UA-10909707-12
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Huile sur toile
36,5 x 44,5 cm.
Envoi de l'Etat, 1912
Inv. D 1912-1-1
Petit-fils de John Abat, un important marchand de la Nouvelle-Orléans, élève de Gustave Moreau, de Chartran et de Maignan, à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1894 à 1896, Hugues de Beaumont s’exprime simultanément à travers des portraits, des scènes de genre et des natures mortes qu’il expose régulièrement aux Salons depuis 1895. Il remporte une mention honorable au Salon des artistes français en 1899 avec une Chambre de malade et Intérieur de l’église Saint-Etienne à Toulouse, puis rejoint la Société nationale des Beaux-Arts en 1902, dont il devient membre du jury en 1913. A partir de 1933, il participe au Salon des indépendants dont il est avec Goulinat, un des membres fondateurs.
En 1895, avec un Effet de crépuscule, puis en 1897, l’artiste remporte le prix Troyon de paysage, décerné par l’Académie des Beaux-Arts. Sa prestation en 1895 est remarquée par la critique qui en donne un compte rendu élogieux, la presse contemporaine accordant une place importante à cet évènement artistique parisien, auquel se soumettent près de soixante-dix peintres. Thadée Natanson donne, dans la Revue blanche, un écho favorable à son Intérieur du Salon de 1897, amorçant le courant d’intérêt dont bénéficient auprès des observateurs les œuvres de Beaumont, lors des expositions annuelles, tant en France qu’à l’étranger. L’artiste participe en effet à plusieurs manifestations internationales ou la peinture française est représentée : à Chicago (1892), à Barcelone (1912), à New-York (exposition du comité Louis Thomas, 1920-1921), à Wiesbaden (1921), à Amsterdam (1926), à Bruxelles et à Tokyo (1928).
Si la première guerre mondiale met un frein provisoire à sa carrière en raison d’une grave blessure reçue devant Bapaume, Beaumont rapporte de ses trois années en captivité à Cassel et de son internement en Suisse en 1917 un ensemble d’études saisissantes, exécutées au fusain, au crayon et à l’aquarelle, et regroupées en 1919 dans un album édité chez Goutagny à Lyon.
Outre les dessins qui constituent certains de ses premiers envois aux Salons, il laisse également des eaux-fortes et des lithographies.
Traitée dans des compositions aux lignes équilibrées, son observation de la réalité qui bénéficie d’un dessin solide, est souvent teintée d’une amère ironie, alternant avec l’évocation empreinte d’émotion de sa propre famille ou d’intérieurs élégants et feutrés dont il se fit longtemps une spécialité.
La Liseuse :
Au Salon de 1906, Beaumont présente un portrait de femme en gris et plusieurs intérieurs, dont le tableau déposé par l’État au musée de Tours, très remarqué par la critique, intitulé tour à tour Etude d’atelier (Boisard, Le monde illustré), La Lecture (Le temps), Dans l’atelier (Roger Marx, le Chroniqueur des arts)…Fourcauld donne dans le Gaulois, l’appréciation la plus complète : [Hugues de Beaumont,] doué d’un beau tempérament, ne réduit pas toujours ses appartements aux rôles de parlantes natures mortes : il y introduit volontiers des visages humains. Un de ses tableaux nous montre, ainsi, une jeune fille feuilletant un livre d’images […]. »
Le caractère intime de la composition lié à l’adoption d’un cadrage resserré qui associe le spectateur à la contemplation des estampes qu’observe la liseuse, est accentué par le recours à une douce tonalité déclinant une gamme raffinée de gris et d’ivoires, ainsi qu’à des accessoires familiers comme la robe d’intérieur du modèle, en réalité l’épouse de l’artiste, et la banquette déjà utilisée dans la Partie d’échecs du Salon de 1904.
Les vues d’intérieur constituent une part importante de la production de l’artiste pendant cette période ; pour cette raison, il est invité la même année à participer à la deuxième exposition de la Société des intimistes, à la galerie Graves, à Paris, où se trouve Laprade, Prinet, Caro-Delvaille, Bonnard et Vuillard.
Beaumont présente à nouveau sa liseuse et des intérieurs chez Hessèle, rue Laffitte à Paris, en 1910, où sont réunis, du 15 novembre au 5 décembre, soixante-sept élèves de Gustave Moreau. Les œuvres de Beaumont y sont alors confrontées à celles de Rouault, Desvallières, Piot, Milcendeau, Camoin, Matisse, ainsi qu’à celles de Raoul Du Gardier, avec qui il exposa à plusieurs reprises.
Le musée de Tours bénéficie en 1926 d’une autre acquisition faite par l’Etat à l’artiste. Il s’agit d’une vue du potager de Beauchêne, propriété familiale du peintre à Rouziers-de-Touraine, qui vient compléter une scène de théâtre achetée par la Ville en 1921 (collection 20e s.).