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Dessins 18e s.

Etude de bédouins devant la porte du temple du Soleil à Palmyre 1787-1791

CASSAS Louis-François

Azay-le-Ferron, 1756 - Versailles, 1827

Etude de bédouins devant la porte du temple du Soleil à Palmyre 1787-1791

Crayon graphite, plume et encre de Chine, aquarelle, gouache blanche sur papier vergé blanc avec nombreux collages

H. 35,6 cm L. 51,7 cm.

Achat galerie Baderou, Paris, 1955

Inv. 1955-4-3

Notice complète

Exceptionnel dans la collection Cassas de Tours, ce dessin représente le second exemple, avec La mosquée du Sultan Ahmet à Constantinople, de papiers soigneusement découpés, parfois à l'extrême limite du dessin, disposés ensuite sur une feuille pour recréer un motif. De toute évidence, l'artiste, dont la virtuosité n'est plus à démontrer après l'exposition que lui ont consacrée le Wallraf-Richartz Museum de Cologne et le musée des Beaux-Arts de Tours en 1994-1995 et 2015-2016 (Voyages en Italie de Louis-François Cassas), n'a cessé tout au long de sa carrière de repousser les limites du dessin.

Avec une aisance déconcertante, il joue avec l'espace dans certains paysages du désert de Syrie, il joue avec le temps dans les reconstitutions de monuments antiques animés de célébrations. Ici, il orchestre le décor architectural et les figures qui, en fonction de leur échelle, rejoignent sur la "scène" le premier et l'arrière-plan. Il va jusqu'à oser diriger le même éclairage sur les figures et parfois laisser glisser son pinceau pour indiquer l'ombre portée. Avec autant d'audaces et de couleurs, les bédouins prennent une épaisseur surnaturelle.

Le dessin a été exécuté à Rome au cours du second séjour de l'artiste en Italie (1787-1791). Il s'agit d'une étude préparatoire pour la version définitive à l'aquarelle (non localisée), destinée à être confiée aux graveurs Réville et Berthauld dès 1793 pour la gravure Porte du temple du Soleil à Palmyre qui illustre le Voyage pittoresque. Au regard des deux versions, on constate que l'artiste a modifié sa mise en page. Dans le dessin de Tours, de format oblong, la place accordée à l'architecture est équivalente à celle accordée aux figures, alors qu'il en va tout autrement dans la gravure, où le décor de cette porte devient prioritaire et entraine une mise en page inversée. Ce constat se répète pour de nombreuses planches du Voyage pittoresque. Mais il ne faut pas oublier que cette publication, en particulier le chapitre consacré à Palmyre, qui réunit soixante-quatorze planches, était destiné à révéler l'architecture grandiose de la cité antique et à surpasser l'ouvrage des anglais Wood et Dawkins, publié en 1753.

Le séjour de Cassas au milieu du désert de Syrie est un des mieux documentés de son itinéraire dans l'empire ottoman. Resté sur le site du 23 mai à la fin du mois de juin 1785, l'artiste a dessiné toutes les ruines, accordant une priorité à la nécropole ouest et au temple du Soleil au sein duquel il réside, accueilli par le cheik de la petite communauté arabe. Immergé dans l'orient ottoman depuis octobre 1784, Cassas, qui porte le vêtement de ses hôtes, a également observé sur place la population locale. Leurs costumes, leurs attitudes, leurs coiffures, leurs armes indispensables au milieu du désert de Syrie lui sont devenus familiers et sont représentés ici avec fidélité.