UA-10909707-12
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Huile sur toile
50,5 x 73 cm
Acquisition hôtel Drouot, 12 février 1973, dispersion de l'atelier
973-6-1
Né dans une famille aisée de la bourgeoisie, Belly n’a pas connu son père, officier d’artillerie, mort un an après sa naissance. Sa mère est une femme fortunée, intelligente et cultivée, qui exerce, tout au long de sa vie, un important ascendant sur son fils, comme en témoigne l’abondante correspondance que lui adresse Belly au cours de ses voyages, partageant avec elle ses émotions artistiques. Elle-même pratique la miniature et tient, en 1855 à Paris, un salon fréquenté par quelques-unes des personnalités éclairées de son temps : des hommes politiques, le musicien Boëly, le peintre Puvis de Chavannes.
Dès son enfance, Léon Belly montre un intérêt très vif pour la peinture et révèle des dons précoces, développés par ses professeurs de collège de Metz, où la famille s’installe à la mort de son père.
Son éveil au paysage et à l’exotisme date de cette période. S’il est redevable de la découverte du sentiment de la nature à ses maîtres messins, sa curiosité envers l’Orient se manifeste au contact d’un certain Hubault, proche de sa famille. Les récits de voyages de ce dernier en Égypte, ainsi que le contexte politique de la conquête de l’Algérie, ajoutés à l’apparition sur la scène artistique des premières œuvres orientalistes, stimule l’imagination du jeune homme.
Ayant passé son baccalauréat à Paris, il prépare le concours d’entrée à l’École polytechnique, sacrifiant aux exigences de sa mère qui pose comme préalable à sa carrière artistique l’acquisition d’une solide formation intellectuelle.
Le choix de Belly en faveur de la peinture de paysage s’opère dans le climat de liberté intellectuelle qui s’instaure à la suite de la révolution de 1848. Il se rend à Barbizon à plusieurs reprises en devient l’élève de Troyon. L’artiste entame à partir de 1850 une série de voyages qui le mènent en Italie, en Grèce, en Palestine, en Syrie, au Liban et en basse Égypte. En 1855, il réside au Caire, se rend au Sinaï en avril-mai 1856 et remonte le Nil jusqu’à Assouan de juillet à octobre de la même année. Son dernier séjour au Caire se situe en 1857-58.
C’est en raison de sa production de scène de la vie orientale, dont la célèbre Caravane de pèlerins allant à La Mecque du Salon de 1861 (Paris, musée d’Orsay), que Belly est avant tout considéré aujourd’hui comme un peintre orientaliste. Son œuvre pourtant ne saurait être réduit à ce seul genre, et les nombreux paysages qu’il a peint en Sologne, où il fait l’acquisition de la propriété de Montboulan en 1867, n’en forment pas la partie la moins abondante ni la moins personnelle.
L'Oasis, 1855-1856
Loin de l'exotisme conventionnel recréé par nombre d'orientalistes de cette époque, L'Oasis constitue un excellent exemple des recherches menées par l'artiste, dans sa vision juste des sites, tantôt désertiques et écrasés de soleil, tantôt plus nuancés.
En compagnie de plusieurs artistes (Imer, Berchère, Bartholdi et Gérôme), Belly effectue en 1855-1856 un voyage en Égypte, qui succède à celui entrepris en 1850 avec la mission scientifique dirigé par Caignart de Saulcy, chargé d’étudier la géographie historique du bassin de la mer Morte. Initié au naturalisme par ses séjours autour de Fontainebleau, l’artiste est désormais un voyageur attentif qui observe scrupuleusement l’univers qu’il découvre avec enthousiasme. Il est animé de « l’unique préoccupation de faire bien pour le plaisir d’être vrai », écrit-il à sa mère en janvier 1856, et apprend la langue locale pour converser avec les autochtones. Il se consacre à des recherches destinées à ses futurs tableaux et à de nombreuses études sur le motif, qui révèlent son désir de fixer les variations de la lumière sur le paysage, sa volonté d’intégrer les figures à leur environnement coloré et son souci d’approcher au mieux la réalité.
C’est à cette série d’essais que se rattache L’Oasis, qui représente une vue du village de Gizeh, quartier général du peintre, un de ses motifs de prédilection à cette période. Un parti pris de sincérité et d'humilité s'y manifeste, rompant avec l'expression virtuose que le peintre a souvent employé dans ses toiles de Barbizon. La sobriété de la palette utilisée, réduite à une gamme de verts et de bruns se détachant sur un bleu intense, reflète son refus d'une conception spectaculaire et héroïque du paysage. « Tout son charme doit lui venir de l’air et de la lumière, et il n’y a pas à se rattraper sur des détails agréable », dit-il dans une lettre adressée à sa mère le 1er avril 1856 à propos d’une autre vue de Gizeh à laquelle il travaille. Fidèle à son propos, évitant les effets lyriques, le peintre utilise une matière fluide, posée d'un pinceau souple et nerveux, et trace, à l'aide de touches juxtaposées, la silhouette suggestive des arbres et des remparts du village.
© MBA Tours, cliché Gérard Dufresne