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Depuis quelques mois, l’équipe du musée s’investit dans une refonte du parcours de visite, accompagnée de travaux de peinture et d’éclairage.
Après le raccrochage des salles sur le paysage et la peinture de Salon à la fin du 19ᵉ siècle, ainsi que l’installation de nouvelles œuvres dans la salle Art Déco, le 2ᵉ étage continue sa transformation avec l’installation d’une salle consacrée à l’artiste et son atelier au 19ᵉ siècle et d’une réouverture de la salle contemporaine dédiée à la Nouvelle École de Paris avec de nouveaux dépôts du Centre national des arts plastiques d’œuvres de Lalan, Tal-Coat, Arpad Senes, Shafic Abboud, Marta Pan…
Tours, musée des Beaux-Arts, cliché Eric Garin,Le 1er étage est également concerné par ces mouvements autour des collections. La salle franco-flamande devient un espace consacré au 16ᵉ siècle européen, prolongé par une salle sur la peinture française du 17ᵉ siècle, en lieu et place de la salle Richelieu. Quant à la salle Foulon de Vaulx, elle s’est refaite une beauté pour mieux mettre en valeur les beaux portraits de Melle Sallé par Van Loo, de Melle Prévost par Raoux et de Mlle Rosalie Duthé par Perin-Salbreux.
Par ailleurs, le musée des Beaux-arts de Tours a la chance d’accueillir des œuvres du musée des Beaux-arts de Valenciennes fermé pour travaux de rénovation. Les visiteurs auront donc le plaisir de découvrir au cours des prochains mois des œuvres de Jean-Baptiste Pater, Michel Barthélémy Ollivier, Jean-Baptiste Carpeaux, Adrienne Grandpierre-Deverzy, Edgar Degas ou encore Natalia Gontcharova.
En cette fin d'année 2020 le musée des Beaux-Arts a fait l'acquisition de quatre nouvelles oeuvres peintes.
Louis de Boullogne. Le Triomphe de Galatée
Le musée des Beaux-Arts vient d'acquérir sur le marché de l'art un tableau de Louis de Boullogne Le Triomphe de Galaté afin d'enrichir son exceptionnelle collection de peinture française du 18e siècle.
Bien que non signé, ce très beau tableau est très certainement l’œuvre de Louis de Boullogne (Paris, 1754-1733). Fils de Louis (1609-1674) et frère de Bon (Paris, 1649-1717), Louis de Boullogne (deuxième du nom) connait une brillante carrière artistique dans le domaine de la peinture d’histoire. Prix de Rome en 1673, reçu à l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture en 1681, Louis participe à la décoration des châteaux royaux de Versailles, Marly, Meudon… La reconnaissance de son talent lui valut d’être nommé directeur de l’Académie et premier peintre du roi en 1722.
Parmi les œuvres qui contribuèrent à la renommée de l’artiste figure une "Galatée sur les eaux", célébrée au Salon de 1699, s’inspirant du "Triomphe de Galatée" peint par Raphaël à la villa Farnésine à Rome. Tirée des "Métamorphoses" d’Ovide, l’histoire relate les amours de la nymphe Galatée et du berger Acis, tragiquement contrariés par la jalousie du cyclope Polyphème.
Le succès du tableau, aujourd’hui perdu, fut tel que Louis de Boullogne en réalisa de nombreuses répliques. La plus célèbre d’entre elles est celle de la collection Motais de Narbonne. L’œuvre acquise par le MBAT s’inscrit donc dans un corpus existant tout en présentant des singularités : dimensions plus grandes, format carré, représentation d’Acis à la place de Polyphème. La découverte de cette œuvre inédite constitue donc un évènement exceptionnel justifiant son acquisition.
Après restauration, l’œuvre viendra compléter la collection du musée des Beaux-Arts de Tours déjà riche d’œuvres des frères Boullogne.
Vidéo de présentation par Jessica Degain ICI
Karl Girardet. Tours. La cathédrale et le palais épiscopal / Vue de la ville de Tours / La Lanterne de Rochecorbon
Le musée des Beaux-Arts de Tours a fait l'acquisition de 3 vues de Tours réalisées entre 1852 et 1854 par le peintre suisse Karl Girardet (1813-1871), dans le cadre d’une commande des éditions tourangelle Mame pour la publication en 1855 du livre illustré La Touraine, histoire et monuments de l’Abbé Bourassé.
