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Arts graphiques

Francis Poulenc et le Groupe de Six

LA FRESNAY Roger de

Le Mans, 1885 - Grasse, 1925

Francis Poulenc et le Groupe de Six

Plume et encre noire sur papier

38,9 x 31,3 cm.

Legs Rosine Seringe, 2019

Inv. 2019-1-1

Notice complète

Francis Poulenc (Paris, 1899-1963) connait alors qu’il n’a que dix-huit ans un premier succès au théâtre du Vieux Colombier. Sa Rapsodie Négre, lui ferme les portes du conservatoire mais attire l’attention d’Igor Stravinsky qui va l’aider à publier ses premières œuvres. Très rapidement il fait la connaissance des poètes d’avant-garde, Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Paul Eluard, dont il mettra de nombreux textes en musique. En 1920 se crée, sous l'impulsion de Jean Cocteau et d'Erik Satie, un collectif de jeunes compositeurs surnommé par le critique Henri Collet le "Groupe des six", en référence au "Groupe des Cinq" russe, fondé près de soixante plus tôt et qui regroupait notamment Alexandre Borodine, Nicolaï Rinski-Korsakov et Moussorgski. Constitué, de Francis Poulenc,Georges Auric, Louis durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud et Germaine Tailleferre. Les compositeurs qui formaient ce groupe voulaient marquer leur réaction contre le romantisme et le wagnérisme, mais aussi, dans une certaine mesure, contre le courant impressionniste. Ils ne créèrent que deux œuvres collectives : un recueil pour le piano, Album des Six, et un ballet, Les Mariés de la tour Eiffel (sur un texte de Cocteau). Ce ballet sera présenté le 18 juin 1921 au théâtre des Champs-Elysées. Dans cette œuvre deux compositions sont de Francis Poulenc, Discours du Général et La Baigneuse de Trouville.

Ce dessin de Roger de la Fresnaye est daté en 1921, année importante pour le « Groupe des Six » avec cette création. Benoît Seringe, petit-fils de la donatrice de ce dessin au musée, est le détenteur du droit moral de Francis Poulenc. Il nous a confirmé que ce dessin représentait le « Groupe des Six », Francis Poulenc dominant la composition. Pierre Miscevic musicologue spécialiste de Poulenc nous l’a confirmé également. Dans un mail qu’il nous adressé le 26 décembre Benoît Seringe écrit : « Le visage de Poulenc est bien celui de cette époque. Nous pensons avec Pierre [Miscevic] qu’il s’agit bien des Six, plus Cocteau, puisqu’en fait ils étaient sept… Le poupon me semble être Auric. Au centre Poulenc et le dandy est Cocteau (voir le portrait de J.-E. Blanche). Tailleferre est identifiable. Au-dessus d’elle Honegger, du fait de sa chevelure ? En haut à droite Milhaud ? en bas à droite, Durey (mais guère ressemblant…) ».

En 1923 le groupe se sépare et Poulenc compose la musique du ballet Les Biches donné l’année suivante par les Ballets russes de Serge Diaghilev, dans des décors et des costumes de Marie Laurencin. Trois ans plus tard il achète une propriété à Noizay, village situé à une quinzaine de kilomètres de Tours. C’est dans cette maison du « Grand Coteau », qu’il composera la plupart de son œuvre musicale. C’est ici également qu’il recevra ses nombreux amis, en particulier Colette et Cocteau. Il séjournera très régulièrement en Touraine jusqu’à son décès en 1963.

Ce dessin a appartenu à André Lecoeur, ami intime de Francis Poulenc. Le compositeur lui dédie la 5ème des Chansons villageoises et il est l’un des dédicataires de la célèbre œuvre pour piano de Poulenc L'Histoire de Babar, le petit éléphant.

La ville de Tours est très attachée à la mémoire du compositeur, il n’est pas anodin de préciser que le Conservatoire à rayonnement régional de Tours porte le nom de Francis Poulenc. Le musée de Tours conserve un très beau portrait de Francis Poulenc peint par Jacques-Emile Blanche en 1920. C’est à l’occasion d’une visite de Poulenc dans la propriété du peintre à Offranville en Normandie, que ce dernier réalise ce portrait du compositeur en uniforme, car il effectuait alors son service militaire. Francis Poulenc aimait cette image qui lui rappelait sa jeunesse au sein du « Groupe des Six » : elle « reflète bien le jeune homme que j’étais à vingt ans, très gourmand », dit-il, se trouvant « l’air ahuri, un peu égrillard, un peu ivre ». Il offrit ce portrait à une amie tourangelle, Virginie Liénard, qu’il appelait tendrement « Tante Liénard » bien qu’aucun lien de parenté ne le liait à elle. Elle légua cette œuvre au musée en 1935. Rappelons qu’en 1922, Jacques-Emile Blanche réalisera un grand tableau représentant le « Groupe des Six », conservé au musée des Beaux-Arts de Rouen. Roger de la Fresnaye, élève de l’Académie Julian où il se lie avec Dunoyer de Segonzac il suit les cours à partir de 1908 de Maurice Denis et Paul Sérusier à l’Académie Ranson. Dès 1911 il commence à sculpter aux côtés de Maillol. Il participe aux expositions des cubistes de la Section d’Or, animé par Jacques Villon et à la décoration de la Maison cubiste au salon d’automne de 1912. C’est probablement dans ses natures mortes qu’il exprime le mieux ses recherches dans le sens de l’abstraction. Très malade et affaibli durant la Première guerre mondiale il modifie alors son orientation picturale et se consacre essentiellement au dessin ou à des toiles de format modeste et s’éloigne du cubisme pour aller vers une sorte de surréalisme.

La Fresnaye se fait construire un atelier au château de Beauvarnay, (Saint-Nizier-sous-Charlieu) propriété de ses grands-parents à laquelle il est particulièrement attaché. C’est ici qu’il accueille ses amis peintres en particulier Valentine Croos mais aussi musiciens, Georges Aulric, Erik Satie ou encore Francis Poulenc.

On connait un second dessin de Roger de la Fresnaye représentant Francis Poulenc, daté également de 1921. Ce dessin à la mine de plomb (24, 5 x 19,5 cm) a été vendu en décembre 2008 à Drouot.