UA-10909707-12
Accueil > Musée et collections > Peinture > 18e siècle
Huile sur toile
85 x 161 cm.
Saisie révolutionnaire, château de Chanteloup, 1794
Inv. : 1794-1-13
Le Paradis fut acquis en 1767 par le duc de Choiseul auprès d’Alexis Duvau, trésorier de France à Tours. Les documents d’archives précisent qu’il ne s’agit pas d’un achat mais d’un échange, le duc donnant la châtellenie d’Ecueillé à Duvau en échange de la seigneurie de Paradis.
Ce manoir de Paradis, construit au XVIe siècle et situé à quelques kilomètres du château de Chanteloup sur la commune de La Croix en Touraine, fut reconstruit en majeure partie par Choiseul. Il conserva le corps de bâtiment principal et l’aile en retour d’équerre mais suréleva et agrandit cet ensemble. La fuye cylindrique date également du XVIe siècle mais fut transformée en pigeonnier. L’histoire locale raconte que le duc avait souhaité acheter Paradis pour y loger ses hôtes lorsque Chanteloup n’y suffisait plus, ainsi Paradis fut-il considéré comme une sorte d’annexe du château. Une allée, tracée à travers la forêt d’Amboise, reliait directement les deux châteaux. Le 15 octobre 1779, Choiseul fit don de cette demeure à son intendant, Ambroise Ribot, en remerciement de dix-huit années de loyaux services. Ribot la conserva jusqu’à la Révolution. Paradis reste l’un des témoignages les plus attachants de la présence du duc de Choiseul en Touraine.
Houël nous offre dans ce tableau une description pleine de fraîcheur des occupations quotidiennes dans une propriété du Val de Loire au XVIIIe siècle. Les jardiniers ratissent les allées, taillent les haies, transportent des pots de fleurs dans une brouette, embellissent ce jardin dont profitent les promeneurs. L’alignement des parterres de fleurs et des pelouses, parfaitement dessiné se retrouve avec le même tracé sur un dessin aquarellé conservé aux archives départementales d’Indre et Loire.
Cette peinture fait partie des plus belles réussites de Houël qui a su capter un moment de grâce de la nature, l’envolée des pigeons s’échappant du toit de la fuye est à ce titre d’un naturalisme saisissant. La douce lumière dorée de fin d’après-midi vient jeter une ombre au premier plan et attirer notre regard vers les lointains bleutés. Cette composition d’un réalisme raffiné fait écrire à Clément de Ris : « On peut affirmer qu’à cette époque personne n’a rendu la nature plus franchement et plus simplement que Houël.. sa couleur est d’une justesse bien remarquable quand on la compare à celle de ses contemporains …Ce n’est souvent qu’un léger frottis, mais l’effet est atteint, le ton est vrai, l’air circule… ».
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008