Né en Suisse dans une famille de libraires imprimeurs, peintres et graveurs, Karl Girardet gagne Paris en 1822. Elève de Léon Cogniet à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, il s’illustre dans le genre de la peinture d’histoire et de paysage. Protégé par Louis-Philippe, dont il fut le peintre officiel des cérémonies de la cour, l’artiste acquiert dans les années 1830-1840 une réputation de peintre voyageur au gré de nombreux voyages en France, en Italie et en Egypte. A partir de 1842, il devient l’un des principaux illustrateurs de la maison d’édition tourangelle Mame et contribue à l’ouvrage de l’abbé Bourassé, "La Touraine, histoire et monuments", paru en 1855 dans la continuité des voyages pittoresques du baron Taylor, en édition de luxe à ambition artistique.
Parcourant la région, Girardet réalise plusieurs peintures à l’huile alliant détails anecdotiques, véracité historique et goût pour les scènes de la vie quotidienne, formant ainsi de précieux témoignages de la Touraine au milieu du 19e siècle. Il est généralement avancé que ces tableaux servirent de support aux gravures réalisées par son frère Paul, J.J. Outhwaite et Doherty afin d’illustrer l’ouvrage de Bourassé qui connut un immense succès, mais il est également possible que Girardet ait peint ses vues dans le but de la vendre de manière indépendante. Le tableau Vue de la cathédrale de Tours fut exposé à l’Exposition Universelle de 1855 et l’éditeur reçoit à cette occasion la Grande médaille d’honneur. Le livre est imprimé à mille exemplaires et les planches sont tirées à part. Ces gravures seront largement reprises dans d’autres ouvrages mais aussi par divers artistes, comme le montre le tableau de William Dommersen (inv.1985-4-1) s’inspirant assez librement de la gravure d’après la Vue de la cathédrale de Tours de Karl Girardet.
Les trois tableaux viendront rejoindre la salle du musée consacrée à la Touraine qui sera entièrement repensé à cette occasion.
François Cheng, Du vrai échange naît l’Infini
En 2018, le poète et écrivain chinois François Cheng avait accepté d’exposer pour la première fois ses calligraphies dans un musée en raison de son attachement à la ville de Tours et au musée des Beaux-Arts (Les encres poétiques de François Cheng, 5 octobre 2018 - 7 janvier 2019). C’est à la suite de cette exposition qu’il a souhaité faire don de l’une de ses œuvres au musée : Du vrai échange naît l’Infini, 65,8 x 29,5 cm., encre de Chine sur papier de riz, 1998.
Dans ses calligraphies, le poète compose sa propre partition musicale, inscrivant ces mots comme des notes qui s’égrènent dans l’espace. Ces signes sont à la fois légers, aériens, semblant flotter dans l’azur, mais aussi lyriques et forts, intenses. On ressent devant ces feuilles le plaisir de manier le pinceau, d’amener doucement l’encre avec ses nuances multiples, ses transparences, à inscrire un signe, à laisser une trace définitivement sur le papier.
Roger de La Fresnay, Francis Poulenc entouré du Groupe des Six
Cette mêmme année 2019, une seconde œuvre, léguée par madame Rosine Seringe, nièce du compositeur Francis Poulenc, vient enrichir les collections d’art graphique du musée.
Il s’agit d’un dessin à la plume et encre noire (38,9 x 31,3 cm.) de Roger de La Fresnaye (Le Mans, 1885 – Grasse, 1925) représentant Francis Poulenc entouré du Groupe des Six, en 1921.
Créé en 1920 sous l’impulsion de Jean Cocteau, le Groupe des Six, collectif de jeunes compositeurs, était constitué de Francis Poulenc, Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud et Germaine Tailleferre. Cette année 1921 est importante pour le groupe car elle correspond à la création du ballet Les Mariés de la tour Eiffel, œuvre collective sur un texte de Jean Cocteau.
Le musée conserve déjà un très beau portrait du compositeur Francis Poulenc, peint par Jacques-Emile Blanche en 1920.
Les collections du musée des Beaux-Arts de Tours viennent de s'enrichir d'une nouvelle œuvre grâce aux Amis de la Bibliothèque et du Musée. L'association a en effet pu acheter en vente publique (Hôtel des ventes Giraudeau, Tours, le 15 septembre 2018) une huile sur toile d’Eugène Thirion (1839-1910) intitulée La Céramique, directement liée au patrimoine architectural de notre ville puisqu’il s’agit d’une petite esquisse (H. 31,1 cm L. 26,2 cm) pour le décor de la salle des mariages de l’hôtel de ville de Tours.
Elle s'ajoute à la récente acquisition esquisse de Georges Clairin (1843-1919) réalisée vers 1888-1889 pour le décor de l’escalier d’honneur du Grand Théâtre.
