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Huile sur bois
H. 46 cm ; L. 33 cm
Legs Mme Victor Laloux, 1948
Inv. 1948-7-15
Très jeune, Maurice Bompard quitte sa ville natale avec sa famille qui s’installe à Marseille. Inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de la ville, il y est l’élève du peintre Dominique-Antoine Magaud (1817-1899), puis celui de Gustave Boulanger (1824 – 1888) et de Jules-Joseph Lefebvre (1834 – 1912) à l’Ecole nationale de Beaux-Arts à Paris, où il est inscrit en août 1877.
Il expose pour la première fois au Salon de 1878 Le Repos du modèle (Rennes, musée des Beaux-Arts qui lui vaut une médaille de troisième classe. Admis neuvième au deuxième essai pour le grand prix de peinture en 1880, c’est à une bourse de voyage, obtenue en 1882, qu’il doit la découverte de l’Allemagne et de l’Italie, où il s’initie à l’art de l’Antiquité et de la Renaissance. Il voyage également en Afrique du Nord, où il peint un boucher tunisien acheté par l’Etat au Salon de 1884 (Musée de Nérac).
Les liens noués avec les artistes Léon Gérôme (1824 – 1904) et Benjamin-Constant (1845 – 1902) lors de l’Exposition universelle de 1889, où il obtient une médaille d’argent, l’encouragent dans la voie de l’orientalisme qui devient son principale mode d’expression. A partir de 1895, il participe aux expositions de la Société des peintres orientalistes français, créée en 1893. S’il puise, à partir de cette période, son inspiration dans les paysages et les scènes de la vie quotidienne observés lors de nombreux séjours en Espagne, en Algérie et en Tunisie, Bompard n’en conserve pas moins une prédilection pour les villes italiennes, plus particulièrement pour Venise. Les œuvres qu’il en tire, vues urbaines (Vue de la Salute, Dijon, musée des Beaux-Arts) ou scènes de genre (Trippier de la Calle de la Madone, Venise, 1891, Le Puy, musée Crozatier), sont à plusieurs reprises retenues par les autorités pour les musées de province. Marquées de sa familiarité avec le monde méditerranéen, ses œuvres vigoureuses, à la facture libre sont traitées dans une coloration chaude et franche.
La fontaine du Pincio à Rome
Probablement exécutée lors du premier voyage de Bompard en Italie, cette toile, traitée à la manière d’une esquisse, représente la célèbre vasque de la villa Médicis à Rome. De Jean-Baptiste Corot à Maurice Denis, le thème est abordé par un grand nombre de pensionnaires de l’Académie de France, passage obligé des lauréats du prix de Rome, par de jeunes artistes ayant reçu une bourse de voyage et par plusieurs artistes étrangers. A l’instar de ses illustres prédécesseurs (Corot, Ingres…) Bompard adopte l’angle le plus favorable à la représentation de la fontaine dans son cadre de verdure. Il accentue l’effet de voûte produit par les chênes verts qui bordent l’esplanade du Pincio, attenante à la villa ; leurs frondaisons se rejoignent au-dessus de la vasque, créant un vide dans lequel il loge, en les décalant vers la gauche, le dôme de Saint-Pierre et le château Saint-Ange. Suivant le prototype de Corot, il reproduit cette inexactitude topographique, plus flatteuse pour la composition, et conserve à la masse des branches sa silhouette naturelle. Celle-ci sera modifié plus tard, des photographies de Maurice Denis prises en 1904 en témoignent. Les arbres font alors l’objet d’une taille ornementale qui détermine un effet de fenêtre, ménageant au-delà du bassin une vue sur les lointains de la ville.
Dédicacée à Victor Laloux, prix de Rome en architecture en 1878, l’œuvre peut être datée de la période où Bompard voyage en Italie. Laloux, pensionnaire de la villa Médicis, demeure à Rome jusqu’en 1882, et il est très vraisemblable que les deux jeunes hommes s’y soient rencontrés. La facture picturale, qui manifeste une certaine liberté d’exécution, n’accuse pas cependant l’écriture vigoureuse caractérisant la production de maturité.