEAUVERIE Charles-Joseph

Lyon, 1839 - Poncins, 1924

Etang du Viveray, Oise. 1880

Huile sur toile

H. 125 cm. ; L. 191 cm.

Acquis par la ville de Tours sur les fonds de la loterie de l'exposition nationale de Tours, 1882

Inv. 882-4-1

Notice complète

Né dans une famille de Soyeux, Beauverie est brièvement élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, en 1855. Il fréquente aussi l’atelier Louis Guy, aquafortiste réputé, et étudie la gravure avec Vibert, puis Danguin. En 1859, sa rencontre avecle peintre de paysage François-Auguste Ravier (1814- 1895) est décisive pour son orientation.

Grâce à l’influence du paysagiste lyonnais, il obtient de son père de partir pour Paris afin d’y finir ses études. Admis à l’Ecole des Beaux-Arts, il entre à l’atelier de Gleyre, où il reste jusqu’en 1864. Monet, Renoir, Bazille, Sisley sont ses condisciples.

De 1864 à 1914, Beauverie expose très régulièrement des peintures et des gravures au Salon des artistes français : il y reçoit plusieurs médailles, bénéficie d’une certaine reconnaissance officielle confirmée par des achats de l’Etat (Salon de 1874, le Matin, Bords de l’Oise, Avignon, Musée Calvet ; 1877, Lever de lune, Dauphiné, Lyon musée des Beaux-Arts ; 1881, Cueilleuses de pois à Auvers, musée d’art et d’histoire d’Auxerre) ; il est en outre décoré de la Légion d’honneur en 1895.

Beauverie est essentiellement un paysagiste : il découvre tout d’abord les sites de Fontainebleau à l’époque de ses études aux Beaux-Arts, puis la Bretagne au cours de l’été 1864 et, enfin, le Forez en 1879, grâce à son ami Ravier. Immédiatement conquis par la nature de cette région encore assez sauvage, il va peu à peu s’y fixer. En 1888, il achète une maison à Poncins, où il finit ses jours.

Si Beauverie laisse un nombre important de peintures où il s’exprime dans des paysages qui reflètent la double influence de Daubigny et de Ravier, c’est aussi un graveur extrêmement actif. Ses eaux-fortes sont publiées à partir de 1869 dans l’Illustration nouvelle ; ce sont des gravures d’interprétation (Corot, Millet, Chintreuil…) mais aussi des estampes originales, sa réussite majeure restant la série de l’Oise à l’Auvers (album de douze eaux-fortes exécutées entre 1872-1885). Il exécute environ quatre-vingts gravures, dont certaines inspirées de ses propres peintures.

Etang du Viveray, Oise

Lorsque Charles Beauverie exécute cette peinture en 1880, il n’a pas encore choisi de se fixer dans le Forez, que Ravier lui a fait découvrir l’année précédente. De 1872 à 1878, année de la mort de Daubigny, il passe tous les étés à Auvers-sur-Oise auprès de celui-ci et du docteur Gachet, ami de Renoir et défenseur des impressionnistes. La campagne des sites environnants lui inspire plusieurs sujets ainsi que des eaux-fortes comme en témoignent la série de l’Oise à Auvers ou celles qu’il expose au Salon jusqu’en 1879.

L’étang du Viveray appartient à cette période où l’artiste se révèle particulièrement préoccupé, à l’instar de son maitre Daubigny, par la traduction du miroitement de l’eau sur l’écran de la végétation.

Dans une mise en page ample aux lignes très dessinées, la masse verticale des arbres répond à celle horizontale, de l’étang. Grâce au caractère naturaliste et détaillé du traitement des maisons et des arbres, qui contrastent avec les premiers plans beaucoup plus esquissés, le regard du spectateur est attiré vers le fond de la composition. L’intérêt de l’œuvre se concentre ainsi sur le sujet principal qui n’est pas l’étang, maintenu dans une sorte de pénombre, mais le ciel, animé de nuages teintés de rose. Beauverie utilise ici une technique fine et lissée pour l’essentiel de la peinture ; en revanche, il a recours à des empâtements de matière qui évoquent la manière de Ravier pour les annotations de lumière rougeoyante visibles à l’arrière des grands feuillus qui bordent la mare. En raison du vieillissement de la couche picturale, les plans et les valeurs colorées ont malheureusement perdu de leur force et de leurs contrastes. Cette œuvre n’en demeure pas moins un témoignage très intéressant de l’évolution d’un artiste qui met au point un langage personnel, dégagé des modèles de l’école lyonnaise, mais aussi du mouvement impressionniste.