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19e siècle

Paysage

BOISGONTIER Henri

Saint-Cyr-sur-Loire, 1851 - Paris, 1941

Paysage

Huile sur bois

H. 15,7 cm. L. 27 cm.

atela, 1963. Exécuté par la famille Schil, 1972

Inv. 1972-11-1

Notice complète

Né à Saint-Cyr-sur-Loire dans le quartier du pont de La Motte, Arthur-Henri Boisgontier est le troisième enfant naturel d’Auguste Boisgontier, graveur sur cuivre, et de Marie-Jeanne Musseler. En 1856, le couple est déclaré avoir cinq enfants. Auguste Boisgontier ne reconnaissant sa progéniture qu’en 1870, le peintre porte pendant plusieurs années le nom de sa mère associé à son patronyme.

Vraisemblablement formé à l’art de l’estampe par son père, qui pratique aussi la lithographie, Boisgontier se déclare lui-même élève de François-Louis Français (1814 – 1897) et de Charles Monginot (1825 – 1900). Si ses premières années d’apprentissage de la peinture demeurent inconnues, l’artiste explique dans un manuscrit autographe qu’il s’est « surtout formé tout seul, vivant des jours entiers en forêt de Fontainebleau et dans les champs […]. Dans l’atelier du maître A. Leleu (Armand Leleu, 1818 – 1885, NDR) […] j’y ai rencontré maintes fois le père Corot qui me conseillait, encore que je sois un peu jeune à l’époque. A Barbizon plus tard nous étions quelques artistes réunis […]. Je fis au Bas Bréau connaissance avec le fils du bon artiste Bodmer qui avait dessiné tous les vieux et beaux arbres du bois ». En 1873, il exécute « des dessins pour la maison Mourocq, un vieil éditeur qui pendant un demi-siècle inonda le monde des croquis d’excellents maîtres ». contremaître dans une grande imprimerie parisienne, il se lie d’amitié avec le lithographe Painlevé, père du futur président du Conseil.

Dans des pages empreintes de nostalgie écrites à la fin de sa vie, Boisgontier rassemble ses souvenirs d’enfant. Les journées égayées des farces des mariniers, s’étiraient auprès de « la grande Loire » dont il décrit la terrible crue de 1856. Il ressuscite les années passées à Paris où rapins et comédiennes se côtoyaient, partageant une bohème désargentée, rappelle les événements politiques dont il fut le témoin – 18 mars 1871, arrestation du général Chanzy -, évoque sa vie sociale – vénérable de la loge Droit et Justice -, ses visites à l’atelier d’Armand Leleu, rue Pierre-Sarrazin où il croisait le peintre Jules Dupré (1811 – 1889), la forêt de Fontainebleau surtout, Barbizon, les Vaux-de-Cernay. « J’étais, un jour, installé devant quelques arbres avec une allée sinueuse au premier plan, laquelle me donnait bien du mal ! Un passant s’approche, regarde, me donne quelques avis, prend la palette, le couteau et se met à ma place. En quelques instants tout change ! Ratages, empâtements, lumières et voici un terrain sur lequel on pouvait marcher. Je sus plus tard que c’&tait le ma^tre Harpignies » (Henri Harpignies, 1819 – 1916).

Il participe tardivement et irrégulièrement aux Salons des artistes français entre 1912 et 1922, exposant des lithographies et des peintures, dont certaines ont été acquises par l’Etat (1909, Intérieur breton, Vannes, préfecture du Morbihan). Membre du Salon des indépendants dès les premières années de sa création, il en est aussi, quelques années, le trésorier. Le musée Jean-François Millet à Barbizon, conserve deux paysages réalisés dans la région par Boisgontier, qui effectue également des voyages en Belgique, en Bretagne et dans la Creuse. Ne pouvant vivre de sa peinture, il travaille pour l’Institut national agronomique de Paris qui lui commande en 1890 cinquante-deux planches de botaniques de grandes dimensions (2 m. x 1 m.) utilisées à des fins pédagogiques, et il dessine douze figures en chromolithographie pour le Petit atlas d’histoire naturelle de l’homme du docteur Lelièvre. A plusieurs reprises dans son cahier de souvenirs, il fait allusion à cette activité d’illustrateur de traités d’anatomie, pour laquelle il fréquente l’Ecole de Médecine et les locaux de la

Préfecture de police de Paris : « Plus tard [après 1869], je m’y rendis plusieurs fois ayant à fixer par des aquarelles, des dessins, divers cas qui nécessitaient des instructions ou recherches médicales".

En 1901, il épouse à Sens Marie de Galezynska, fille naturelle d’une danseuse polonaise. Ils ont deux fils, Marcel, tué en 1914 sur le front de la Marne, et René, peintre né en 1888, mort à Saint-Martin-de-Ré en 1958.

Paysage et Paysage, soleil couchant

Cette étude de paysage et la suivante sont tout ce que Mme Spinosa-Cattela, pensionnaire à la fin de sa vie de la maison de retraite de la fondation Rothschild à Paris, avait pu conserver de l’œuvre du peintre dont elle avait été l’élève et la protectrice. Née Marianne Stetten, mariée à Edouard Spinosa-Cattela, un financier d’origine hollandaise, des revers de fortune l’obligent à se dessaisir de tableaux de Boisgontier qu’elle avait peu à peu rassemblés. Dans un courrier adressé à la conservation du musée en 1963, où elle annonce son intention de léguer des peintures encore en sa possession, elle mentionne celles dont elle a dû se défaire : « Moi-même j’en possédais beaucoup, des revers m’ont obligée de disperser cette belle collection dont faisait partie une grande toile, Les blés, achetée en principe par l’Etat à la veille de la guerre de 1914 mais vente que les événements n’ont pas permis de réaliser ». La localisation indiquée par Mme Spinosa-Cattela pour cette toile, ainsi que pour le Canal de la Villette, visible sur les photos de l’atelier de l’artiste qu’el joint à son envoi, n’a pu être confirmée. Elle indique que la mairie de Bois-le-Roi (Eure) possédait une toile de boisgontier. Outre ces deux peintures d’un chromatisme violent et d’une technique utilisant généreusement les empâtements de matière, Mme Spinosa-Cattela donnait un album de soixante-dix dessins et aquarelles figurant des paysages, des scènes d’intérieur, des plages… Certaines, exécutées sur le motif, donnent un aperçu des sources d’inspiration du peintre, essentiellement tourné vers l’observation de la nature. Elle y joignait encore deux dessins représentant le père de l’artiste sur son lit de mort et une vue de poulailler.