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19e siècle

Sarah Bernhardt dans son jardin de Belle-Île-en-Mer

CLAIRIN Georges-Jules-Victor

Paris, 1843 - Belle-Île-en-Mer, 1919

Sarah Bernhardt dans son jardin de Belle-Île-en-Mer

Huile sur toile

H. 80 cm L. 155 cm.

Acquis chez Alex Toupey, antiquaire à Paris, 1937

Inv. 1937-1-1

Notice complète

Familier de l'univers du spectacle, Clairin exécute plusieurs portraits de danseuses, de cantatrices, de comédiennes. Cependant son nom demeure surtout associé à Ia personnalité de Sarah Bernhardt qui lui confie la décoration du plafond de sa salle à manger à Paris. Au cours de leur longue amitié, il constitue une abondante iconographie de l'actrice, utilisant les techniques de Ia peinture ou du dessin (pastel, fusain, aquarelle, mine de plomb), la figurant soit dans ses rôles au théâtre soit dans l’intimité de son salon. Sarah Bernhardt s'étant fait construire une maison à Ia pointe des Poulains, sur Belle-Île dans le Morbihan. Clairin y fait de fréquents séjours, y passant de très nombreux étés. Les cailloux de Port-Coton et ceux de l'Apothicairerie, les roches Percées et le rocher du Chien lui Inspirent des visions fantastiques, mêlées de symbolisme, auxquelles iI associe parfois l'image de Sarah figurée en chimère ailée.

Il réalise aussi des compositions plus sereines relatant les occupations estivales de la comédienne. C'est à cette série qu’appartient le tableau du musée de Tours, pour lequel l'artiste représente son modèle campé dans une attitude altière faisant valoir l'élégance de sa silhouette, marchant dans une des allées de sa villa.

Clairin exploite ici une formule picturale qui lui est familière : le point de vue de bas en haut, Ia disposition frontale du personnage, Ia coiffure piquée de fleurs, l'ample robe aux manches et aux plis en cascade se retrouvent dans d'autres portraits de Sarah comme dans certaines figures allégoriques, riches de détails descriptifs (L’Été, commande du comte Chandon de Briailles pour Ia salle à manger de son hôtel particulier à Paris). Les cannes fleuries dont s'accompagne l’actrice appartiennent au vocabulaire ornemental du peintre qui les utilise dans Fête champêtre aux environs de Paris (I89I, Paris, musée du Petit Palais), fragment de la décoration de la galerie Lobau à l'Hôtel de Ville de Paris, de même que l'omniprésence de l'élément fleuri et l'environnement végétal, traités dam un registre irréaliste au moyen d'une écriture très personnelle, dans des coloris acides jaunes, orangés ou vert. Ceux-là constituent un des éléments habituels du répertoire du peintre, fréquemment mis en œuvre pour les théâtres auxquels il collabore. Ils constituent le décor poétique destiné à souligner le caractère quasi mythique de la personnalité de Sarah qui, pendant trente ans fascine la génération symboliste.