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Huile sur toile
H. 125 cm L. 270 cm
Envoi du Muséum central. Transfert de propriété de l'Etat à la Ville de Tours, 2010.
Inv. 1803-1-28
C'est dans la Rome des années 1630 que se forme le jeune Preti, venu rejoindre son frère aîné Gregorio (1603-1672), peintre et membre de l'Académie de saint Luc, et qu'il exécute cette bacchanale, révélant une synthèse savante et parfaitement maîtrisée de ce milieu romain dominé à la fois par les derniers caravagesques tels Manfredi, Valentin, le courant néovénitien diffusé par Le Guerchin. Preti ne peut pour autant ignorer Nicolas Poussin et ses trois Bacchanales commandées par le cardinal de Richelieu pour son château de Touraine vers 1634.
Aux caravagesques, Preti emprunte les figures rustiques et naturalistes, et ose certains détails, certaines attitudes à la limite de l'obscénité. De Poussin il retient la composition en frise ordonnée. Enfin, l'artiste reprend aux Vénitiens certaines carnations, la mobilité des figures et le paysage aérien.
Issu de la littérature antique, le thème iconographique de la bacchanale, sublimé par les néo-platoniciens, a été particulièrement apprécié des collectionneurs de la Renaissance italienne mais reste très prisé par les amateurs avertis et lettrés du XVIIe siècle. Incarnant le rêve de l'Age d'or, ce sujet sert de prétexte au déploiement d'un cortège d'êtres surnaturels exprimant la joie de vivre, l'ivresse, la sensualité. Le pittoresque maître de Bacchus, Silène, dont on célèbre le triomphe, est ici représenté en ivrogne ventripotent, monté sur un âne lui-même enivré et soutenu par deux de ses compagnons. Le dieu participe également à cette fête et se fait servir du vin. A demi-couché sous l'effet de l'ivresse, il est identifiable par la nébride (peau de panthère) posée sur un corps dénudé aux formes amples et lourdes. D'autres personnages, nymphes, satyres, bergers et puttis aux attitudes voluptueuses, savamment entremêlés animent l'espace pictural au premier plan.
La mise en scène du rituel bachique, avec le sacrifice du bouc et de la chèvre, a été évoquée par Preti au centre de la composition, avec ce berger et ce satyre couronné de pampres, qui portent deux dépouilles d'animaux. A l'arrière-plan, en harmonie avec les figures, le paysage champêtre, ponctué d'arbres et d'une meule de foin, nous rappelle que Bacchus est également dieu de la végétation et de la fécondité et règne sur la terre, la vie agricole et le cycle des saisons
On ignore pour qui fut peint, vers 1635, ce tableau et à qui il appartenait avant d'être répertorié en 1682 dans les collections du duc de Savoie, à Turin, où il sera saisi en 1799 comme œuvre de Nicolas Poussin.avant d'être attribué définitivement à Mattia Preti en 1943.
© MBA Tours, cliché Marc Jeanneteau