Le peintre parisien Eugène Thirion a reçu la commande du décor de l’abside de la salle des mariages de l’hôtel de ville en 1899 et l’a terminé en 1902, date inscrite avec sa signature au bas des toiles.
La Céramique – panneau de gauche du triptyque avec son pendant, L’Imprimerie (H. 3,20 ; L. 2,86 m chacune) – encadrent la composition principale, qui représente l’assemblée des grands hommes de la Touraine.
Àgé de 50 ans en 1899, Thirion était alors un artiste reconnu, auréolé d’un beau parcours académique : entré à l’Ecole des Beaux-Arts en 1857, élève de Gleyre et de Picot, il ne parvint pas à remporter le prix de Rome, mais exposa au Salon dès 1861. Il reçut rapidement des récompenses (Légion d’honneur en 1872, médaille d’Argent aux Expositions universelles de 1878 et 1889) et des commandes, notamment pour des peintures relevant de la décoration monumentale. Il participa ainsi au décor de l’hôtel particulier de la Païva, de l’Eglise de la Trinité (1870-1873), de l’Opéra (1878), de l’hôtel de ville du 12ème arrondissement de Paris (1879-1880), du Salon des Lettres de l’Hôtel de Ville de Paris (1891) …
Lié d’amitié avec l’architecte de l’hôtel de ville de Tours, Victor Laloux (les deux hommes se côtoyaient à Montigny-sur-Loing, où ils avaient tous deux une propriété), le peintre a décoré d’une composition florale la villa de l’architecte, tandis que ce dernier a dessiné le tombeau de la famille Thirion, situé dans le cimetière de Montigny.
Le musée des Beaux-Arts de Tours conserve trois peintures d’Eugène Thirion :
Le Corps de saint Sylvain recueilli et conduit sur le Tibre dans une barque 1864
huile sur toile ; H. 136 ; L. 243 cm
(achat de l’Etat, Salon de 1864 ; envoi au musée de Tours, 1864)
Judith victorieuse, 1873
huile sur toile ; H. 205 ; L. 122 cm
(achat de l’Etat au Salon de 1873 ; envoi au musée de Tours, 1874).
Judith, 1897
huile sur toile ; H. 51 ; L. 27,5 cm
(legs de Mme Victor Laloux, 1948).
Cette dernière œuvre, une esquisse pour une seconde Judith (distincte de celle de 1873 que conserve le musée), présente certaines affinités avec l’étude pour La Céramique, dont elle est d’ailleurs contemporaine. La monumentalité simple de la figure féminine qui domine les deux compositions dut plaire à Victor Laloux, à qui cette petite Judith a appartenu.
La provenance de l’esquisse pour La Céramique n’est en revanche pas connue : la maison de vente l’a trouvée dans une succession parisienne, mais on ne sait rien de son historique antérieur.
Le Musée des Beaux-Arts de Tours vient d’enrichir ses collections grâce à deux belles acquisitions de nature très différente : d’une part, une esquisse de Georges Clairin (1843-1919) pour le décor du Grand Théâtre de Tours, achetée en vente publique par l’association des Amis de la Bibliothèque et du Musée des Beaux-Arts de Tours ; et d’autre part neuf œuvres données directement par l’artiste contemporaine Isabelle Champion Métadier (née en 1947).
Lors d’une vente aux enchères organisée au Château de Vaux-le-Vicomte, les Amis de la Bibliothèque et du Musée des Beaux-Arts de Tours se sont porté acquéreurs, pour le musée des Beaux-Arts de Tours, d’une peinture de Georges Clairin réalisée vers 1888-1889 comme esquisse pour le décor de l’escalier d’honneur du Grand Théâtre. Elle est composée en trois parties représentant, à gauche, une scène de théâtre au Moyen-Âge ; au centre, Le Cardinal du Bellay présentant Rabelais à François Ier ; et à droite, des célébrités tourangelles (Alfred de Vigny, Trousseau, Avisseau). Cette huile sur papier marouflé sur toile mesure 70 cm de haut sur 116 cm de large.
Le Grand Théâtre de Tours, inauguré en 1872, a été ravagé par un incendie en 1883 et reconstruit pour être de nouveau inauguré en 1889. C’est à Georges Clairin que la Ville de Tours confia la totalité du décor peint de ce nouveau bâtiment. Il réalisa les grandes toiles qui ornent, outre le mur du palier de l’escalier d’honneur, le plafond de ce même escalier, Triomphe de la Touraine (œuvre pour laquelle le musée conserve déjà une esquisse d'un style très proche de celle qui vient d'être acquise), le plafond de la grande salle à l’italienne, Allégorie de la Danse, de la Musique et de la Tragédie, et enfin celui du foyer, Allégorie du Commerce, de l’Industrie et des Arts.
