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Huile sur toile
68 x 92 cm;
Provenance inconnue.Mentionné pour la première fois dans le catalogue du musée de 1856.
1868-3-1
Reçu une première fois à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1752, comme peintre de fleurs avec un Médaillon du roi Louis XV entouré de fleurs (localisation inconnue), Jean-Jacques Bachelier se présente une nouvelle fois à l’Académie douze ans plus tard pour être reçu peintre d’histoire avec La mort d’Abel (localisation inconnue). Fait exceptionnel dans l’histoire de l’Académie, Bachelier n’étant pas satisfait par ce tableau, demande qu’on lui substitue La Charité romaine (Paris, E.N.S.B.A.), ce qui lui est accordé. Cette œuvre sera vivement critiqué par Diderot ; « …Croyez moi revenez au jasmin, à la jonquille, à la tubéreuse…». Bachelier cependant voulait de toute évidence accéder au rang le plus élevé dans la hiérarchie des genres alors qu’il avait obtenu une reconnaissance sans faille comme peintre de fleurs, recevant en particulier de nombreuses commandes pour les demeures royales. Il expose régulièrement au Salon de 1751 à 1767. Parallèlement l’artiste fait une carrière brillante à la Manufacture de Sèvres. Nommé directeur artistique en 1751 il restera quarante-quatre années à la Manufacture fournissant régulièrement études et dessins. Il crée en 1766 une école gratuite de dessin qui préfigure celles qui seront fondées sur cet exemple à la fin du XVIIIe siècle à Paris et dans les grandes villes de province. A partir de 1766, Jean-Jacques Bachelier délaissera sa carrière de peintre pour se consacrer à cette école de dessin qui deviendra l’Ecole des Arts décoratifs, il occupe parallèlement certaines fonctions au sein de l’Académie royale. Nommé adjoint à professeur de l’Académie en 1763, puis professeur sept ans plus tard il obtiendra le titre de recteur adjoint en 1792.
Ce tableau fut à plusieurs reprises publié comme étant celui présenté au Salon de 1755, sous le numéro quatre-vingt-huit du livret. En effet la description de l’œuvre du Salon : Un hibou, un pimart et un panier de gibier correspond à l’oeuvre de Tours. Le hibou est en fait une chouette hulotte, mais la confusion est facilement compréhensible, le pimart étant une variété de pic, le pic mar en français moderne . Les dimensions indiquées sur le livret du Salon : « De 2 pieds de hauts, sur 2 pieds 10 pouces de large », soit 65 x 92 cm, sont très proches de celles du tableau de Tours. Seule la date de 1756 bien identifiée sous la signature de Bachelier et manifestement inscrite dans la même pâte, pose question. Il semble peu probable, que l’artiste ait choisi d’indiquer cette mention, signature et date, après que l’œuvre ait figurée au Salon. Le tableau conservé à Tours est-il celui exposé au Salon, ou une réplique autographe réalisée un an après le Salon de 1755 ?
L’influence de François Desportes et de Jean-Baptiste Oudry sur les premières productions de Bachelier est manifeste, notamment pour les représentations de trophées de chasse. Elle se caractérise en particulier dans ce tableau dans l’agencement de la composition qui évoque plus précisément les œuvres d’Oudry. La nature morte se détache sur un paysage bleuté en arrière-plan, qui s’entremêle avec le large ciel, reprenant l’une des formules utilisées si fréquemment par le peintre qui fut souvent considéré comme le maître de Bachelier. On peut en écho à ce tableau citer deux œuvres d’Oudry, Lise et trois faisans, peint en 1725, et Chien montant la garde auprès d’un butor et d’une perdrix, de 1747 (Fontainebleau, musée national du château). Bachelier systématise ce procédé de mise en scène dans les nombreuses représentations de nature morte en plein air ou de bouquet de fleurs, le fond bleu clair valorisant la richesse et la subtilité de la gamme chromatique qu’il utilise.
La composition est ici centrée sur le haut panier d’osier rempli de gibier et sur les ailes largement déployées de la chouette hulotte, mises en valeur par un éclairage latéral. La virtuosité de Bachelier est éclatante dans cette œuvre. L’artiste maîtrise une technique qui exclut toute froideur, bien au contraire l’ensemble est baigné dans une sorte de douce mélancolie. Image de calme et de silence qui fait suite au vacarme de la chasse. Le réalisme extrême avec lequel est traité le plumage des oiseaux, et la douceur soyeuse du duvet confère à cette œuvre une présence étonnante.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008