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Regardez-moi ! Le portrait dans tous ses états

18 octobre 2024 > 24 février 2025

Cette exposition propose de redécouvrir les collections du musée des Beaux-arts de Tours sous l’angle du portrait, appréhendé sous toutes ses formes. Sur 450 m2, l’exposition rassemblera près de 200 œuvres sorties des réserves et spécialement restaurées pour l’occasion.

Ces nombreux tableaux, sculptures, dessins, photographies, gravures… montrent la diversité du portrait, issu d’une longue tradition. Attesté depuis l’Antiquité, ce genre artistique a connu un formidable développement jusqu’à nos jours. Au fil des siècles, les artistes ont ainsi su répondre à une demande grandissante de la part de commanditaires fortunés soucieux de mettre en scène leur image, sous forme de portraits individuels ou de groupe. Principalement réservés à une élite, les portraits se diversifient et se démocratisent au 19e siècle, avec l’émergence d’une nouvelle bourgeoisie et l’apparition de la photographie. Au 20e siècle, l’accès plus aisé de femmes, telles Marie Bernières-Henraux ou Marie Cazin, à une carrière artistique leur permet d’immortaliser à leur tour leur clientèle et entourage. L’autoportrait constitue par ailleurs un support privilégie d’introspection, quand il ne traduit pas le statut social et professionnel de l’artiste. En somme, qu’il soit public ou privé, psychologique ou d’apparat, le portrait s’impose comme une production artistique à part entière, aujourd’hui encore incontournable.

L’exposition présentera en contrepoint une sélection d’œuvres du Centre Pompidou permettant d’éclairer des enjeux contemporains autour du genre et du queer.

Enfin, l’exposition présentera plusieurs dispositifs de médiation pour accompagner les familles et le public dans une scénographie ludique, et s’accompagnera d’une riche programmation culturelle.

Visites commentées : tous les samedis à 11h et 15h. (pendant les vacances scolaires tous les lundis et samedi à 11h et 15h). Sans réservation. Limité à 25 personnes. Retrait des places possible 1 heure avant la visite.
8,40 € / 4,20 € / Gratuit

En savoir plus avec le Dossier de presse

PARCOURS DE L’EXPOSITION

Introduction : petite histoire du portrait

L'art du portrait remonte à l’Antiquité. En Égypte, en Grèce ou dans le monde romain, il se divise en deux grandes catégories : le portrait funéraire et le portrait glorificateur. Les portraits des hommes de pouvoir (sénateurs, consuls, empereurs) sont fréquents dans l’espace public, principalement en sculpture et sur les pièces de monnaie. Même si elle s’inspire de la Grèce, la sculpture romaine a ses particularités comme l’invention du buste et le développement du portrait réaliste.
Après le 5ᵉ siècle, l’expansion du christianisme s’accompagne du rejet de l’individu et de sa représentation : sauf exception les artistes ne peignent plus que des scènes sacrées.
Il faut attendre presque mille ans pour voir un timide retour du portrait en donateurs auprès de divinités, puis de manière autonome, tel celui du roi Jean Le Bon, peint de profil vers 1360.
Le courant humaniste qui caractérise la Renaissance met en avant l’individu, sa réussite et son pouvoir dans son environnement quotidien. Le portrait en buste de trois quarts se diffuse et permet de mieux saisir la personnalité du modèle grâce à son regard et son attitude. Les peintres italiens adoptent des formats plus vastes pour peindre des portraits dans un réalisme un peu idéalisé, aux poses sereines et costumes sobres, tandis que les Flamands pratiquent un art plus réaliste qui s’attache à une profusion de détails.
En France, au 17ᵉ siècle, bien que considéré inférieure à la peinture d’histoire, le genre connaît un réel succès et les somptueux portraits d’apparat se multiplient.
À l’inverse, le 18ᵉ siècle s’oriente plutôt vers de petits portraits intimes, privilégiant un cadrage resserré et une analyse psychologique plus fouillée. Avec la Révolution industrielle au 19ᵉ siècle, la bourgeoisie désire témoigner de sa réussite, notamment au travers de portraits peints qui envahissent alors les murs des demeures.
Véritable révolution technique et artistique, la photographie propose, au milieu du 19ᵉ siècle, une alternative beaucoup moins coûteuse pour conserver une image, mais monochrome et de petit format. Les artistes contemporains ne cherchent plus forcément à représenter fidèlement leurs modèles. Ils privilégient plutôt une approche subjective et utilisent le portrait comme prétexte pour de nouvelles expérimentations formelles. La mode de l’autoportrait en situation connaît un renouveau grâce à l’essor du selfie.


