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19e siècle

Le vote de Gaspard Duchâtel (1883)

GLAIZE Auguste-Barthélémy

Montpellier, 1807 - Paris, 1893

Le vote de Gaspard Duchâtel (1883)

Huile sur toile

H. 183 cm. ; L. 204 cm.

Don de Mme Paulze d'Ivoy née Duchâtel, 1921-1922

Inv. 1922-4-1

Notice complète

Élève d’Achille et d’Eugène Devéria (1800 – 1857 et 18056 – 1865) à Paris, Glaize débute au Salon de 1836 avec Luca Signorelli se disposant à peindre son fils tué en duel (Avignon, musée Calvet), qui révèle son goût pour la peinture d’histoire. À Montpellier, il rencontre le collectionneur Alfred Bruyas (1821 – 1877) qui lui commande plusieurs peintures à partir de 1848 (Montpellier, musée Fabre) : L’intérieur du cabinet de M. Bruyas (1848), Portrait de Bruyas (1848), Le Goûter champêtre, souvenirs des Pyrénées (1850-1851). C’est Glaize encore qui exécute l’ultime portrait du collectionneur deux mois avant la mort de celui-ci.

À partir de 1842, le peintre reçoit diverses médailles et le Légion d’honneur en 1855, où sa dernière récompense lui est décernée. Cette même année, il présente Un Pilori (Arras, musée des Beaux-Arts) qui manifeste la grande faveur de la peinture philosophique vers laquelle il s’oriente désormais. Poursuivant une carrière discrète, il aborde, à l’exemple de son maître Eugène Devéria, la peinture religieuse et bénéficie de quelques commandes destinées à des églises (1841, Vision de sainte Thérèse, Montpellier ; 1843, Humilité de sainte Élisabeth de Hongrie, Lodève). Il produit aussi des peintures murales pour des édifices parisiens (chapelle Saint-Jean à Saint-Sulpice, chapelle Saint-Fiacre à Notre-Dame-de-Bercy, chapelle Sainte-Geneviève à Saint-Gervais, chapelle des fonts baptismaux à Saint-Eustache). L’achat des Écueils (Amiens, musée de Picardie) par l’État au Salon de 1864 confirme l’intérêt tardif que les pouvoirs publics, répondant à ses multiples sollicitations, lui accorent en lui consentant de nouvelles acquisitions (1869, Insultes du Christ, Montpellier, musée Fabre ; 1872, Spectacle de la folie humaine, Arras, musée des Beaux-Arts ; 1873, Salomé, triptyque, Flers, musée municipal ; 1878, La force, Saint-Étienne, musée d’art et d’industrie).

Le vote de Gaspard Duchâtel (1883)

Conventionnel français né près de Thouars en 1766, Gaspard Tanneguy, comte du Châtel (ou Duchâtel) est envoyé à la Convention par le département des Deux-Sèvres en 1792.

Bien que malade au moment du procès de Louis XVI, il se fait porter à l’Assemblée pour voter le bannissement, pensant que sa voix sauverait le roi. Arrêté à bordeaux, enfermé à la conciergerie avec les Girondins, il est guillotiné le 31 octobre 1793.

L’évocation de l’épisode au cours duquel le héro se dévoue, au mépris de sa vie, à la cause royale, a été commandée à Glaize par la vicomtesse Duchâtel, comme le suggère une note manuscrite d’Horace Hennion (conservateur du musée des Beaux-Arts de Tours de 1920 à 1947) dans le dossier de l’œuvre. La donatrice est vraisemblablement sa fille, devenue Mme Paulze d’Ivoy, descendante par alliance de Roland Paulze d’Ivoy de la Poype, qui occupe le poste de préfet d’Indre-et-Loire de janvier à septembre 1870. Par ce geste, Mme Paulze d’Ivoy suit la tradition familiale du mécénat, sa tante ayant, à sa mort en 1878, légué au Louvre cinq tableaux de la collection de son époux Charles Marie Tanneguy, comte Duchâtel (1803 – 1867), ministre de l’Intérieur sous Louis-Philippe.

D’autres œuvres de Glaize appartiennent à la vicomtesse (Psyché, Salon de 1880 ; Les amoureuses, esquisse), qui prête cette seconde à l’Exposition des Beaux-Arts de Tours en 1881. Le 19 août de la même année, Glaize, depuis sa maison de Rosebois, près de La Ferté-sous-Jouarre en Seine-Maritime, adresse un courrier de protestation au conservateur. En effet les toiles envoyées à la manifestation tourangelle ont été inscrites dans le livret d’exposition sous le nom d’un paysagiste homonyme, le breton Édouard Glaize.

Œuvre tardive exécutée dix ans avant la mort du peintre, Le vote de Gaspard Duchâtel présente le modèle type de la peinture qu’il produit à partir de 1870. Composition linéaire et frontale, personnages dispersés dans l’espace et tons ternes et n’osant recourir aux effets audacieux de l’académisme de cette fin de siècle.