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Huile sur toile
177 x 133 cm.
Legs Merville, 15 octobre 1913
Inv. 913-1-1
Issu d’une famille d’artistes, Marcel Baschet et le fils de Ludovic Baschet, peintre-décorateur et fondateur de la revue illustrée. En 1879, il entre dans l’atelier de Jules Lefebvre à l’Académie Julian, puis dans celui de Gustave Boulanger à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Prix de Rome en 1883 avec Œdipe maudissant son fils Polynice, il abandonne la peinture académique à son retour de Rome en 1888 et se consacre exclusivement à l’art du portrait. Il avait commencé à exercer ce genre avec une représentation devenue célèbre de Claude Debussy (Rome, villa Médicis), son condisciple à Rome, exécutée en 1884 lors de leur séjour commun. Sa première participation au Salon des artistes français- où il expose jusqu’en 1941- avec le portrait de Mme Vendryès, sa grand-mère, lui vaut en 1889 une médaille de deuxième classe. La même année, il devient professeur à l’académie Julian et débute, en 1890, un travail de décoration au théâtre d’application de Paris.
Sa carrière de portraitiste, entamée par l’évocation de ses proches, des familiers de la maison de Gagny, où Ludovic Baschet reçoit fréquemment la visite d’artistes, de musiciens, de poètes ou de critiques, se développe progressivement au profit de figures plus officielles.
Parallèlement, il aborde la technique du pastel, qui lui rend une liberté qu’il ne retrouve pas dans l’exercice de la peinture. Cependant, c’est avec ce mode d’expression qu’il atteint la maturité artistique qui lui vaut sa célébrité. De la mélancolique Mme Grosclaude (1906) au puissant Jean Richepin (1916, musée de Bordeaux), c’est une vaste galerie que le peintre constitue en près de cinquante années d’activité, fixant l’effigie officielle de nombreuses personnalités.
Il explore tour à tour le monde de la politique ( Millerand, 1922 ; Doumergue, 1926 ; Poincaré, 1932 ; Branly, 1939…), celui des officiers supérieurs ( le général Lyautey, 1915 et 1932 ; le général Gouraud, 1919 ; le maréchal Foch, 1925), celui des représentants de la vie artistique, intellectuelle, sociale, mondaine ( Ambroise Thomas, 1895 ; Jules Lefebvre, 1905 ; Henri Rochefort, 1908 ; Maurice Donnay, 1913, marquis de Dion, 1911 ; Duchesse de Brissac, 1927…)
Les institutions artistiques confirment son succès par l’attribution de médailles et de récompenses. Il obtient une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900, une médaille d’honneur au Salon de 1908 avec le Portrait d’Henri de Rochefort. (Paris, musée du Petit Palais). Elu membre de l’institut en 1913, il est fait chevalier (1898), puis officier (1910) et enfin commandeur de la Légion d’honneur en 1926.
Marcel Baschet effectue la synthèse entre l’art de Léon Bonnat et celui de Jules Lefebvre, son maître. Grâce à une technique irréprochable et une maîtrise confirmée du dessin, il donne à ses portraits, généralement composés avec simplicité, sur fonds neutres le plus souvent dépourvus de décor et de profondeur, une élégance altière alliée à une forte présence.
Portrait du Président Merville :
En juin 1913, la Ville de Tours reçoit le legs très important de Mme Merville consenti en souvenir de son mari, Originaire de Tours, Félix-Nicolas Merville (Tours, 1818 - Paris 1892) est nommé conseiller à la Cour de Cassation le 14 novembre 1869. Après une brillante carrière (avocat à Paris en 1840, procureur de la République à Orléans en 1848, avocat général à Amiens en 1849, premier avocat général à Lyon en 1860, à Aix en 1863), il est président de chambre à la Cour de cassation en 1889. Sa collaboration assidue à la Revue pratique, à laquelle il livre de nombreux et importants articles, fait autorité. Le don de Mme Merville concerne l’hospice général et le bureau de bienfaisance, dotés de la somme de 200 000 francs, et le musée des Beaux-Arts. Celui-ci bénéficie d‘une soixantaine d’œuvres d’art, peintures, dessins, gravures, essentiellement du 19e siècle, provenant soit de l’appartement parisien situé au 1, rue de Courty dans le 7e arrondissement, soit du château de Beauvais, propriété du couple en Touraine.
La composition de la collection révèle une prédilection pour le domaine nordique (Leykaërt ; Van Haanen ; Van Waarden) mais aussi pour le paysage (Noël ; Rosier ; Veyrassat ; Berchère).
Daté de 1891, le portrait du président Merville apparait comme un précoce exemple dans les figures à caractère officiel peintes par Marcel Baschet, qui n’y exprime pas encore la liberté de ton qui fera sa renommée. Il donne au modèle une pose statique qu’il reprend pour le Portrait du professeur Pierre Marie (1913, Paris faculté de médecine) empreinte d’une dignité comme figée par le port de l’imposante robe qui prend ici une dimension symbolique doublée d’une valeur décorative majeure. Il perpétue ainsi la tradition de l’effigie d’apparat selon un type de représentation longuement éprouvé dans les périodes précédentes. Une distance avec le spectateur est imposée par le recul du plan sur lequel l’artiste place le sujet, lui donnant toute sa hauteur. A partir de 1910, Baschet adopte un cadrage plus resserré, qui instaure une plus grande proximité spatiale avec le personnage, suggérant une relation personnalisée.