Prime jeunesse : l’enfant chéri

Les collections du musée sont particulièrement riches en portraits d’enfants, dessinés, peints ou sculptés. Des premiers jours suivant la naissance jusqu’à l’adolescence, ces images donnent à voir l’évolution du fragile nourrisson à l’enfant plein d’entrain.
Au 18ᵉ siècle, le traité d’éducation L’Émile de Jean-Jacques Rousseau, révolutionne le rapport à l’enfance. Perçu comme un être primitif jusqu’à « l’âge de raison » vers 7 ans, l’enfant est progressivement envisagé comme doué de sensibilité. Rousseau, qui avait lui-même abandonné ses enfants, enjoint les femmes de l’aristocratie et de la noblesse à allaiter et encourage l’amour parental. L’autorité du père passe ainsi du droit de vie et de mort au devoir d’aimer et d’aider l’enfant à se construire. Le siècle des Lumières voit dès lors le développement de portraits de famille, confortant une vision traditionaliste de la famille où la femme est assignée à la maternité.
Au 19ᵉ siècle, la vogue du portrait de famille s’accentue, établissant une répartition genrée des activités entre filles et garçons. Le portrait d’enfants est alors surtout objet de commandes de la part d’une bourgeoisie fortunée.
Au 20ᵉ siècle, l’enfance devient pour de nombreux artistes un sujet d’émerveillement et d’attendrissement. Devenus parents, certains immortalisent les traits de leur enfant ou leur compagne allaitant. Le perfectionnement de la photographie facilite par ailleurs le portrait d’enfant par son instantanéité.


En majesté : la folie des grandeurs

Depuis l’Antiquité, souverains et souveraines n’ont cessé de s’emparer du portrait à des fins politiques. Support d’une image idéalisée, le portrait royal et impérial est largement diffusé par la monnaie, la médaille, la peinture, la sculpture et les arts décoratifs. Souvent de dimensions monumentales, le portrait d’apparat vise à impressionner et éblouir. L’artiste s’attache à magnifier son commanditaire au moyen d’une mise en scène imposante : symboles de pouvoir (fleur de lys, couronne, sceptre…), vêtements et bijoux luxueux, port altier et expression calme et assurée, cadre environnant raffiné.
Au 19ᵉ siècle, le regain d’intérêt pour l’Antiquité conduit Napoléon Ier à se faire représenter tel un empereur romain, manière habile d’asseoir sa légitimité. Un demi-siècle plus tard, l’impératrice Eugénie reprend quant à elle les codes du portrait royal du 17ᵉ siècle en posant en pied, devant une colonne à l’antique et une draperie rouge. La plupart de ces portraits officiels, produits parfois en centaines d’exemplaires, sont envoyés dans les administrations ou offerts à des chefs d’État étrangers. Ces copies sont généralement exécutées par des artistes femmes, telle Valentine Milh, qui trouvent ainsi le moyen de vivre de leur art.
Également saisis par une certaine folie des grandeurs, aristocrates et bourgeois s’emparent à leur tour des codes du portrait en majesté. Dans une logique d’émulation, ceux-ci se font ainsi représenter de manière avantageuse, jetant le trouble dans le statut social.


Miroir, mon beau miroir … La société en représentation

Si le portrait est traditionnellement réservé à une élite, du fait de son coût élevé, rois et reines n’en ont pas toujours eu le monopole. Dès le 16ᵉ siècle,aristocrates et bourgeois s’en emparent pour se faire représenter dans leurs plus belles tenues. Généralement de format plus restreint, ces portraits se caractérisent par des cadrages resserrés sur un fond sobre mettant l’accent sur la noblesse des traits, l’élégance et la préciosité des vêtements, parfois l’extravagance des coiffures.
Le 19ᵉ siècle voit un engouement sans précédent de la part d’une nouvelle bourgeoisie soucieuse de mettre en avant sa réussite sociale. La commande de portraits connaît alors une véritable explosion, s’accompagnant d’une surenchère décorative et ostentatoire. La peinture d’histoire, considérée depuis le 17ᵉ siècle comme le genre le plus noble, s’efface aux Salons* au profit d’un déferlement de portraits suscitant admiration, moquerie, contentement et réprobation.
Au 20ᵉ siècle, l’emballement s’atténue. Si le portrait d’apparat se maintient, les artistes représentent davantage leurs proches et leurs commanditaires dans une veine plus intimiste. Le portrait, et particulièrement l’autoportrait, se fait également plus politique dans la seconde moitié du 20ᵉ siècle.


