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Huile sur toile
60 x 50 cm.
Legs Albert Pomme de Mirimonde au musée du Louvre (inv. R.F. 1985-72) , affecté au musée de Tours par décision testamentaire en 1986.
Inv. : D 1986-1-5
Au Salon de 1753, Jean Restout expose un «… petit tableau représentant un repos d’ Egypte », cette œuvre signée et datée 1753 fut remarquée par la critique qui notait une exécution trop libre et un aspect non fini, tout en soulignant les qualités lumineuses qui se dégagent de l’ensemble. Restout utilise en effet pour cette composition une palette claire avec des tons parfois acides tout à fait nouveaux chez l’artiste. Ce tableau que l’on peut considérer comme la première version du Repos pendant la fuite en Egypte, conservé au musée de Tours,entra dans la collection de Louis-Antoine Crozat, puis à la mort de ce dernier en 1770, dans celle de Catherine II de Russie (depuis 1924, Moscou, musée Pouchkine).
Trois ans plus tard Restout peint donc une seconde version de mêmes dimensions, mais avec des variantes importantes qui atténuent la symbolique du sujet. Le tableau de 1753 présente en effet la Vierge et l’Enfant dans un halo de lumière dorée qui rappelle la présence divine, cette nuée sera supprimée dans la scène peinte en 1756 et remplacée par un paysage qui confère à l’œuvre une fraîcheur et un naturel étonnants dans la production de Restout. Cette insistance sur le naturel rapproche la peinture d’une pastorale. Seule la pyramide que l’on aperçoit placée à l’arrière-plan nous rappelle discrètement le sujet. La scène religieuse devient ainsi une scène plus intime représentant une mère se reposant avec son enfant dans un paysage bucolique, le geste empli de tendresse de la Vierge soulevant délicatement le voile qui couvre la corbeille pour regarder son enfant dormir, témoigne avec douceur d’un sentiment universel et explique probablement l’immense succès de ce tableau dont il existe de nombreuses versions, œuvres d’atelier ou copies. Restout qui manifestement avait retenu les critiques formulées au Salon de 1753, donne au tableau de Tours un aspect plus fini. La touche reste onctueuse et l’artiste a conservé également la palette aux teintes fraîches où dominent les roses, les bleus et les verts tendres, qui s’accordent parfaitement au traitement du sujet.
Plusieurs œuvres témoignent de l’élaboration de cette composition, le musée de Rouen possède une étude pour la tête de la Vierge, et un dessin préparatoire, daté en 1752, conservé à Cambridge, montre que l’artiste met en place l’éclairage céleste que l’on trouve sur la version de 1753, tout en imaginant déjà l’introduction d’un arbre qui se trouvera sur celle de 1756.
Le Repos pendant la fuite en Egypte de 1756 ne fut pas présenté au Salon. L’historique de cette œuvre n’a pu malheureusement être établie qu’à partir de 1931, date à laquelle Albert Pomme de Mirimonde fait l’acquisition de cette toile à Drouot.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008