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Huile sur toile
122,5 x 139 cm.
Saisie révolutionnaire au château de Chanteloup, 1794
Inv. : 1794-1-3
Ecrit par le Tasse au XVIe siècle le poème dramatique Aminta, fut publié en français à Paris en 1734 et inspira à Boucher quelques années plus tard une série de quatre tableaux : Sylvie soulageant Phylis d’une piqûre d’abeille, Sylvie délivrée par Aminta, Sylvie fuyant le loup qu’elle a blessé et Aminta revient à la vie dans les bras de Sylvie. Les deux premières compositions sont probablement celles signalées en 1787 dans le Guide des Amateurs et Etrangers voyageurs à Paris, à l’Hôtel de Toulouse, alors propriété du duc de Penthièvre et siège actuel de la Banque de France où elles se trouvent encore aujourd’hui. Le guide de 1787 précisant même que ces tableaux décorent la chambre de la princesse de Lamballe, belle-fille du duc. Les deux autres tableaux sont conservés au musée de Tours depuis 1794, date de leur saisie au château de Chanteloup, On a longtemps pensé que cette série avait été commandée à François Boucher par le duc de Penthièvre, mais Jean Vittet dans une étude publiée en 2000 a révélé de manière tout à fait probante que cette série avait vraisemblablement été peinte pour Madame de Pompadour, pour servir de dessus-de-porte au château de Crécy. La marquise achète Crécy en 1746, à partir des années 1750 des travaux importants, extérieurs et intérieurs, y sont effectués, et en 1756 année de la réalisation de ces quatre tableaux de Boucher, Madame de Pompadour fait modifier le décor peint du grand salon, dans lequel sont posés quatre dessus-de-porte peints par Boucher qui sont selon Jean Vittet « sans doute les quatre tableaux relatifs à l’histoire d’Aminte du Tasse ». Un an plus tard la marquise vend le château de Crécy au duc de Penthièvre.
Cette peinture qui est la dernière du cycle peint d’après l’Aminta du Tasse par François Boucher, illustre l’acte V de cette tragédie. Cet acte est en fait l’heureux épilogue du drame. Le catalogue des peintures de la galerie du Château de Châteauneuf-sur-Loire publié en 1786 mentionne ce tableau ainsi : « Renaud dans les bras d’Armide, Minerve, sous la figure d’un vieillard semble vouloir l’en tirer. Le Costume des habillements est asiatique ». Les tons nuancés de mauve et de verts contrastent avec l’éclat de la palette utilisé pour Sylvie, l’œuvre témoigne cependant de l’aisance avec laquelle l’artiste sait jouer avec les oppositions de matière : soieries et fourrure s’étalent sur la pierre rugueuse, et le teint hâlé du guérisseur met en valeur la douce carnation nacrée des jeunes gens .
Cette série connut un vif succès qui se révèle en particulier par les nombreuses copies répertoriées aujourd’hui ; la scène illustrant le dénouement heureux de l’histoire fut particulièrement reprise : tableaux, miniatures, tapisseries multiplient la composition de Boucher (voir œuvres en rapport). On peut vraisemblablement penser que les estampes réalisées par Louis-Simon Lempereur et présentées au Salon de 1779 sont à l’origine de ces multiples répliques. La lettre indiquée sous les gravures fournit une intéressante précision : « Gravé d’après le Tableau original de Fr. Boucher, tiré du Cabinet de son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc de Penthièvre ». Cette indication permet de confirmer qu’en 1779, la série des quatre tableaux peints par Boucher d’après l’Aminta, n’avait pas encore été dissociée. On peut penser que Penthièvre séparera cet ensemble au moment de l’acquisition de Châteauneuf-sur-Loire en 1784, afin de décorer ce nouveau domaine
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008