UA-10909707-12
Accueil > Musée et collections > Sculpture > Sculpt. 8e - 16e s.
Tuffeau polychromé
Fragmentaire
Dépôt de la Société archéologique de Touraine, avec l’appui du Conseil départemental d’Indre-et-Loire, 2012
Au début de l’année 1968, à l’occasion des travaux de construction des nouveaux bâtiments de la Faculté de Lettres, cent soixante-dix-sept fragments sculptés ont été retrouvés en remploi sur toute la hauteur du mur d’une cave. Situé à l’angle nord de la rue des Tanneurs et de la rue Paul-Louis Courier, le bâtiment se trouvait dans l’emprise du couvent des Carmes qui se développait au nord de l’église conventuelle. Cette église, dite des Trois-Marie sous l’Ancien Régime et devenue l’église paroissiale de Saint-Saturnin après 1824, (l’ancienne église Saint-Saturnin, située sur l’actuelle rue du Commerce ayant été détruite à la Révolution), avait remplacé une première chapelle Notre-Dame-de-Pitié, desservie par les Carmes après leur installation près de Châteauneuf au début du XIVe siècle (en 1324 vraisemblablement). La faveur de Louis XI et, à sa suite, de ses courtisans a ouvert une période de prospérité qui se traduisit par un renouvellement monumental durant les décennies 1470 et 1480 (églises, bâtiments conventuels et cloîtres) et qui perdura une partie du XVIe siècle.
Quatre groupes peuvent être reconnus parmi ce grand ensemble de fragments : Une Vierge à l’Enfant, un saint Michel terrassant le dragon (de dimensions voisines à celles de la Vierge), un carme agenouillé et un personnage portant un manteau fleurdelysé et un col d’hermine (originellement d’une hauteur évaluée à 1m10). Ces sculptures ont été brisées une premières fois très vraisemblablement à la Révolution, comme l’indique le bûchage systématique des fleurs de lys, puis une seconde fois afin de servir de moellons de construction. Si leur attribution au décor du couvent des Carmes est fort possible en raison de l’emplacement de leur découverte et de la présence d’un carme parmi les personnages représentés, l’historique antérieur à leur création et leur datation ne reposent sur aucune documentation.
Tours, musée des Beaux-Arts, cliché Eric GarinBien que très fragmentaire, cette Vierge à l’Enfant révèle une grande qualité d’exécution. Elle maintient l’Enfant latéralement sur sa hanche, sa main gauche soutenant les jambes de ce dernier alors que sa main droite, disparue mais rapportée dès l’origine par tenon et mortaise, pouvait tenir un attribut. Le Christ est vêtu d’une tunique courte et la vierge revêt un manteau qui devait former un voile sur sa tête et est retenu par un lien noué devant son buste. Ces fragments sont également remarquables en raison de leur riche polychromie d’origine (partiellement couverte des restes d’au moins deux surpeints) de motifs a sgrafitto (la peinture est délicatement grattée pour faire apparaître la feuille d’or du dessous) imitant une étoffe plissée de fils blancs et or. Ce rendu de riches étoffes est peut-être à mettre en rapport avec l’ampleur prise par la production de soieries vers 1500 à Tours où une centaine de métiers battant étaient en activité. Tous les aspects techniques du groupe, jusqu’à la forme de l’évidement ménagé dans son dos, conduisent à l’apparier avec le saint Michel, sans que l’on puisse affirmer que ces deux sculptures aient fait partie d’un même ensemble.