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18e siècle

L'Extase de saint Benoît

RESTOUT Jean

Rouen, 1692 - Paris, 1768

L'Extase de saint Benoît

Huile sur toile

338 x 190 cm.

Saisie révolutionnaire, abbaye de Bourgueil, entre le 8 et le 29 octobre 1790

Inv. : 1793-2-1

Notice complète

L’Extase de saint Benoît est le pendant du tableau précédent. Saint Benoît est uni par la gémellité à sainte Scholastique mais aussi parce qu’ils sont l’un et l’autre fondateurs de l’ordre bénédictin ; leur vie est donc très fréquemment associée dans l’iconographie hagiographique.

Le premier guide du musée publié en 1825 donne une description précise de la composition : « Saint Benoît priant dans sa cellule, la nuit du 30 octobre 536, eut une vision dans laquelle il aperçut l’âme de saint Germain, évêque de Capoue, portée au ciel par les Anges au milieu d’un globe de feu. Le tableau représente le commencement de cette vision. Le peintre a saisi le moment où la lumière céleste dissipe tout-à-coup l’obscurité de la nuit ». Restout est fidèle une fois encore au texte de Jacques de Voragine : « une nuit que le serviteur de Dieu regardait par la fenêtre et priait Dieu, il vit se répandre en l’air une lumière qui dissipa toutes les ténèbres de la nuit. Or à l’instant tout l’univers s’offrit à ses yeux comme s’il eût été rassemblé sous un rayon de soleil et il vit l’âme de saint Germain, évêque de Capoue portée au ciel ».

La restauration de ce tableau a permis de mettre en évidence les repentirs présents sur cette toile. Restout revenait fréquemment sur ses œuvres surtout lorsqu’elles étaient de grand format. Le premier repentir est une tête d’angelot à la base du cintre à gauche, à l’aplomb de la main gauche de saint Benoît, cette tête, dont le profil et les deux ailes sont encore visibles, ont été recouvertes par les nuées. Le second repentir est dû à une modification d’emplacement. Le globe de feu, symbole de l’univers, avait été placé dans un premier temps trop près du bord du cintre, Restout a recouvert par des nuages cette première intention et a légèrement déplacé cette représentation de l’univers.

La crosse abbatiale et la mitre, placées au premier plan, et travaillées dans une pâte onctueuse, généreuse, dorée et rose avec des reflets de vert acide, servent en fait de repoussoir pour valoriser la simplicité extrême de la coule noire de saint Benoît.

Jean Restout réalisera en 1746 une composition inversée avec quelques variantes de L’Extase de saint Benoît dans le Saint Benoît en prière de Bourg-la-Reine (église Saint-Gilles) dont le format carré atténue l’élan spectaculaire de la grande toile cintrée de Bourgueil. La silhouette même de saint Benoît, étirée et presque longiligne dans le tableau de Tours, et qui donne toute son élégance à cette œuvre, est beaucoup plus trapue sur la version de 1746.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008