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Huile sur toile
60,3 x 49,2 cm.
Legs André Foulon de Vaulx, 1952
Inv. : 1952-1-20
Ce peintre quasi inconnu est probablement le portraitiste mentionné en 1788 à l’Exposition de la Jeunesse où il présente deux portraits ; on le retrouve trois ans plus tard à cette même exposition. Le livret mentionne le nom de Merlot sans indication de prénom mais précise qu’il habite 61 rue Croix-des-Petits-Champs. Merlot est une dernière fois cité au Salon de 1793 où il expose cinq portraits, dont un Portrait de femme au forte-piano. Ces maigres informations sont les seules dont nous disposions aujourd’hui. Le Portrait présumé d’Antoine de Rivarol (notice suivante)semble être l’unique œuvre de cet énigmatique artiste conservée dans une collection publique.
Portrait présumé d’Antoine de Rivarol
Né à Bagnoles-sur-Cèzes (Gard) en 1753, dans une famille génoise, Antoine de Rivarol après avoir suivi des études au séminaire Sainte-Garde d’Avignon, arrive à Paris en 1774. Fréquentant les salons sous le nom de Chevalier de Parcieux puis sous celui de Comte de Rivarol, il se fait remarquer par ses polémiques et par son Discours sur l’universalité de la langue française. Ce discours écrit en 1784, couronné par l’Académie de Berlin, sera considéré comme une étincelante apologie de la prédominance de la langue française. Un esprit brillant teinté d’opportunisme permit à Rivarol d’atteindre ses ambitions. Il obtient la protection de d’Alembert, puis celle de Voltaire et publie en 1788 en collaboration avec le chevalier Louis de Champcenetz, le Petit Almanach de nos grands hommes, éloge satirique des écrivains à la mode. Cet ouvrage au ton mordant lui vaudra de nombreuses inimitiés. Rivarol s’engage dès 1789 pour la défense de la monarchie et attaque, toujours avec des formules cinglantes, les principes et les hommes de la Révolution, il sera un adversaire déterminé des droits de l’homme. Ses prises de position l’obligent à émigrer en 1792 pour s’installer successivement à Bruxelles, où il publie sa Lettre à la noblesse française, à Hambourg puis à Berlin où il décède en 1801. Rivarol reste encore aujourd’hui l’un des symboles d’une certaine tradition réactionnaire française.
Ce portrait signé et daté de 1791, pourrait être celui présenté par Merlot à l’exposition de la Jeunesse cette même année, sous le numéro 180 : « Un buste. Hauteur 1 pied 10 pouces, sur 1 pied 7 pouces de large » soit 55, 88 centimètres sur 48, 26, dimensions correspondant à celles de cette œuvre. Le regard franc, direct un peu hautain de l’homme portraituré se retrouve sur certains portraits de Rivarol, en particulier sur l’estampe de Péronard d’après Carmontelle (voir œuvre en rapport) ou encore sur celui peint par Wyrscht en 1784. Ce tableau conservé autrefois au musée de Bagnols a disparu dans un incendie en 1924, il est cependant connu par l’estampe de Georges Aubert. Rivarol, sur le tableau conservé à Tours porte un frac à fines rayures doublé de soie bleue et à collet haut rabattu, nouveauté empruntée à la mode anglaise et qui arrive en France dans les dernières années du règne de Louis XVI. L’adversaire de la Révolution est ici représenté un an avant qu’il ne quitte définitivement le territoire français.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008