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Huile sur toile
93 x 74 cm.
Acquis par rente viagère à Charles Schmidt, avril 1874
Inv. : 1874-5-28
Ce portrait est une belle réplique d’atelier de l’autoportrait de Nicolas de Largillierre acquis en 2004 par la National Gallery de Washington. L’original signé et daté 1707 représente l’artiste âgé alors de cinquante et un an dans l’intimité de son atelier. Habillé d’une simple et confortable veste d’intérieur de velours rouille, sur une chemise ouverte, la cravate rose dénouée, l’homme se présente sans perruque mais la tête couverte d’un bonnet de coton. Il tient à la main un porte mine et un carton à dessin ; on distingue à l’arrière plan, posés sur un socle, les moulages du Bacchus de Louis Garnier, de deux putti et d’une réduction de L’Antinoüs du Belvédère. Ces moulages sont-ils une volonté affirmée une nouvelle fois par le brillant portraitiste d’être reconnu aussi comme peintre d’histoire ? Soulignons à ce propos que Largillierre avait placé certaines de ces sculptures sur le Portrait de Charles Le Brun, sujet de son morceau de réception à l’Académie présenté en 1686, portrait historié qui lui vaudra d’être reçu à la fois comme portraitiste et peintre d’histoire. Quatre ans plus tard Largillierre réalisera un nouvel autoportrait en tenue d’atelier (Versailles, musée national du château et de Trianon). Sur cette dernière version l’artiste porte une robe d’intérieur de la même couleur rouille, et tient aussi le porte mine à la main, mais le dialogue avec le spectateur se fait alors plus insistant l’artiste l’invitant d’un geste de la main et d’un regard appuyé à contempler la composition placée en arrière plan.
Les autoportraits de Largillierre sont nombreux, portraits individuels ou collectifs jalonnent sa carrière, Autoportrait, vers 1705-1706 (Nantes, musée des beaux-arts) ; Autoportrait, 1720 (collection particulière) ; Largillierre dans son atelier, avec Gerard Edelinck et un commanditaire, vers 1686-1688 (Norfolk, The Chrysler museum of Art) ; Portrait de famille, vers 1715-1717 (Paris, musée du Louvre)…. L’Autoportrait en tenue d’atelier de 1707 est certainement, parmi toutes ces œuvres, celle qui offre l’image la plus intime du peintre. L’œuvre est remarquable de réalisme et de franchise, le regard direct confère à ce portrait une captivante présence. Une atmosphère à la fois chaude et douce émane de ce tableau, servi par une savante maîtrise de la couleur, la palette étant réduite à de subtils et harmonieux tons de terre. Si le portrait conservé à Tours est reconnu aujourd’hui pour être une belle réplique d’atelier, on doit en souligner la qualité, la représentation du visage, sur lequel affleure une barbe naissante, à elle seule montre une belle assurance technique. Quelques légers empâtements font vibrer la toile, et soulignent les plis profonds de la veste par petites virgules dorés, le foulard rose, ou encore les poignets de la chemise par quelques accents blancs.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008