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Huile sur toile
H. 92 cm. ; L. 70 cm.
Acquis de Mme Marland-Francey par la ville de Tours, 1954
Inv. 1954-1-1
Vignon, fut avec son ami Simon Vouet et Nicolas Poussin, l'un des peintres français les plus célèbres de l'époque de Louis XIII. Des artistes français de la première moitié du XVIIe s., Vignon est l'un de ceux dont le style riche aux forts empâtements, empreint de poésie précieuse, est le plus aisé à reconnaître et qui a le plus produit. Mais il est aussi l'un de ceux qui se sont montrés les plus ouverts aux influences les plus variées, des maniérisants parisiens et des caravagesques comme des maîtres de Rembrandt, des Fetti, Guerchin, Simon Vouet...D'après son biographe, Vignon serait allé à Rome vers 1610, mais on ne l'y trouve de façon certaine qu'en 1617, après sa réception l'année précédente dans la guilde des peintres de Paris ; il y reste jusqu'en 1622, puis se fixe en 1623 à Paris où il connaîtra un grand succès sous la protection de Louis XIII et Richelieu.
Le tableau représente le Temps qui déverse la richesse sur les genoux de la Gloire, que couronne le génie de l’Eternité. La Gloire tend une couronne de lauriers et des joyaux à la Sagesse Invincible, armée d’une lance et d’un bouclier, qui porte en sa main gauche un rameau d’olivier, symbole de la paix et de la sérénité. La Sagesse piétine la torche et l’arc de l’Amour dont les yeux sont bandés et les ailes coupées. La devise « Nec Sorte, Nec fato » (ni par le hasard, ni pas le destin) inscrite sur le bouclier de la Sagesse, indique que contre elle le destin et le hasard sont impuissant. En 1964 l’historien d’art Jean-Pierre Babelon a rapproché ce tableau d’une Allégorie de la France de Vignon, qui décorait la cheminée d’une des chambres de l’Hôtel de Chevreuse-Longueville, rue Saint-Thomas-du-Louvre à Paris. À ce même décor, aujourd’hui disparu comme l’hôtel qui le renfermait, appartenait également le Godefroy de Bouillon peint par Vignon et conservé à l’église Saint-Roch. Les recherches concernant l’histoire du tableau n’ayant abouti, nous ne pouvons confirmer qu’il puisse s’agir du même tableau. Une note dans les archives du musée signale sa présence au XIXe siècle dans la chapelle du château de Toucy (Yonne)
La composition classique, le coloris réduit à la dialectique rouge-bleu et enrichi de toute une joaillerie d’empâtement lumineux désignent une œuvre peinte avec rapidité et maîtrise par Vignon pour satisfaire une clientèle nombreuse, si l’on en croit l’historiographe de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture Guillet de Saint-Georges (1624 – 1705) : « le soin d’une si nombreuse famille (24 enfants) lui faisait redoubler celui de sa profession. Il travaillait avec toute la facilité de tous les grands praticiens et s’était acquis une réputation qui lui attirait de l’ouvrage de toutes parts… ». L’exécution de belle facture laisse penser à une œuvre autographe, plutôt qu’une œuvre d’atelier, et datable des années 1630.