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Huile sur toile
147 x 114 cm.
Don de la comtesse de Cossé-Brissac, née Charlotte de Biencourt, 1942
Inv. : 1942-4-2
Antoine de Flandre seigneur de Brunville, né à Paris en 1704, fils de Jean Deflandre, officier de la duchesse de Bourgogne, est nommé contrôleur général des fermes en 1750. Il sera remplacé dans cette fonction, avec des lettres d’honneur, le 22 avril 1772 par J.-L. Peron. Deux enfants naîtront de son union avec Jeanne-Marie Dumont, François-Antoine, procureur au Châtelet et Marie-Françoise qui épousera en 1758 François-Pierre du Cluzel (voir notice précédente). Les portraits d’Antoine de Flandre et de son épouse, réalisés en pendant, ont été exécutés par Roslin en 1761, année même où l’artiste présente au Salon Le Roi après sa maladie et son retour de Metz reçu à l’Hôtel de Ville de Paris….(disparu en 1793), destiné à décorer la grande salle de l’hôtel de ville, et le célèbre Portrait du Marquis de Marigny, perdu mais qui nous est connu notamment par la réplique de 1764 conservée à Versailles, qui lui vaudra les critiques acides de Diderot. Mettre en parallèle le portrait de Monsieur de Flandre de Brunville et celui du surintendant Marigny, semble s’imposer comme une évidence, tant les analogies entre les deux œuvres sont importantes. Assis dans un fauteuil à châssis au même dossier chantourné, sculpté de feuilles d’acanthe, les deux hommes adoptent une position assez semblable, le corps tourné de trois quart et le visage face à nous. Roslin a choisi, pour l’un et l’autre portrait, une mise en page et un format identique (le portrait du marquis de Marigny présenté au Salon mesurait 4 pieds 9 pouces sur 3 pieds 6 pouces, soit 153,9 x 113,4 cm). L’on sait grâce à une lettre de Marigny adressée à Soufflot que les séances de pose pour la réalisation de son portrait ont eu lieu dans l’atelier de Roslin. A une date manifestement proche, et sans doute pendant les mois d’hiver si l’on en juge par les vêtements chaudement doublés portés par Monsieur et Madame de Flandre de Brunville, le beau-père de François-Pierre du Cluzel à son tour prendra la pose dans l’atelier du peintre. Les lignes écrites par Diderot à propos du portrait de Marigny semblent résonner, à quelques nuances près, avec le même écho devant celui de Monsieur de Flandre de Brunville : « Je ne sais si M. de Marigni ressemble ; mais on le voit assis dans son portrait, la tête bien droite, la main gauche étendue sur une table, la main droite sur la hanche, et les jambes bien cadencées. Je déteste ces attitudes apprêtées. Est ce qu’on se campe jamais comme cela ? et c’est le directeur de nos académies de peinture, sculpture, architecture qui souffre qu’on le contourne ainsi ? il faut que ni le peintre ni l’homme n’aient vu de leur vie un portrait de Vandick, ou bien c’est qu’il n’en font point de cas ».
L’on doit cependant reconnaître que la position d’Antoine de Flandre de Brunville est moins raide que celle de Marigny. Son portrait se présente comme un instantané de vie volé à un homme occupé à des fonctions officielles. Le contrôleur général des fermes est assis devant son bureau sur lequel sont posés une clochette, un encrier dans lequel repose une plume, un bâton de cire rouge, et un cachet, objets que l’on retrouve, passant ainsi d’une composition à l’autre, sur le Portrait de Georg Asam Starhemberg, peint par Roslin un an plus tard (Stockholm, collection particulière).
Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert
Silvana Editoriale, 2008