Isabelle Champion Métadier, artiste née à Tours en 1947 et vivant aujourd’hui à Paris, a fait preuve à plusieurs reprises de son attachement à sa ville natale et au musée des Beaux-Arts de Tours. Dès 2000, à la suite d’une exposition organisée l’année précédente, elle avait offert au musée deux peintures de grand format : Fragment I, le printemps et Fragment VI, l’été, appartenant à une série de sept œuvres exécutée lors d’un séjour au Cap Brun entre juin et septembre 1990.
Afin de réunir cette série intitulée Fragments, Isabelle Champion Métadier a proposé de donner au musée des Beaux-Arts de Tours les cinq grands formats qui restaient encore en sa possession : Fragment II, l’été (1990), Fragment III, l’automne (1990-1997), Fragment IV, l’hiver (1990-1995), Fragment V, le fou du roi (1990-1995). L’ensemble a été soumis à la Commission scientifique régionale des musées acquisition en septembre 2017, et accepté à l’unanimité.
A l’occasion d’une visite de la conservation du musée à l’atelier de l’artiste, cette dernière a fait part de son désir de compléter ce don par celui d’une série de cinq pastels à l’huile sur papier kraft, études préparatoires pour la série Fragment de 1990. L’entrée de ces œuvres dans les collections du musée des Beaux-Arts de Tours fait de lui désormais le propriétaire du plus important ensemble d’œuvres de l’artiste dans les collections publiques.
Plusieurs oeuvres de Pierre Buraglio ont enrichi les collections du musée en 2015 grâce notamment à la générosité de l’association des Amis de la Bibliothèque et du Musée des Beaux-Arts de Tours qui a permis l’acquisition du tableau Rue Clément Marot, mais aussi à celle de l’artiste lui-même qui a souhaité offrir au musée une peinture faisant appel au même procédé de réutilisation d’éléments plastiques, For over stand, et deux sérigraphies représentant la Déposition du Christ inspirées du Retable d’Issenheim, polyptyque peint vers 1515 par Matthias Grünewald et conservé aujourd’hui au musée Unterlinden de Colmar.
Ce vitrail en forme de médaillon de Victor Saché (1876-1945), réalisé d’après la Vierge à la chaise de Raphaël, a été offert au musée par les descendants du maître-verrier. Victor Saché fut élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Tours avant de travailler dans le célèbre atelier de peinture sur verre animé de 1848 à 1892 par les peintres et verriers Lobin, établi rue des Ursulines. Le musée des Beaux-Arts possède déjà dans ses collections plusieurs huiles sur toile et dessins de Julien-Léopold Lobin (1814-1864), ainsi que des vitraux réalisés par son fils Lucien-Léopold Lobin (1837-1892), mis en place au premier étage de la tour gallo-romaine, dans l’ancien oratoire des archevêques. Ce vitrail d’une grande finesse d’exécution et représentatif de la production de l’atelier tourangeau vient ainsi compléter judicieusement ce fonds.
Le musée vient de recevoir en dépôt pour trois ans, grâce à la générosité d'un collectionneur européen une oeuvre exceptionnelle exécuté par François Lemoyne (1688-1737) Le Sacrifice d'Iphigénie (1728).
Cette composition gravée par L. Cars et portant la mention « tirée du cabinet Bouret » a été décrite en 1764 comme « un des plus beaux tableaux de chevalet de l'auteur, la finesse du dessin, la suavité de la couleur, la justesse et la noblesse des expressions et en général toutes les parties de la peinture s'y trouvent rassemblées ». En comparaison avec la représentation faite par Charles de La Fosse sur le même sujet pour Versailles, la composition pyramidale de Le Moyne peut sembler manquer d'un peu de monumentalité et d'intensité dramatique. Mais elle offre, en revanche, une plus grande diversité et une élégance dans les postures et un charme poétique dans la narration de cet épisode mythologique faisant apparaître Artémis substituant une biche à Iphigénie, le prêtre et ses assistants stupéfaits et un Agamemnon désespéré accompagné par sa femme Clytemnestre s'évanouissant.
L'oeuvre de Le Moyne permet également la comparaison avec une autre version française exceptionnelle de ce sujet très « populaire »: le chef d'oeuvre baroque de Carle Van Loo peint en 1757 (Nouveau Palais de Potsdam).
