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18e siècle

Portrait d’une dame se faisant dire la bonne aventure

TROY, Fraçois de

Toulouse, 1645-Paris, 1730

Portrait d’une dame se faisant dire la bonne aventure

Huile sur toile

138 x 106 cm.

Saisie révolutionnaire, lieu inconnu, 1793

Inv. : 1793-10-1

Notice complète

Boris Lossky, conservateur du musée de Tours, notait en 1962 que ce portrait était de provenance inconnue précisant qu’il était mentionné pour la première fois dans les collections du musée en 1814. Le premier catalogue du musée publié en 1825 indique que ce portrait représente Madame de Lavallière se faisant dire la bonne aventure par une bohémienne ; Il y a tout lieu de penser que ce tableau est en fait celui provenant de l’hospice de Château-la-Vallière qui fut réclamé en 1802 par le préfet d’Indre-et-Loire au maire de cette commune pour le musée de Tours. Un échange important de courriers entre le préfet Pommereul et le maire, découvert et conservé aux archives d’Indre-et-Loire permet de suivre les tractations qui furent nécessaires à l’entrée de ce tableau dans les collections du musée. Le 2 frimaire de l’an XI, « La Commission administrative de l’hospice de Château-lavallière assemblée, le président maire de cette Commune a donné lecture d’une lettre du Général préfet de ce département par laquelle il lui témoigne ainsi qu’il la fait de vive voix, le désir de voir réunir dans la Salle du Musée à Tours le portrait de mademoiselle Delavallière fondatrice de cet hospice…. La Commission a arrêté qu’il en serait fait hommage…pour être déposé en la Salle du musée à Tours, au rang des hommes qui par leur vertu sont dignes de reconnaissance Publique… ».

En 1828, la direction de l’hospice de Château-la-Vallière demande au maire de Tours que lui soit restitué ce portrait. Cette affaire délicate sera soumise à l’avis du ministre de l’Intérieur, qui déclare que le choix de redonner l’œuvre doit être la décision seule du musée de Tours. Le portrait restera dans les collections du musée ; il n’est cependant pas certain que cette œuvre représente Madame de La Vallière, la comparaison offre en effet bien peu de ressemblances avec les différents portraits connus de la favorite de Louis XIV.

Félix Laurent et Anatole de Montaiglon dans le catalogue de 1891 pensaient reconnaître dans ce portrait celui d’Anne Varice de Vallière « dans le goût de Rigaud ». Le nom de Madame de La Vallière a manifestement guidé les auteurs vers cette proposition mais aussi le fait que la composition présente bien des ressemblances avec Le Portrait d’Anne Varice de Vallière, ou Madame de la Ravoye en Pomone et Vertumne peint par Rigaud en 1703 (collection particulière). La confusion restera vivace puisque dans le Livre de raison de Hyacinthe Rigaud publié par Roman en 1919 il est indiqué que l’original de ce portrait se trouve au musée de Tours.

La vieille femme dont n’apparaît que le profil à droite de la composition ressemble certes à une figure de Vertumne mais il s’agit bien d’une bohémienne disant la bonne aventure ; elle semble avoir été surajoutée sur ce tableau, il n’existe en effet pas de lien direct entre les deux personnages. L’œuvre de Tours et le Portrait de Marie-Christine de Noailles et de sa fille Marie-Adélaïde de Gramont, peint vers 1705 par de Troy (Bayonne, musée Basque et de l'histoire de Bayonne) présentent des conceptions identiques et des analogies intéressantes. Adoptant une position frontale identique, le bras droit posé sur l’appui d’un entablement pour le portrait de Tours et sur un coussin pour celui de Bayonne, la figure de ces deux femmes se découpe sur un arrière plan presque semblable.

La somptuosité de la robe de dessus en velours d’un intense vert émeraude broché d’or, donne toute sa qualité à ce tableau. L’éclat de ce costume contraste avec l’accoutrement pauvre et rude de la vieille femme.

Texte extrait du catalogue raisonné Peintures françaises du XVIIIe s. Musée des Beaux-Arts de Tours / Château d'Azay-le-Ferron, par Sophie Join-Lambert

Silvana Editoriale, 2008