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Sanguine et rehauts de craie blanche sur papier vergé bis
H. 25,8 cm L. 32,9 cm
Legs Foulon de Vaulx, 1952
Inv. 1952-1-29
François Boucher a exécuté un nombre impressionnant de dessins; il déclarait en avoir réalisé plus de dix mille, mais les spécialistes pensent qu'il ne fut l'auteur que de la moitié d'entre eux uniquement. Il exposera régulièrement ses œuvres sur papier au Salon à partir de 1745.
Si les artistes qui l'ont précédé n'avaient pas semblé attacher de valeur à ces feuilles qu'ils considéraient seulement comme des études et non comme des œuvres à part entière, Boucher portait un autre regard sur le dessin, lui donnant enfin ses lettres de noblesse, et sans doute voulu en tirer profit. En effet, les plus grands amateurs, tels que Mariette, Sireul, d'Azincourt, Rohan-Chabot, recherchaient passionnément à acquérir des dessins de François Boucher. Les catalogues de ventes de leurs cabinets sont à ce titre très révélateurs de cet engouement, car les œuvres de Boucher s'y comptent par centaines.
Ce dessin provient d'une prestigieuse collection, celle du célèbre couturier Jacques Doucet. En juin 1912, la vente de sa collection d'art ancien est un événement qui lui permet d'investir dans l'art contemporain. Jacques Doucet est le fondateur de la galerie d'art et d'archéologie qui porte son nom.
Réalisé au début de la carrière de François Boucher, ce dessin est une étude pour les trois nymphes représentées dans l'angle inférieur gauche du tableau Mercure confiant Bacchus aux nymphes de Nysa (Londres, Wallace Collection), avec son pendant L'Enlèvement d'Europe. Ces tableaux ne sont pas datés mais on suppose qu'ils ont été réalisés entre 1732 et 1734.
Les figures représentées sur le dessin de Boucher ont été reprises séparément par l'artiste pour d'autres compositions. L'étude de femme couchée notamment se retrouve dans le tableau peint en 1734, Vénus couché et endormie près de l'Amour, passée plusieurs fois en vente au XVIIIe et XIXe siècle et dont on a perdu la trace aujourd'hui.
Le sujet de Mercure est emprunté aux Métamorphoses d'Ovide (III, 314-315). Dans ce dessin, Boucher révèle un sens aigu de la mise en page; les attitudes des trois nymphes se développent avec grâce et sensualité offrant à l'œuvre un mouvement empli de délicatesse. La pointe fine de la sanguine souligne le modelé des corps, puis par petits traits ou par l'estompe l'artiste arrondit un bras, une épaules, les touches de craie blanche éclaire l'œuvre, la font véritablement vibrer tout en révélant les détails d'anatomie. L'utilisation d'un papier coloré, comme Boucher les affectionnait tant, permet à la blancheur de la craie d'offrir toute sa force.