UA-10909707-12
Accueil > Musée et collections > Peinture > 18e siècle
Huile sur toile
47 x 63 cm.
Provenance : Legs Albert Pomme de Mirimonde au musée du Louvre (inv. R.F. 1985-74) , affecté au musée de Tours par décision testamentaire en 1986.
Inv. : D. 986-1-8
L’esquisse de ce tableau, provenant du legs d’Albert Pomme de Mirimonde, est entrée dans les collections du musée de Tours en 1986 avec son pendant L'Adorations des Rois Mages.
Les historiens d'art ont souligné les rapports existants entre une dizaine de tableaux, tous de sujets religieux, et réalisés par Pierre Subleyras au cours de ses premières années d’apprentissage dans le midi de la France : « Ces dix tableaux se distinguent par un goût très marqué pour les contrastes vigoureux d’ombres et de lumières (révélateurs pour certains auteurs de l’influence du caravagisme) et une exécution rapide et robuste, parfois encore malhabile mais non sans saveur ». Les deux esquisses de Tours qui appartiennent à cet ensemble sont en effet d’une présence et d’une force étonnantes. La personnalité de l’artiste, sa maîtrise de la composition et de la mise en place de la lumière, sont saisissantes, on comprend bien devant ces deux tableaux pourquoi Dezallier d’Argenville écrit en 1762 dans la notice qu’il consacre à Subleyras : « il fit dès le jeune âge des compositions de tous les sujets de l’histoire sacrée et profane qui sentoient déjà le grand maître ».
L’héritage italien, transmis par son maître Antoine Rivalz est ici manifeste, notamment dans le groupe d’hommes très caravagesque placé à droite dans l’Adoration des Mages, mais également dans le traitement des drapés aux plis cassés tels du papier froissé, à la manière de Schedone, bien visibles en particulier pour la tunique de la Vierge dans Le Songe de Joseph. La lumière modulée en forts contrastes confère à ces deux œuvres une présence intense, une impression de grandeur spirituelle assez troublante. Subleyras place dans ces deux esquisses des masses sombres presque noires, d’où surgissent les figures aux couleurs éclatantes. La palette savoureuse et savante montre à quel point l’artiste domine déjà ce sujet. Des empâtements légers aux accents dorés font vibrer les couleurs, font "bouger" les personnages. On peut noter certes quelques maladresses, notamment dans Le Songe de Joseph, pour la représentation de la main gauche de l’ange trop longue, trop fine ou dans celle du torse de Joseph, mais la force qui se dégage de ces deux esquisses supplée amplement à ces incorrections.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008