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Huile sur toile
61 x 50,3 cm.
Legs André Foulon de Vaulx, 1952
Inv. : 1952-1-7
Peintre de portraits et miniaturiste, Périn-Salbreux est tout d’abord l’élève à Reims, sa ville natale, de Jean-François Clermont. Il fréquente ensuite à Paris l’atelier de Lemmonnier et de Sicardi. Mais c’est probablement Alexander Roslin qui aura le plus d’influence sur le portraitiste. Ils travaillent en collaboration étroite, Roslin le chargeant de copier en miniature plusieurs de ses portraits. Le musée du Louvre conserve un bel ensemble de miniatures sur ivoire réalisé par cet artiste, Portrait du sculpteur Houdon, Portrait de la duchesse de la Rochefoucault…Le fils de Périn-Salbreux, le peintre Alphonse Périn, consacre une longue notice biographique à son père dans laquelle il rappelle les liens qui unissaient celui-ci à Roslin, tout en soulignant : « Périn se livrait tout entier à son sentiment qui le portait à rechercher le naturel et la vie, la vue des productions de Hallé et de Greuze le confirme dans cette voie ». A partir de 1785, Périn-Salbreux commence à avoir une clientèle parisienne importante. L’artiste est de toute évidence plus à l’aise dans l’exécution des miniatures que dans l’art du portrait, ses tableaux sont en effet de qualité modeste et se caractérisent par des poses généralement très raides. Il expose à trois reprises ses miniatures au Salon, en 1793, 1795 puis 1799, année où il choisit de quitter définitivement Paris pour s’installer à Reims. Le musée des beaux-arts de Reims conserve une dizaine de tableaux, portraits et natures mortes peints par l’artiste, en particulier le Portrait de la petite reine. .
Portrait de Rosalie Duthé
Ce portrait a été peint en 1775, année où celle que l’on surnommait « La Duthé » devint la maîtresse du jeune comte d’Artois, futur Charles X. Catherine Rosalie Gérard Duthé (Paris, 1752-Paris, 1820), courtisane célèbre contemporaine de la Guimard, commence une carrière de danseuse dans le corps de ballet de l’Opéra, mais en tenant des rôles modestes de figuration. Ses contemporains la décrivent sans talent et sans esprit mais lui reconnaisse une beauté tout à fait exceptionnelle. Le duc de Durfort, le marquis de Genlis, le duc de Chartres, le comte d’Artois, puis quelques richissimes Anglais lorsqu’elle émigra à Londres comptent parmi ses amants. Il existe un grand nombre de portraits de « La Duthé » l’un des plus célèbres étant sans doute celui peint par Henri Pierre Danloux, (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle).
En 1775, Bachaumont (1690-1771, écrivain, critique d'art) dans ses Mémoires secrets évoque deux fois la Duthé, la qualifiant une première fois de « courtisane connue » (2) puis de « courtisane à la mode ». Lié-Louis Périn-Salbreux réalisa plusieurs portraits de Rosalie Duthé entre 1775 et 1778, et c’est une nouvelle fois à Bachaumont que l’on doit la description de deux d’entre eux peints la même année que celui conservé à Tours : « 17 septembre 1775. Un peintre nommé perrin, peu connu, cherche à se signaler par le portrait de la Dlle du Thé, la courtisane à la mode. Il en a fait deux, qu’il montre aux amateurs : l’un est très grand, où il la représente en pied, parée de tout le luxe des vêtements et dans le costume à la mode, l’autre plus petit, où il la met nue, avec tous les détails de ce beau corps si connu malheureusement, que le peintre ne fait rien voir de nouveau à personne ». Le premier tableau mentionné par Bachaumont est vraisemblablement celui passé en vente à Paris en 1963, ce « très grand tableau » mesurant 2 mètres 15 de hauteur, la description correspond tout à fait mais une hésitation demeure puisque l’œuvre est datée de 1776. Le second portrait est sans doute celui passé en vente à Paris en 1995, et ayant appartenu au Comte d’Artois. Il est fort probable que le comte ait commandé en 1775, à Périn-Salbreux, un ou même plusieurs portraits de sa maîtresse. Il faut souligner que Périn travailla à plusieurs reprises pour la maison d’Artois, il réalisa notamment plusieurs portraits de la comtesse d’Artois.
Dans tous ces portraits connus aujourd’hui on note que si les compositions varient le visage en revanche semble reproduire la même étude préparatoire. Le tableau de Tours est peut-être cette première étude, le cadrage en buste permettant à l’artiste de s’attacher à décrire minutieusement la particularité de ce visage. Périn Salbreux domine particulièrement ce type de mise en page qu’il utilise de manière presque systématique dans ses miniatures. La jeune femme vue de face, présente un visage aux traits parfaits et un port de tête particulièrement élégant. Le haut de son corsage en voile blanc mousseux laisse apparaître en transparence les épaules. Mais le charme de Rosalie Duthé ne suffit pas à masquer les maladresses du peintre, à la technique plate et sans personnalité aucune.
Les fleurs de volubilis, accrochées à ses cheveux semblent avoir été ajoutées postérieurement, à moins que cela ne corresponde à une technique personnelle de Périn Salbreux puisque l’on retrouve sur un Portrait de femme peint par l’artiste en 1782 (5) une façon identique de plaquer de manière très artificielle un petit bouquet de roses sur la perruque.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008