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Huile sur toile
65,5 x 81 cm.
Provenance inconnue, saisie révolutionnaire ?
Inv. : 1825-1-3
Fils de Jean-Baptiste Ier Martin dit « Martin des Batailles », l’œuvre de cet artiste graveur et peintre, est encore aujourd’hui assez mal connu. Les quelques tableaux qui lui sont attribués de manière sûre, témoignent à quel point l’artiste est redevable de l’art de son père dont il fut l’élève. Il collabore à plusieurs reprises avec celui-ci, intervient même sur certains de ses tableaux et en traduit plusieurs sur cuivre. Ses productions témoignent également de son attachement à l’œuvre de Charles Parrocel. Lorsque Pierre Lenfant, à la mort de Parrocel, hérite de plusieurs commandes non achevées par son maître, il se fait aider dans cette tâche par Charles Cozette ainsi que par Jean-Baptiste Martin le fils.
Prise d’une ville
Mentionnée dans les premiers catalogues des collections du musée sous le nom de Van der Meulen, cette scène fut ensuite attribuée à Jean-Baptiste Martin en 1881, qui précisent : « D’un élève de Martin ou peut être de Cozette ? ». Tout en classant ce tableau parmi les anonymes de l’école française entre 1700 et 1720, Boris Lossky, conservateur au musée, proposait de chercher l’auteur de cette œuvre dans l’entourage des Martin, des Parrocel ou même encore, de Jan Peeter Verdussen. Des analogies existent en effet entre ce tableau et l’œuvre de Verdussen, artiste anversois qui a fait une grande partie de sa carrière en France et s’est consacré aux scènes de batailles. Cependant c’est sur les conseils de David Brouzet (historien d'art) que nous préférons attribuer ce tableau à Jean-Baptiste Martin le fils, dont l’œuvre est partiellement occulté par l’éclatante production de son père « Martin des Batailles ».
Cette composition est directement inspirée dans sa mise en page de nombreuses œuvres peintes par le célèbre père de Jean-Baptiste Martin. On peut la mettre notamment en relation avec la Prise de la ville de Mons par Louis XV le 9 avril 1691 (Versailles, musée national du château et de Trianon). Ces deux « Prises de ville » sont si proches qu’elles semblent presque obéir à des codes figés de représentation : le premier plan animé par le tumulte de la bataille est encadré par des arbres qui ferment la composition et permettent de valoriser une large vue panoramique de la ville assiégée. Si l’œuvre de Tours présente des détails de belle qualité, des maladresses sont également évidentes. La raideur du cheval à la robe pie, dont la silhouette se découpe tel un cheval de bois perturbe l’ensemble de la composition. David Brouzet a noté que l’on retrouve les mêmes défauts sur le cheval représenté par l’artiste pour le Portrait équestre de Marie Leczinska (Sceaux, musée de l’Ile de France). En revanche le chromatisme ne manque pas d’élégance, les accords de bleu lapis, de gris et de roses sont d’un subtil raffinement et évoquent d’autres œuvres de Jean-Baptiste Martin le fils, en particulier la Vue du siège de Namur par l’armée française en septembre 1746 (Versailles, musée national du château et de Trianon).
La scène n’a pu malheureusement être précisément identifiée. Elle ne peut, comme l’indiquait les anciens catalogues du musée, illustrer la bataille d’Orsoy qui eut lieu en 1672. Les costumes nous guident plus exactement à dater cette scène vers 1710 -1720. S’agit-il de l’importante bataille de Denain de 1712 qui jouera un rôle décisif dans la guerre de succession d’Espagne ?
La provenance de ce tableau est inconnue. Il est mentionné pour la première fois dans les collections du musée en 1814, cette date permettant de supposer qu’il ait été saisi à la Révolution. Sachant que Martin le fils était un proche de Pierre Lenfant et de Charles Cozette qui séjourneront au château de Chanteloup, on peut imaginer que le tableau provienne de ce domaine, mais il n’apparaît pas dans les inventaires révolutionnaires.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008