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Huile sur toile
148 x 110 cm.
Legs Jean-Nicolas Bouilly, juin 1842
Inv. :1868-3-8
Ce portrait est l’une des très nombreuses répliques d’après le tableau original peint par Hyacinthe Rigaud en 1701 et conservé au musée du Louvre, Louis XIV y est représenté âgé de 62 ans, en habit de sacre. L’inventaire des tableaux commandés pour le roi précise : « Un tableau représentant le portrait du Roy, en pied, vêtu de son manteau royal, doublé d’hermine ; figure comme nature ; ayant de hauteur 8 pieds 6 pouces sur 6 pieds de large ; … ordonnance de paiement… au sieur Rigault… ». L’oeuvre sera exposée au Salon trois ans plus tard et connaîtra un vif succès qui se révèle par le nombre impressionnant de répliques d’atelier ou de copies répertoriées. L’œuvre conservée à Tours est, en comparaison de ces nombreuses versions, de belle qualité avec un travail sur les draperies assez exceptionnel, ce qui permet de supposer qu’elle provient de l’atelier de Rigaud avec, vraisemblablement, l’intervention de Hyacinthe Rigaud lui-même pour le visage et la perruque du roi. La découverte récente d’une lettre de Jean-Nicolas Bouilly à qui appartenait ce portrait, donne des informations précieuses sur l’origine de cette œuvre. Dans cette lettre publiée en 1907 Bouilly écrit : « …Mon ancêtre Pierre de Toullieu, médecin ordinaire de Louis XIV qui l’aimait beaucoup lui fit don de son portrait par Rigaud, principal ornement de mon cabinet… ».
Bouilly décède en 1842, et le portrait entre dans les collections du musée de Tours la même année, par don de son épouse, « Monsieur le maire donne lecture de la lettre par laquelle Madame Bouilly annonce qu’elle fait don à la Ville de Tours, suivant l’intention qu’en avait fait son mari de deux portraits l’un de Louis XIV peint par Rigaud, l’un de René Descartes peint par françois Hals… ». Jean-Nicolas Bouilly, né près de Tours en 1763, fut un avocat brillant et fit également une longue carrière politique en suivant de manière opportuniste les changements de régime successifs. Il fut ainsi tour à tour libéral, puis royaliste, révolutionnaire et enfin royaliste à nouveau. En 1792, il remplit les fonctions d'administrateur du département d'Indre-et-Loire, de juge au tribunal civil et d'accusateur public. Après la chute de Robespierre, Bouilly fut appelé à Paris où il fit partie de la commission de l'Instruction publique. Il contribua, dans ce cadre, à l'organisation des écoles primaires. Il démissionne de l’administration en 1799 et se consacre alors à la littérature dramatique, il écrira une quinzaine de livrets pour des opéras-comiques ou des comédies lyriques…. Son livret le plus célèbre Léonore ou l’Amour conjugal (1799), inspirera Beethoven lorsqu’il composera six ans plus tard Fidelio. Ondoit encore à Jean-Nicolas Bouilly une vingtaine d'œuvres destinées au théâtre.
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008