Une esquisse à l'huile du Louvre, première pensée pour ce tableau; (26 x 33 cm.) révèle une virtuosité et une fluidité dans la touche de Le Moyne qui annonce la manière de Fragonard.Cette esquisse préparatoire classée MNR (« Musées Nationaux Récupération ») est déposée depuis 1997 par le Musée du Louvre au Palais des Beaux-Arts de Lille.
Un boîtier en or d'une montre de poche de la fin du 18e siècle (Usher Art Gallery de Londres) a été décorée avec une reproduction en émail de cette œuvre et une tapisserie de laine réalisée à partir d'un détail de la composition de Le Moyne a été vendue à Drouot à Paris le 20 mars 1967
Dépôt, collection particulière européenne, Courtesy Nicolas Joly Art Conseil
Huile sur toile, 117,5 x 201 cm (chacune)
C’est vers 1711 que Philippe d’Orléans commanda à Antoine Coypel une série de cinq tapisseries sur le thème de L’Iliade. Affaibli et malade, l’artiste ne put réaliser que ces deux modèles.
La restauration de ces oeuvres a été programmée à l’occasion de leur prêt pour l’importante exposition, organisée par le musée du Louvre-Lens du 27 mars au 22 juillet 2019, consacrée à Homère, auteur de L’Iliade et de L’Odyssée.
Les cadres, encrassés et fragilisés, ont été nettoyés, les assemblages consolidés et la dorure refaite. Les toiles présentaient d’anciennes restaurations altérées et disgracieuses nécessitant une intervention de reprise des couleurs. Enfin la pose d’une protection à l’arrière des toiles évitera les vibrations lors du transport.
Les frais de ces restaurations ont été pris en charge par le musée du Louvre-Lens.
Le musée de la Révolution française de Vizille (Isère) a sollicité le dépôt de cette sculpture représentant une figure emblématique de cette période. Louison Chabry, jeune bouquetière de dix-sept ans, est l’une des nombreuses femmes qui prirent part aux fameuses journées d’octobre 1789 connues sous le nom de « marche pour le pain », où une foule de plusieurs milliers de personnes, se rendit à pied à Versailles pour réclamer au roi la fin de la disette.
Ce modèle en plâtre, entré dans nos collections dès 1892, fut exposé par l’artiste au Salon de 1889 et servit à la mise au point du marbre. Il présente aujourd’hui des fissures, des cassures et un encrassement généralisé. La restauration envisagée, financée par le musée de Vizille, lui redonnera l’aspect nécessaire à sa présentation.
Marcel Gaumont (Sorigny, 1880 – Paris, 1962)
Maquette de fontaine pour la Casa Velasquez, 1935
Plâtre avec armatures en bois et filasse
Don de l’artiste, 1937
Le sculpteur tourangeau Marcel Gaumont réalisa en 1935 cette maquette pour un grand pilier destiné à orner une fontaine dans le patio de la Casa Velasquez, à Madrid. Ses faces portent de nombreuses scènes illustrant des épisodes de la mythologie grecque, traitées en relief dans le style élégant et précis qui caractérise l’art de Gaumont. Vous pouvez admirer d’autres œuvres de ce pionnier du courant Art déco au deuxième étage du musée, dans la salle consacrée à l’art de la première moitié du XXème siècle.
Cette sculpture est l’une des plus importantes de la collection du musée des Beaux-Arts. Elle ne souffre d’aucun problème structurel, mais son aspect de surface mérite d’être amélioré. Le plâtre présente en effet quelques griffures et des traces de stylo notamment dans la partie basse de l’œuvre, la plus accessible aux mains des visiteurs. On constate également un certain degré d’encrassement, dû probablement à la présence d’un revêtement d’aspect un peu gras, qui a pu agglomérer la poussière au fil du temps.
Les restaurateurs Paul Verdier et Alma Huber, à qui cette opération a été confiée, sont diplômés du Cursus de restauration des œuvres sculptées (CROS) de l’Ecole supérieure d’art et de design de Tours-Angers-Le Mans (ESAD-TALM). Ils vont procéder à un dépoussiérage d’ensemble, puis à un nettoyage localisé sur les zones les plus encrassées. Ils réaliseront enfin des comblements sur les griffures et les éclats, ainsi que des retouches pour harmoniser l’ensemble.
