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Huile sur toile
H. 85,5 cm ; L. 116 cm
Don Edmond de Rothschild, 1912
Inv. 1913-2-1
La famille de ce Breton d’origine résidant à Tours, Camille Boiry bénéficie de 1889 à 1901 d’une bourse de la ville pour faire ses études à l’École nationale des Beaux-Arts où il est l’élève d’Ernest Laurent (1859 – 1929) et de Léon Bonnat (1833 – 1922).
En 1898, il obtient une première médaille pour un concours d’esquisse où il présente une étude inspirée de la mythologie, d’un caractère symboliste, et l’année suivante il remporte le concours Chenavard à l’École des Beaux-Arts. Il expose au Salon de manière épisodique entre 1897 et 1954, obtenant plusieurs distinctions : mention honorable en 1900, médaille de troisième classe en 1907. En 1922, son Marché au Maroc (Tours, musée des Beaux-Arts) se voit attribuer une médaille d’or. Malgré ces succès et la protection d’Edmond de Rothschild, l’artiste connaît des difficultés matérielles, puisqu’il perçoit des secours en 1910, en 1914 et en 1916, ainsi qu’une allocation de guerre jusqu’en 1919. Bien que domicilié à Paris, il est actif sur la scène artistique tourangelle. Membre de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres d’Indre-et-Loire depuis 1911, il participe aux expositions locales, où il présente des portraits.
Les œuvres qu’il montre au début du siècle sont redevables de l’influence de Jean-François Millet (1814-1875) pour le traitement de la lumière et la monumentalité des figures (Vanneurs, Salon de 1908, non localisé ; Joueur de biniou, Salon de 1909, musée des Beaux-Arts de Rennes). Par des éclairages heurtés mettant en valeur le caractère pittoresque des paysages bretons, méditerranéens ou africains dans lesquels il situe ses scènes de genre, il confirme sa prédilection pour les sujets se déroulant en plein air.
Lauréat du Prix colonial du Maroc en 1920, Boiry appartient à cette génération d’artistes qui, grâce aux bourses de voyage dont ils sont bénéficiaires, contribuent par leur production à renforcer l’image d’une Afrique occidentale française.
Sur la plage de Porto-Vecchio
En octobre 1904, Bonnat attire encore une fois l’attention de la municipalité de Tours sur son protégé, recommandant l’acquisition du Gardeur de porcs, l’une de ses productions récentes dont il vante les mérites. Faute de crédits et malgré l’appui de Félix Laurent (conservateur du musée des Beaux-Arts de Tours et directeur de l'école municipale de dessin de 1876 à 1905), la peinture n’est pas retenue, et c’est grâce à la générosité d’Edmond de Rothschild qu’un nouveau tableau de Boiry entre dans les collections en 1912. La pratique de mécénat d’Edmond de Rothschild s’exerce depuis la fin du XIXe siècle en faveur des musées de province auxquels il offre à plusieurs reprises des œuvres d’artistes en devenir, achetés aux Salons, opérant ainsi une double action de soutien aux jeunes peintres et aux institutions moins favorisées, parce qu’éloignées de la capitale.
En 1912 et 1913, Boiry effectue plusieurs séjours en Corse qui lui inspirent diverses compositions, regroupées en décembre 1913 lors d’une importante exposition à la galerie vivien, à Paris. Bien que n’y ayant pas figuré, Sur la plage de Porto-Vecchio appartient à cette série dans laquelle l’artiste restitue, comme il le fera plus tard au Maroc, la dureté de la lumière, exaltant les contrastes colorés au moyen d’ombres denses. Le sujet, pourtant d’une grande modestie, donne à l’artiste l’occasion d’un traitement d’une scène du quotidien où la vibration de la couleur intense de la mer apporte cette note exotique qui caractérise sa production contemporaine.