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Huile sur toile
130,5 x 163 cm.
Dépôt de l'Etat, 1803, transfert de propriété à la Ville de Tours, 2010
Inv. : 1803-1-12
Après une première formation au sein de l’Académie royale, Jacques-Nicolas Julliart devient l’élève de Boucher. C’est sur les conseils de celui-ci qu’il se consacre très tôt à la peinture de paysage. Il effectue un voyage en Italie en 1749 et réalise quelques paysages qui témoignent de ce séjour dont la Vue de Frascati, 1750 (Stokholm, musée national) ; puis revient en France trois ans plus tard et exécute quelques cartons pour la manufacture de Beauvais. C’est auprès de Boucher que Julliart s’était initié aux arts décoratifs et plus précisément aux études préparatoires à la tapisserie. Il obtient dans ce genre une belle reconnaissance qui lui vaut d’être nommé en 1755 « peintre du Roi des manufactures de Felletin et d’Aubusson ». Julliart réalise de très nombreux cartons de tapisserie pour ces manufactures, tout en étant responsable de la formation des liciers. Reçu en 1759 comme « peintre de paysage » à l’Académie Royale sur présentation de Paysage soleil levant, conservé au musée de Tours, il présente très régulièrement, de 1755 à 1785, des tableaux et quelques dessins au Salon. Son œuvre, composée exclusivement de paysages, montre son attachement à l’art de Boucher, à qui il emprunte en particulier ses effets illusionnistes et décoratifs.
Paysage au soleil levant
Le 31 août 1754, Jacques-Nicolas Julliart, « Peintre de paysage… et ayant fait apporter de ses ouvrages… » est agréé à l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Il est reçu cinq ans plus tard, le 28 juillet 1759, sur présentation « d’un tableau de paysage qui lui avait été ordonné pour sa réception». Le sujet de son morceau de réception lui avait été « ordonné » par Louis II Sylvestre, directeur de l’Académie. La présence de ce tableau est ensuite signalée dans les collections de l’Académie où il est exposé dans la Galerie d’Apollon. Pendant de très nombreuses années on a hésité à reconnaître avec certitude le morceau de réception de l’artiste, entre ce paysage, conservé au musée de Tours, et celui faisant partie des collections du musée Fabre à Montpellier, constituant également un envoi de l’Etat effectué en 1803. La publication des procès-verbaux du musée central des Arts par Yveline Cantarel-Besson permet de lever définitivement le doute. Différents actes suivent en effet les déplacements du tableau de l’Académie et permettent ainsi de confirmer que le paysage conservé à Tours est le morceau de réception de Julliart, une notice en précise les dimensions : 130 x 162 cm, qui correspondent tout à fait à celles du tableau. de Tours.
Cette œuvre réalisée par un artiste de plus de quarante ans, témoigne d’une certaine assurance et d’une réelle maturité artistique. Julliart réussi dans cette composition à se démarquer en partie de l’art de Boucher. Si l’empreinte de son maître y est encore reconnaissable par bien des détails, en particulier dans l’agencement des effets pittoresques et dans l’exécution des animaux aux poses figées qui rappellent certaines pastorales de Boucher, l’artiste affirme également un style plus personnel. L’utilisation de violents effets lumineux aux accents pré-romantiques, renforcés par un premier plan très sombre qui sert de repoussoir offre une atmosphère irréelle qui évoque les leçons de Rosa ou encore de Locatelli dont Julliart avait admiré les œuvres en Italie. Plus personnelle, plus affirmée que les œuvres réalisées pendant les années 1740-1750 qui correspondent aux dix années durant lesquelles Julliart travaille aux côtés de Boucher, le morceau de réception est a rapprocher de quelques paysages réalisés entre 1755 et 1760 en particulier une Pastorale italienne passée en vente en 2001 à Paris. Julliart combine sur cette œuvre les multiples aspects d’une nature excessive et pittoresque : «perspective vertigineuse, tronc d’arbre fendu par la foudre, cascades bouillonnantes, montagnes au blocs basculés...
Les petits personnages plaqués sur ce paysage qui sont, dans leur maladroite représentation, une constante dans l’œuvre de Julliart rappellent la critique de Montigny, inspecteur de la manufacture d’Aubusson : « A l’égard des figures elles sont médiocres et le seront toujours ce n’est pas le talent de ce peintre qui s’en est entièrement livré dans sa jeunesse au paysage »
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008