MBAToursLe musée vient de recevoir en dépôt pour deux ans, grâce à la générosité d'un collectionneur européen, un grand Portrait de Catherine-Rosalie Gérard Duthé peint par Lié-Louis Périn- Salbreux en 1776 faisant écho au portrait de cette danseuse de la collection du musée des Beaux-Arts de Tours, réalisé par le même artiste en 1775.
Peintre de portraits et miniaturiste, Périn-Salbreux fait son premier apprentissage à Reims, sa ville natale, auprès de Jean-François Clermont. Il fréquente ensuite à Paris l’atelier de Lemmonnier et de Sicardi. Mais c’est probablement Alexander Roslin qui aura le plus d’influence sur le portraitiste. Ils travaillent en collaboration étroite, Roslin le chargeant de copier en miniature plusieurs de ses portraits. Le musée du Louvre conserve un bel ensemble de miniatures sur ivoire réalisé par cet artiste, Portrait du sculpteur Houdon, Portrait de la duchesse de la Rochefoucault… Il expose à trois reprises ses miniatures au Salon, en 1793, 1795 puis 1799, année où il choisit de quitter définitivement Paris pour revenir s’installer à Reims.
Périn-Salbreux réalisa de nombreux portraits de la célèbre danseuse Rosalie Duthé dont plusieurs conservés au musée des Beaux-Arts de Reims. Catherine Rosalie Gérard (Paris, 1752- 1820), courtisane célèbre contemporaine de la Guimard, commence une carrière de danseuse en 1767 dans le corps de ballet de l’Opéra sous le nom de Duthé, mais en tenant des rôles modestes de figuration. Ses contemporains la décrivent sans talent et sans esprit mais lui reconnaisse une beauté tout à fait exceptionnelle. Maîtresse du jeune comte d’Artois, futur Charles X, du duc de Durfort, du marquis de Genlis, du duc de Chartres, du Prince du Danemark, du Prince de Nassau, du Prince de Galles, puis de quelques richissimes Anglais lorsqu’elle émigra à Londres. Il existe un grand nombre de portraits de « La Duthé » par Fragonard, François-Hubert Drouais, Greuze, Prud'hon, l’un des plus célèbres étant sans doute celui peint par Henri Pierre Danloux, (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle). Fine et intelligente, contrairement aux clichés véhiculés notamment par les Goncourt, la jeune femme sut conduire sa vie de courtisane avec beaucoup d'habileté et de discernement ainsi que Danloux en a témoigné.
En 1775, Bachaumont (1690-1771, écrivain, critique d'art) dans ses Mémoires secrets évoque deux fois la Duthé, la qualifiant une première fois de « courtisane connue » puis de « courtisane à la mode ». Lié-Louis Périn-Salbreux, protégé du comte d'Artois, réalisa plusieurs portraits de Rosalie Duthé entre 1775 et 1778, et c’est une nouvelle fois à Bachaumont que l’on doit la description de deux d’entre eux peints la même année que le portrait en ovale conservé à Tours : « 17 septembre 1775. Un peintre nommé Perrin, peu connu, cherche à se signaler par le portrait de la Demoiselle du Thé, la courtisane à la mode. Il en a fait deux, qu’il montre aux amateurs : l’un est très grand, où il la représente en pied, parée de tout le luxe des vêtements et dans le costume à la mode, l’autre plus petit, où il la met nue, avec tous les détails de ce beau corps si connu malheureusement, que le peintre ne fait rien voir de nouveau à personne ».
Ce portrait en pied montre la danseuse dans un intérieur luxueux, le bras gauche posé devant le socle de la statue de L'Amour menaçant (sculpté en 1757 par Falconet pour Madame de Pompadour) et tenant une couronne de roses dans la main droite. Rosalie Duthé porte une robe ample de soie et taffetas argenté qui accroche la lumière. Les traits du visage se retrouvent sur le portrait en médaillon conservé au musée de Tours et réalisé un an auparavant. Ce portrait est vraisemblablement la première étude qui sera ensuite utilisée par l’artiste pour des œuvres de grands formats. Le cadre estampillé E. Levert et S.Vasseur a probablement été conçu spécialement pour ce portrait, la guirlande de fleurs sculptées reprenant la même variété de volubilis accrochés aux cheveux de Mademoiselle Duthé.
Le musée des Beaux-Arts consacre désormais une salle à la 1ère moitié du XXème siècle, permettant aux visiteurs de passer de manière plus logique et plus douce des salles consacrées au XIXème siècle à celles présentant des œuvres d’art moderne et contemporain, au deuxième étage du bâtiment.
