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Huile sur toile
49,5 x 33,5 cm
Envoi de l’Etat, 1872
Inv. : 1872-3-1
Deshays fut successivement l’élève de Jean-Baptiste Descamps à Rouen puis à Paris celui de Hyacinthe Collin de Vermont, Jean Restout, Carle van Loo, et enfin François Boucher. Il obtient le Grand Prix en 1751 avec Job sur son tas de fumier (tableau perdu), et suit les cours de l’Ecole royale des élèves protégés, afin de parfaire sa formation de peintre d’histoire, avant son départ pour Rome en 1754. Deshays rentre à Paris quatre ans plus tard, il est agréé à l’Académie royale dès son retour avec un Martyre de saint André, et l’année suivante est reçu comme peintre d’histoire sur présentation d’Hector exposé sur les rives du Scamandre après avoir été tué par Achille (Montpellier, musée Fabre). Ce tableau est exposé au Salon cette même année, Deshays y présente plusieurs autres œuvres dans des genres très différents. Cette année 1759 marque véritablement le début de la carrière officielle de l’artiste. C’est en 1759 également que l’artiste épouse l’une des filles de François Boucher.
La carrière de Deshays sera très courte, interrompue par la mort précoce de l’artiste en 1765, mais comme le rappelle Jean Locquin « si courte qu’elle soit cette période de six années fut assez féconde en œuvres estimables pour marquer dans l’histoire ». L’artiste en effet va s’affirmer avec un style particulièrement intense, qui fera écrire à Diderot au Salon de 1761 que Deshays est « le premier peintre de la nation ». C’est probablement dans ses esquisses que la personnalité du peintre se révèle de manière plus forte encore. Deshays obtient un vif succès aux différents Salons auxquels il participe, Diderot évoquera toujours avec ferveur le talent de son « ami Deshays ».
Pygmalion voyant sa statue animée
Cette esquisse entre au musée de Tours en 1872 avec deux autres œuvres provenant de la collection de Louis La Caze, léguée trois ans plus tôt au musée du Louvre. L’attribution à Jean-Baptiste Deshays de Pygmalion et Galatée fut mise en doute maintes fois. Louis La Caze lorsqu’il rédige « l’état de sa collection », mentionne pourtant ce tableau sous le nom de cet artiste. Dès 1869 cependant, date de l’inventaire après décès de Louis La Caze, ce tableau apparaît sur ce document comme étant de Boucher ou de Deshays. Puis trois ans plus tard, l’œuvre entre dans les collections du musée de Tours sous le nom de Deshays. Marc Sandoz a publié à plusieurs reprises cette esquisse, confirmant tout d’abord l’attribution à Deshays, puis la remettant en cause pour enfin, en 1977, proposer de l’attribuer au cercle de Boucher sinon à Boucher lui-même. Marc Sandoz souligne alors : « revenant sur notre opinion de 1958 l’inspiration et la composition ne nous paraissent pas de Deshays, qui ne nous semble pas avoir eu le sens théâtral sous cet aspect. La figure de la sculpture, comme celle de Vénus, nous paraissent trop maniérées pour être de Deshays ». En 1983 Sandoz confirme qu’il classe le Pygmalion et Galatée du musée de Tours, parmi : « les œuvres douteuses de Deshays ». Cette esquisse enfin sera publiée trois ans plus tard dans le catalogue sommaire des peintures du musée du Louvre parmi les œuvres anonymes : « attribué à Deshays, attribution contestée : Vincent, Boucher ou son cercle ? ».
La connaissance que l’on a aujourd’hui de Jean-Baptiste Deshays est plus affinée notamment grâce aux recherches d’André Bancel qui a consacré un travail universitaire à cet artiste et qui a intégré l’esquisse de Tours dans son corpus. André Bancel nous a confirmé que l’œuvre pouvait être rendue à l’artiste, situant sa réalisation pendant les premières années de l’activité parisienne de Deshays, vers 1759, juste à son retour d’Italie, alors qu’il fréquente assidûment l’atelier de Boucher. Les liens qui unissaient Deshays à Boucher étaient particulièrement étroits, liens affectifs puis familiaux bien sûr mais artistiques également, les influences de l’un à l’autre ont souvent été évoquées. Les analogies sont particulièrement fortes et complexes dans les esquisses réalisées par ces deux artistes, et il est parfois malaisé d’attribuer avec certitude certaines œuvres à Deshays ou à Boucher. Ainsi Le Mariage de la Vierge, peint par Deshays vers 1763 fut longtemps attribué à Boucher, et La Mort de Socrate, réalisée probablement à la même période par Boucher n’est-elle pas finalement, comme l’a suggéré Dominique Jacquot, de Deshays ?
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008
Cependant sur le Pygmalion et Galatée, la touche onctueuse, généreuse et bien visible, les tons pastels doucement laiteux sont caractéristiques de nombreuses esquisses de Jean-Baptiste Deshays, on peut en particulier rapprocher cette oeuvre de l’Assomption du musée Magnin de Dijon. De plus on ne retrouve pas ici le pinceau fin, léger habituel aux esquisses de Boucher. Reprenant une formule courante pour ce type de format, l’artiste utilise pour Pygmalion et Galatée une composition pyramidale et des registres superposés qui partent de l’élément de balustrade en bas à droite pour se terminer par l’envolée conjointe des putti et des colombes. L’influence de Boucher est cependant perceptible sur cette esquisse dont certains détails peuvent être mis directement en relation avec un grand tableau de même sujet peint par Boucher en 1742 (Saint Pétersbourg, musée de l’Ermitage). Deshays semble s’être inspiré notamment de la figure de Pygmalion sur le tableau peint par son maître. Il existait une esquisse en grisaille pour ce tableau de Boucher, qui fit partie des collections de l’artiste puis de celles de Bergeret. Cette esquisse, dont on a malheureusement perdu la trace aujourd’hui, a peut-être influencé de manière plus étroite encore Jean-Baptiste Deshays
Le Pygmalion de Jean-Philippe Rameau composé sur un livret de Ballot de Sauvot fut joué avec succès à l’Opéra pour la première fois le 27 août 1748 et provoqua un regain d’intérêt pour ce thème auprès des artistes comme en témoigne cette esquisse. L’épisode choisi par le peintre semble reprendre les vers de la scène III de l’opéra ballet présenté dix ans plus tôt et qui font dire à la sculpture prenant vie : « Que vois-je, où suis-je…. D’où me viennent ces mouvements…. ».
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008