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19e siècle

Paysage

BERCHERE Narcisse

Etampes, 1819 – Asnières, 1891

Paysage

Huile sur bois

H. 45,8 cm. L. 37,4 cm.

Legs Merville, 1913

Inv. 1913-1-6

Notice complète

Elève de Renoux, puis de Rémon à l’École des Beaux-Arts de Paris, Berchère quitte l’école après son échec au Grand prix de paysage historique de 1841, où il est présenté comme élève de Paul Delaroche. Se consacrant désormais au paysage, il expose au Salon des vues de sites français (Auvergne, Fontainebleau, Provence…) de 1843 à 1846. Il voyage en Espagne en 1847, puis au Proche-Orient en 1849-1850, puisant son inspiration dans l’observation des paysages. Si ses premières œuvres accusent, par la sobriété de leur coloris, l’influence de l’école de Barbizon, sa palette s’éclaircit après la découverte de lumières plus franches. En avril-mai 1856, accompagné de Belly, il séjourne dans le Sinaï, puis visite la basse Égypte avec Gérôme et Bartholdi.

En 1860, il est chargé par Ferdinand de Lesseps de relevé la progression du canal de Suez dont les travaux viennent de commencer. Ses souvenirs, adressés sous formes de lettres à son ami le peintre Fromentin, sont consignés dans le Désert de Suez, cinq mois dans l’isthme, qui constitue une précieuse source de renseignements sur l’histoire de l’entreprise, sur l’art de Berchère et sa conception du paysage.

Il exprime avec sensibilité le plaisir retrouvé des grands espaces, la qualité particulière de la lumière, le pittoresque des habitations et des animaux domestiques, la beauté des types physiques enfin, si variés sur ce vaste chantier, en raison des différentes ethnies qui s’y côtoient. « Ce que je puis dire, c’est que drapés, nus ou couverts, ils sont intéressants, qu’ils ont cette franchise d’allure, cette souplesse du mouvement que donne seule la libre habitude des corps. »

De cette période, le musée des Beaux-Arts de Tours conserve une série de quatre dessins, acquise en vente publique en 1973. Exécutés à la mine de plomb, ils figurent des sites (Timsah, El Guisr, Siout) où la Compagnie du canal de Suez installe ses campements au gré de la marche des travaux.

En 1862, Une excursion au canal de Suez, ouvrage publié par Paul Merruau, est illustré de gravures de dom Grenet d’après un album inédit de Berchère. L’artiste effectue en 1869 un nouveau voyage en Egypte, au cours duquel ses compagnons orientaliste – Gérôme, Fromentin, Tournemine -, des délégués officiels – Chennevières, Charles Blanc – et lui-même assistent à l’inauguration du canal de Suez.

Ces différents séjours lui permettent d’accumuler une documentation écrite et dessinée dans laquelle il puise tout au long de sa carrière, donnant naissance à des compositions où le paysage tient la première place.

Entre 1874 et 1891, il participe activement à la vie du musée municipal d’Étampes, récemment créé. Sa qualité d’artiste et de notable lui fait intégrer le collège de conservateurs bénévoles qui gère alors l’établissement, auquel il donne un album d’une centaine de dessins figurant Étampes et ses environs.

Paysage

Entrée dans les collections du musée avec l’important legs de Mme Merville, cette œuvre présente, par le choix de son sujet, une vision originale du paysage oriental, proche de certaines compositions de son ami Fromentin. Dans une conception totalement opposée à Sakieh au bord du Nil, Berchère y traite la végétation dans une gamme nuancée de verts, évoquant les premiers sites français observés par l’artiste dans sa jeunesse. Nul naturalisme cependant dans cette scène qui illustre probablement celles dont l’artiste est le témoin en Egypte, aux abords du chantier du canal de Suez. Des hommes, occupés à l’approvisionnement en eau, penchés sur la surface du lac, remplissent des outres dont ils chargent les dromadaires. Plus que par la description anecdotique des figures et des animaux rendus flous par la liberté de la touche, c’est par le jeu des couleurs et des oppositions de lumière que l’artiste suggère la poésie de l’atmosphère.