Deux toiles de Henri MARTIN, l’un des plus importants représentants du post-impressionnisme, témoignent des recherches de ce peintre sur la décomposition des tons en petites touches de couleur pure, faisant évoluer l’impressionnisme vers ce que l’on a appelé le pointillisme. Maurice DENIS et Edouard VUILLARD ont connu des évolutions différentes après leurs débuts communs au sein du groupe des Nabis. Le premier a théorisé le « néo-traditionnisme », terme de son invention qui désigne un idéal mêlant de respectueuses références à l’art ancien (ici l’Antiquité grecque) et la modernité de certaines audaces formelles : couleurs vives, formes synthétisées et cernées d’un trait sombre… Vuillard, de son côté, ose aller, dans son esquisse pour le décor du théâtre du Palais de Chaillot, jusqu’à la dissolution des motifs dans la couleur. Tous deux se rejoignent néanmoins dans le souci du caractère décoratif de leurs œuvres, vu comme une qualité nécessaire à l’embellissement de la vie et non comme un asservissement de l’art à des nécessités qui lui seraient extérieures.
Cette préoccupation se retrouve dans le style judicieusement dénommé Art déco, mais avec d’autres principes plastiques : il s’agit cette fois de rationaliser les formes en les faisant tendre vers des lignes et des volumes géométriques, sans jamais renoncer à la figuration. Le sculpteur tourangeau Marcel GAUMONT, qui fut l’un des plus précoces acteurs de ce mouvement, puise son inspiration dans des sujets et une iconographie antiques, qu’il traite avec une grande clarté et une sereine élégance. Américain installé à Saché, Jo Davidson rend hommage à sa défunte épouse en la représentant de manière très stylisée, sur une sorte de stèle en faible relief. Portraitiste renommé, il cherche en revanche à donner du peintre André Derain une image d’un réalisme vigoureux, accentué par les rehauts de peinture posés sur la terre cuite. Enfin, Bernard BOUTET DE MONVEL atteint un si haut niveau de rigueur dans le jeu des lignes dessinant sa vue de New York en contre-plongée que le basculement vers une pure abstraction géométrique devient une possibilité logique, en quelque sorte une simple question de degré dans l’élaboration des formes.
La plupart des sculptures et tableaux sélectionnés n’étaient plus exposés ces dernières années (Maurice Denis, Boutet de Monvel, Henri Martin), et certains n’ont que rarement été présentés au public (reliefs décoratifs de Marcel Gaumont, buste par Davidson).
Après plusieurs mois passés en réserve ou dans diverses salles du musée en raison des expositions temporaires présentées au rez-de-chaussée, les Primitifs italiens sont de retour dans les salles qui leur sont habituellement réservées. Ces espaces, entièrement repensés, forment un écrin remis à neuf pour l'une des plus belles collections françaises de Primitifs italiens.
Un nouvel accrochage est également proposé pour les salles consacrées à l'art en Touraine au Moyen-Âge et à la Renaissance. On sait que la présence du roi et de la cour dans notre région a entraîné à cette époque une véritable floraison artistique. Il n’en reste malheureusement que peu de témoignages en raison des destructions causées par les guerres de Religion, puis la Révolution française et la Seconde Guerre mondiale. Le musée des Beaux-Arts de Tours a néanmoins eu la chance de pouvoir enrichir ses collections au cours de la dernière décennie par l’acquisition de quatre œuvres exceptionnelles autour desquelles s’organisent les salles :
- en 2006, une Vierge de Pitié en tuffeau (fin du XVe siècle) provenant de Villeloin (Indre-et-Loire), classée Monument Historique et acquise avec l’aide du FRAM Centre ;
- en 2007, deux panneaux peints par Jean Bourdichon et son atelier, Christ bénissant et Vierge en oraison, classés Trésors Nationaux, entrés dans ses collections grâce au mécénat de PGA Motors ;
- en 2011, une Vierge à l’Enfant en albâtre, sculptée en Touraine vers 1520, achetée avec l’aide du FRAM Centre et de la Fondation Pays de France du Crédit Agricole.
Autour de ces chefs-d’œuvre se déploie un ensemble de sculptures appartenant aux collections du musée ou mises en dépôt par la Société archéologique de Touraine, ainsi que deux vitraux et un panneau peint.
Enfin, une petite salle propose un saut dans le passé pour évoquer ce que fut le somptueux décor de la collégiale Saint-Martin aux XIe-XIIe siècles, autour d’une fresque représentant saint Florent, provenant de la Tour Charlemagne. Dans cet espace est exposée l’une des acquisitions les plus récentes du musée : une crosse pastorale en cuivre doré et émaillé, datant du XIIIe siècle, trouvée près de l’abbaye de Cormery, qui dépendait de l’abbaye Saint-Martin de Tours. Cette œuvre a fait l’objet d’une restauration qui lui a rendu tout son éclat.