Caricatures et irrévérence

Au 19ᵉ siècle, le développement de la presse s’accompagne de celui de la caricature. Souvent politique, celle-ci connaît un large écho dans la presse satirique et vise à se moquer des puissants, à une époque où les gouvernements, instables, se succèdent. Des peintres et dessinateurs, comme Honoré Daumier ou Jean Veber, se font une spécialité de caricatures volontiers grinçantes, provoquant parfois des incidents diplomatiques.
Les caricatures peuvent également revêtir un aspect plus léger et bon enfant. Les artistes s’en donnent ainsi à coeur joie en exagérant les traits de leur cible, au moyen de « portraits-charges ». Moins virulents que les caricatures politiques, ces portraits se moquent gentiment d’un modèle dont on accentue les particularités physiques ou qui prend littéralement « la grosse tête ». André Gill s’en fait une spécialité, croquant avec humour et perspicacité ses contemporains et contemporaines, tel le peintre Gustave Courbet admirant son autoportrait ou le compositeur Jacques Offenbach à califourchon sur un violon.


La galerie des artistes illustres

À la Renaissance, certains artistes comme Michel Ange ou Léonard de Vinci font l’objet d’une véritable fascination. Des galeries de portraits d’artistes apparaissent dans les palais italiens, avant de se répandre dans toute l’Europe. Placés en frise au-dessus de lambris, ces portraits s’appuient sur les Vies de Vasari, première biographie de peintres, sculpteurs et architectes italiens, publiée au milieu du 16ᵉ siècle. Les artistes représentés constituent autant de modèles à méditer et à imiter, en un temps où l’artiste revendique son statut intellectuel pour se distinguer de l’artisan.
Au 17ᵉ siècle, le modèle des galeries de portraits est repris en France, avec l’ajout d’artistes français, tel Simon Vouet. Au même moment en Italie, la ville de Florence aménage au palais des Offices une galerie d’autoportraits d’artistes, dans laquelle auront à coeur de figurer les peintres italiens et étrangers jusqu’à la fin du 18ᵉ siècle.
Ce « culte » de l’artiste se poursuit jusqu’au 20ᵉ siècle. Des oeuvres autonomes remplacent les galeries et mettent en scène les grands maîtres du passé comme Raphaël, l’Albane ou le tourangeau Michel Colombe. La notion même de portrait s’efface parfois au profit d’une reconstitution romantique visant à célébrer une figure archétypale du génie ou de l’artiste amoureux.


Regards croisés. Portraits et autoportraits d’artistes

Genre dans le genre, l’autoportrait connaît un développement considérable à partir du 16ᵉ siècle. L’artiste s’y étudie, témoin du temps qui passe, sans que rien parfois ne laisse percevoir sa condition. À l’inverse, l’autoportrait peut être le support d’une mise en scène du statut professionnel, avec les attributs désignant son métier. Celui peint par Louis Ducornet au milieu du 19ᵉ siècle est à ce titre exemplaire. L’artiste se représente en plein travail dans son atelier, exécutant un portrait avec ses pieds, dans un tableau gage de sa réussite professionnelle malgré son handicap physique.
Les artistes se prennent par ailleurs mutuellement pour objets d’étude. L’exposition rassemble plusieurs portraits croisés de maîtres et élèves, époux et épouses, ou tout simplement amis. Les Tourangeaux François Sicard et Georges Souillet dépeignent leur professeur Félix Laurent, prenant la pose ou croqué sur le vif à l’occasion d’une séance en plein air.
La sculptrice et peintre Marie Cazin prend quant à elle son mari pour modèle, renouvelant les rôles traditionnellement genrés de l’artiste masculin et de la muse féminine.
Quelques autoportraits signalent enfin la manière dont les artistes femmes s’immortalisent en sculpture et photographie, tandis qu’Olivier Seguin explore à la fin du 20ᵉ siècle la voie de l’abstraction.


Visages de Touraine


Une sélection de portraits évoque quelques uns des grands peintres, sculpteurs, architectes, écrivains, philosophes, hommes politiques et médecins originaires de Touraine ou y ayant vécu. Le poète de la Renaissance, Pierre de Ronsard, dont les vers résonnent encore aujourd’hui au prieuré de Saint-Cosme (La Riche), côtoie le mathématicien et philosophe René Descartes.
À leurs côtés, les écrivains tourangeaux Honoré de Balzac et Georges Courteline dialoguent avec l’architecte de l’Hôtel de ville et de la gare de Tours, Victor Laloux et son épouse Camille.
Enfin, les médecins tourangeaux ne sont pas en reste, avec le spectaculaire portrait du docteur Velpeau entouré de ses élèves lors d’une leçon d’anatomie, et celui de son maître, Pierre Bretonneau.

Des espaces ludiques, disséminés dans l'exposition, vous permettent, à votre tour, de vous essayer au portrait, de relooker La Joconde ou vous lancer dans un jeu de Qui est-ce?