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Huile sur toile
74 x 97 cm.
Dépôt de la Direction des musées de France, par arrêté en date du 12 octobre 1955 (inv. RF 5604) ; entré dans les collections du musée de Tours en juillet 1957
D. 1956-13-1
Après une première formation chez Pierre Dulin (1669-1748), Nicolas Lancret entre dans l’atelier de Claude Gillot. De 1712 à 1718 il étudie chez cet artiste qui fut le maître d’Antoine Watteau, puis est reçu un an plus tard à l’Académie Royale avec deux tableaux de Fêtes galantes qui annoncent le genre dans lequel Lancret allait particulièrement briller et qui témoignent à quel point l’artiste est marqué par l’art de Watteau. Au cours des années 1720-1730, Lancret continue de peindre dans cette veine avec succès. Son style narratif lui vaudra en effet de nombreuses commandes de grands collectionneurs, le duc d’Antin, Crozat, le comte Tessin, la comtesse de Verrue… Après avoir été longtemps considéré comme un simple imitateur de Watteau on reconnaît aujourd’hui que Lancret sut se démarquer de cette influence en affirmant un style indépendant, introduisant en particulier une certaine fantaisie dans ses compositions au style très narratif. Son art s’éloigne plus précisément encore de l’univers éthéré de Watteau après 1730. L’artiste a créé le genre du repas de chasse en réponse à la passion de Louis XV pour la chasse, il peint dans ce registre en 1735, Le déjeuner de jambon, pour les petits appartements du roi à Versailles (Chantilly, musée Condé). Nicolas Lancret sera l’un des rares peintres de genre à recevoir des commandes régulières de la Cour, Noce de village pour Fontainebleau en 1737 ; les Quatre saisons, en 1738 pour le château de la Muette (Paris, musée du Louvre). Il peint également pour les Cours étrangères, en particulier pour Frédéric II qui possédait vingt-six tableaux de l’artiste.
Lancret est un artiste inventif, proche du monde du théâtre il introduit dans ses compositions des personnages empruntés à ce registre, ou réalise des portraits des comédiens ou danseuses en vogue, portraits qui témoignent de son sens aigu de l’observation.
Les Rémois
C’est par erreur que ce tableau et le suivant Les Lunettes, ont été associés pendant de nombreuses années aux deux autres tableaux de Lancret conservés au musée de Tours. Ces quatre tableaux de mêmes dimensions et adoptant le même format chantourné doivent être en fait considérés en deux groupes différents. S’ils ont suivis les mêmes déplacements depuis leur entrée au château de Vincennes (1874), Les Rémois et les Lunettes, ne semblent pas, contrairement aux deux tableaux suivants, avoir été réalisés pour les comptes des Bâtiments du Roi.
Ces quatre tableaux ont été agrandis et mis au format rectangulaire au cours de leurs années de dépôt au château de Compiègne (1946), ils ont retrouvés leurs dimensions et leur format d’origine en 1956, avant leur entrée dans les collections du musée de Tours.
Aussitôt après la mort en 1736 de Jean-Baptiste Pater, Nicolas Lancret reprend la série des tableaux réalisés par l’artiste d’après les Contes de La Fontaine. Le graveur Pierre Filloeul qui avait le monopole des estampes d’après les tableaux de Pater, est peut être à l’initiative de cette série, propre à obtenir un beau succès auprès du public. Pater avait peint une dizaine de tableaux d’après les Contes de la Fontaine, qui fut vendue chez Filloeul en août 1739.
Dès l’année qui suivit le décès de Pater, Lancret peint un premier tableau inspiré des célèbres Contes : Les Oies de frère Philippe et présente au Salon de 1738 plusieurs œuvres sur ce thème : Le Gascon puni, La Femme avare et le Galant Escroc, Le Faucon, Les Troqueurs. Dans le catalogue qu’il a consacré à l’œuvre de Lancret, Wildenstein mentionne quarante-trois œuvres dont le titre ou l’argument s’inspire des Contes de La Fontaine. Le tableau des Rémois, emprunte précisément son sujet à l’un de ces Contes (Livre III, 3), l’histoire raconte les infidélités d’une jeune femme de Reims qui profite de l’absence de son mari pour recevoir des « Rémois ». Lancret a réalisé une deuxième composition sur ce thème (Paris, musée Nissim de Camondo, qui présente quelques variantes. C’est cette deuxième œuvre de petit format et réalisée sur cuivre, qui sera reprise en gravure, par Nicolas de Larmessin dans la suite de trente-huit pièces gravées d’après les Contes de La Fontaine, et à laquelle collaborèrent Boucher, Vleughels, Le Clerc et Lancret.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008