Prêté à l’exposition de Luxembourg et d’Aix-la-Chapelle, la Vierge de douleur va prochainement faire l’objet d’une étude au Centre national de recherches des Primitifs flamands de l’Institut Royal du Patrimoine artistique à Bruxelles (IRPA). La réflectographie infrarouge permettra de révéler le dessin sous-jacent et d’affiner l’attribution de cette peinture aujourd’hui classée comme une œuvre de l’atelier d’Albercht Bouts (vers 1410-1549).
Dans le cadre du Chantier des collections, le musée déménage une partie de ses collections vers de nouvelles réserves externalisées. Parmi celles-ci deux grandes maquettes en plâtre.
Georges Delperrier (1865-1936)
Maquette pour un fronton du Château d'Artigny
1m52 x 5m45
Etienne-Henri Dumaige (1830-1888)
Maquette en plâtre pour la statue de Rabelais
Hauteur 2m10
[Le Musée en mouvement]
Dans le cadre du Chantier des collections, le musée déménage une partie de ses collections vers de nouvelles réserves externalisées.Parmi celles-ci deux grandes maquettes en plâtre.
Georges Delperrier (1865-1936)
Maquette pour un fronton du Château d'Artigny
1m52 x 5m45
Etienne-Henri Dumaige (1830-1888)
Maquette en plâtre pour la statue de Rabelais
Hauteur 2m10
Les réserves actuelles du musée des Beaux-Arts sont à la fois insuffisantes et dispersées sur les cinq niveaux du bâtiment. Elles sont composées d'une succession de petits volumes qui ne permettent pas de conserver les oeuvres dans des conditions satisfaisantes de climat, manipulation et consultation.
La ville de Tours, avec le soutien de la communauté d'agglomération Tour(s) Plus, du conseil régional du Centre et du ministère de la Culture et de la Communication, a donc décidé de réhabiliter l'ancien site du Crédit Lyonnais à Saint-Avertin afin de créer des réserves externalisées et mutualisées, adaptées pour le musée des Beaux-Arts, le musée du compagnonnage et le muséum d'histoire naturelle.
Désormais achevées, ces nouvelles réserves de 1685 m² vont permettre d’assurer la conservation et la sécurité des collections dans de bonnes conditions et offrir les espaces de services indispensables pour le travail sur les oeuvres, leur étude et leur consultation. Cet équipement performant répond à toutes les normes de conservation en matière de climat, de rangement, de sûreté.
Avant le déménagement dans ces nouvelles réserves, le musée effectue depuis cinq ans une opération d’envergure sur les oeuvres, le chantier des collections, programme muséologique qui regroupe un ensemble d’actions de conservation préventive permettant l’étude systématique des collections et leur mise à niveau sanitaire.
Le traitement, le déménagement et le rangement de ces objets permettent d'acquérir une connaissance plus complète des collections et de leur apporter un soin global.
Durant ces années nous avons récolé les collections, évalué leur état, mis en oeuvre un certain nombre de traitements d’urgence allant de la consolidation aux traitements fongiques, nous avons soigneusement dépoussiéré tous les objets et les avons conditionnés pour leur déménagement.
La dernière opération du chantier sera de traiter les collections des musées contre les insectes xylophages avant leur entrée dans les réserves. La bulle d’anoxie, destinée au traitement par privation d’oxygène, attend déjà les oeuvres sur place. Plus de 15 000 oeuvres vont ainsi être déménagées pour prendre place dans des enceintes patrimoniales différenciées en fonction de la nature des matériaux et dont le climat sera régulé et maîtrisé.
Un soin particulier a été apporté au choix des équipements spécifiques : grilles à tableaux, meubles à plans, compactus… permettant un rangement optimisé et sécurisé.
Une gouache sur vélin d'Adèle Riché (1791-1878) : Bouquet de fleurs.
Annie Gilet, conservateur en chef, Pauline Munoz et Pauline Helou-de La Grandière, restauratrices du Patrimoine.
Ce grand vélin utilisé comme support d'un dessin à la gouache présentait de multiples déformations et altérations qui n'autorisaient pas sa présentation au public. Les restaurations audacieuses menées sur le parchemin et pour les retouches permettent désormais d'apprécier le travail délicat et la gamme chromatique très subtile d'Adèle Riché, fidèle à la tradition hollandisante et à son maître Gérard van Spaendonck.